Elle (2016) : le test complet du Blu-ray

Michèle fait partie de ces femmes que rien ne semble atteindre. À la tête d’une grande entreprise de jeux vidéo, elle gère ses affaires comme sa vie sentimentale : d’une main de fer. Sa vie bascule lorsqu’elle est agressée chez elle par un mystérieux inconnu. Inébranlable, Michèle se met à le traquer en retour. Un jeu étrange s’installe alors entre eux. Un jeu qui, à tout instant, peut dégénérer.

Syndrome de Stockholm contagieux

Si l’on excepte le projet participatif Tricked dont Paul Verhoeven garde un souvenir très mitigé et le considère comme un « demi-film », il aura fallu 10 ans après le très européen Black Book pour revoir le « Hollandais violent » derrière la caméra.

Pour la matière scénaristique, on retrouve Philippe Djian (37°2’ le matin) et son roman « Oh… » (prix Interallié 2012) dont le contenu largement politiquement incorrect et sa galerie de personnages tortueux sont du véritable petit lait pour Verhoeven.

Mensonges, manipulations, méchanceté assumée, esprit de vengeance et même une dose de sado-masochisme où l’on ne sait d’ailleurs même plus qui, de la victime ou du bourreau, prend le plus de plaisir… on reconnaît effectivement le fond de commerce du réalisateur hollandais.

Mais, même si l’on aura droit à quelques traces de sang et à quelques scènes très physiques, Verhoeven fait surtout tourner la tempête dans l’esprit de ses personnages et le nôtre par la même occasion. La viscéralité de son cinéma est toujours aussi vive mais prend ici une forme presque plus sournoise. De même que sa caméra ne rate pas une miette du spectacle grotesque de ces âmes qui se percutent violemment, ses personnages ne font preuve d’aucune retenue et assument quasiment complètement leur folie, leur violence, voire leur extrême bêtise. Il faut d’ailleurs saluer une brochette d’acteurs (impériale Isabelle Huppert en tête) fabuleux, visiblement dévoués corps et âmes au propos du film et à son réalisateur.

Le résultat est une fois de plus proprement déroutant dans son mélange de vérité et d’absurdité, comme une radiographie des travers humains avec un brin d’amplification jubilatoire. Un moment intense de cinéma et un plaisir coupable à ajouter au palmarès déjà hautement jouissif de Paul Verhoeven.

Boîtier classique, copie digitale offerte, menus simples, le film de Verhoeven n’a pas déchaîné la créativité chez TF1.

Pour les bonus, c’est encore pire, même pas la bande-annonce du film. Certaines enseignes proposent un DVD avec la masterclass de Paul Verhoeven donnée lors du festival « Toute la mémoire du monde » à la Cinémathèque Française début 2016. Mais toute aussi passionnante soit-elle, cette masterclass n’aborde pas Elle. Pour les curieux, elle est de toute façon disponible sur le site d’ARTE en HD et VOST.

Heureusement, la partie technique de ce Blu-ray est à la hauteur du film et notamment de sa photographie signée Stéphane Fontaine (Un prophète, De rouille et d’os et Jackie le biopic sur Jacqueline Kennedy avec Natalie Portman - début 2017 en France). Clairs-obscurs, ambiances nuageuses, caves… les environnements sont aussi sombres et tortueux que l’esprit des personnages. Le Blu-ray et son encodage AVC délivrent le tout avec une définition tout en douceur.

Une seule piste DTS-HD Master Audio 5.1 qui mettra tout le monde d’accord avec une précision redoutable dans les dialogues, une discretion toute relative dans les ambiances et une puissance surprenante et glaciale dans les moments de tension physique. Le film est également équipé d’une piste en audiodescription DTS-HD MA 2.0 pour les aveugles et malvoyants.

Crédits images : © SBS Productions