The Neon Demon (2016) : le test complet du Blu-ray

Une jeune fille débarque à Los Angeles. Son rêve est de devenir mannequin. Son ascension fulgurante et sa pureté suscitent jalousies et convoitises. Certaines filles s’inclinent devant elle, d’autres sont prêtes à tout pour lui voler sa beauté…

The Narcissus Demon

Nicolas Winding Refn (ou NWR comme il aime qu’on le désigne, à la manière d’un Prince qui se faisait appeler Love Symbol) vient manifestement de se cogner contre son égo et de perdre (momentanément on l’espère) son inspiration. Autant on a pu s’extasier sur Valhalla Rising, le guerrier des ténèbres, Drive ou Only God Forgives, autant on ressort de The Neon Demon avec la sensation de s’être fait avoir.

Refn annonce à tour de bras qu’il nous livre son interprétation du film d’horreur et accouche d’un long clip maniéré dont les quelques touches d’horreur gore ostentatoires n’occupent que le dernier quart du film.

Le réalisateur danois a visiblement bien révisé ses classiques pour ce mythe de Narcisse revisité à la sauce d’un bon vieux Giallo nettoyé de sa crasse, d’un Lynch vidé de sa poésie branque, d’un angoissant Cronenberg passé à la javel, ou encore d’un Jodorowsky qui aurait pris une drogue de supermarché, le tout cadré à la manière d’un Kubrick très scolaire…

La mise en place est pourtant passionnante voire hypnotisante et on pourrait lui excuser les empreints sus-nommés. Son choix de l’actrice Elle Fanning (Somewhere, Maléfique) est tout à fait judicieux. Mais Refn jette le tout aux orties à quelques minutes de la fin, se rappelant sans doute sa promesse d’horreur et nous balance quelques litres de sang à la figure, saupoudrés d’un cannibalisme de cour de récré.

À l’arrivée, The Neon Demon est un objet prétentieux qui sait pertinemment d’où il vient mais qui ne sait pas où aller, à part aux oubliettes.

Testé sur check-disc, l’édition finale du Blu-ray de The Neon Demon est assurée par Wild Side et profite donc d’un soin éditorial toujours évident avec un habillage externe et interne (menus) tout dédié au look du film.

Une grosse demi-heure de bonus vidéo est proposée par cette édition.

The World of The Neon Demon ouvre le bal avec une interview absolument soporifique de Nicolas Winding Refn qui s’écoute parler. Ajoutez à cela une captation sonore digne d’une boîte de conserve et vous obtenez 22 minutes de vide.

Sur le tournage est à peine plus intéressant, puisque ce pseudo making of (en réalité une featurette d’à peine 4 minutes) ne montre pas grand chose et n’est qu’une nouvelle occasion pour NWR d’accaparer la caméra.

Pareil avec La musique du film où l’on aurait pu espérer que Cliff Martinez prenne la parole. Mais c’est sans compter NWR qui s’auto-congratule des choix et de la direction qu’il a donné au compositeur dont l’intervention réelle se résume à quelques secondes sur une featurette de 5 minutes.

Les essais d’affiches nous présente, sous la forme d’un diaporama, plusieurs projets non retenus, dont certains rappellent vivement Orange mécanique.

Et après la bande-annonce, il reste heureusement le commentaire audio de NWR et Elle Fanning dans lequel cette dernière apporte une touche de fraîcheur et d’anecdotes plus légères dans un nouveau moment d’auto-satisfaction du réalisateur qui est ici tout de même plus technique.

Toutes numériques (captation 3.4K et master 4K), les images de The Neon Demon flattent la rétine dans leur précision chirurgicale et dans leur capacité à retranscrire des palettes de couleurs très vives ou très sombres sans se prendre les pieds dans l’encodage AVC. Les contrastes qui tombent parfois dans des noirs abyssaux ou qui passent par des blancs éclatants sont parfaitement retranscrits.

Que l’on donne une médaille au mixeur de cette version française ! Non seulement Wild Side a fait le choix (comme toujours) de proposer une piste DTS-HD Master Audio 5.1 comme en VOST, mais pour une fois, le mixage français réussit le double exploit de conserver la dynamique et la spatialisation de la VO tout en plaçant les dialogues à leur juste place. La VOST sera tout de même forcément plus naturelle. Méfiez-vous des basses, elles sont profondes et risquent de réveiller tout le quartier.

Crédits images : © Space Rocket Nation, Vendian Entertainment, Bold Films