Réalisé par Antoine Fuqua
Avec
Denzel Washington, Chris Pratt et Ethan Hawke
Édité par Sony Pictures
Le village de Rose Creek, en 1879, est régulièrement mis à sac et rançonné par les hommes de main de Bartholomew Bogue, un homme d’affaires sans scrupules. Lors de sa dernière visite, ses sbires ont tué sans sommation tous ceux qui osaient protester. Emma Cullen, la femme d’une des victimes, embauche Chilsom, un chasseur de primes à la gâchette facile, pour aider le village à résister à Bogue. Chilsom recrute cinq hors-la-loi de tout poil et un Comanche solitaire. Il reste peu de temps aux sept mercenaires pour organiser la défense de Rose Creek.
Les Sept mercenaires (The Magnificent Seven), est le remake d’un remake. En remontant à la source, on trouve Les 7 samouraïs (Shichinin no samurai) réalisé en 1954 par Akira Kurosawa sur un scénario qu’il a coécrit avec ses fidèles coscénaristes Shinobu Hashimoto et Hideo Oguni.
Refaire un chef-d’oeuvre du cinéma, Lion d’argent à Venise, c’est avoir beaucoup l’ambition… ou peu d’imagination. Le premier à s’y risquer fut John Sturges, en 1960, avec Les Sept mercenaires, dont le succès doit beaucoup à sa distribution : Yul Brynner, Steve McQueen, Horst Buchholz, Charles Bronson, Robert Vaughn, Brad Dexter et James Coburn pour les défenseurs des paysans mexicains et Eli Wallach dans le rôle du chef des quarante bandits. John Sturges connaissait aussi son affaire : il venait de réaliser Règlements de comptes à O.K. Corral (Gunfight at the O.K. Corral, 1957) et Le Dernier train de Gun Hill (1959) et allait, trois ans plus tard, sortir La Grande évasion.
Les Sept mercenaires revisité par Antoine Fuqua supporte mal la comparaison avec le remake de John Sturges. Pas par manque de moyens : le budget du film de 2016, en dollars constants huit fois plus élevé que celui de 1960, aura servi à la construction du décor, celui de Rose Creek, fait de plusieurs dizaines de maisons et d’une église et à l’embauche d’une légion de cascadeurs et cavaliers, à la contribution d’artificiers…
L’adage » abondance de biens ne nuit pas » (ou plenty is no plague) est souvent battu en brèche dans l’univers du cinéma. L’ampleur des moyens doit irrésistiblement pousser réalisateurs et producteurs à vouloir, avant tout, en mettre plein la vue du spectateur. Sur ce plan-là, pas à se plaindre : les décors sont réalistes, les bagarres ne manquent pas, ni la variété des armes, des plus sophistiquées, le Gatlin Gun, une mitrailleuse à dix canons inventée pour la guerre de Sécession, le fameux Colt .45 » peacemaker « , aux plus rudimentaires, les flèches comanches, les couteaux lancés par le mercenaire chinois et la hache brandie par une sorte d’homme des bois interprété par Vincent D’Onofrio. D’après ce qu’on nous dit dans les suppléments, le film détiendrait le record des chutes de cheval et il suffit d’avoir des yeux et des oreilles pour s’assurer qu’on n’a pas, non plus, lésiné sur la pyrotechnie !
Pourtant, cette version des Sept mercenaires ne restera pas longtemps dans la mémoire du cinéphile. Difficile, en effet, d’être captivé par le film. La faute à des baisses de tension, en partie imputables à un montage manquant de nerf dans des combats tendant à s’éterniser, à un scénario accumulant les clichés, ne favorisant guère l’empathie avec les personnages et à des dialogues artificiels.
Cela n’empêche pas les acteurs de se dépenser sans ménagement au long des nombreuses scènes de bagarres dans la moiteur de la Louisiane (les décors de Rose Creek ont été construits près de Bâton Rouge) avec des pointes à 109° fahrenheit (seulement 43° chez nous) !
Les Sept mercenaires a toutefois reçu un prix, le contrepied des » Goyas « , le Yoga Award du pire remake, qu’il partage avec le Ben-Hur de Timur Bekmambetov et le Tarzan de David Yates. Ce jugement un peu lapidaire rend peu grâce à la photographie, belle et fluide, ni à la distribution, en particulier à la prestation de Peter Sarsgaard qui incarne Bartholomew Bogue avec une efficacité telle qu’on a envie de le tuer, à petit feu, et en le faisant terriblement souffrir.
Les Sept mercenaires (133 minutes) et ses suppléments (85 minutes) tiennent sur un Blu-ray double couche logé dans le traditionnel boîtier bleu, glissé dans un fourreau avec, en couverture, un montage photo des sept héros et, sur le disque, un barillet chargé.
Le menu fixe et musical (avec l’iconique thème principal composé par Elmer Bernstein pour la version de 1960) propose le film en version originale au format DTS-HD Master Audio 7.1 et trois doublages, dont un en français, au format Dolby Digital 5.1, ainsi qu’une piste d’audiodescription en anglais. Sous-titres dans 14 langues, dont le français (et l’anglais pour malentendants). Copie digitale UltraViolet offerte.
Une originalité : la possibilité de visionner le film en » mode vengeance « . À environ une quinzaine de reprises, la pellicule brûle (comme cela arrivait accidentellement dans le passé), un signal annonçant l’arrivée sur l’écran d’Antoine Fuqua et des sept mercenaires (pas un ne manque à l’appel) sagement assis sur des tabourets de bar pour citer des anecdotes, commenter quelques scènes de tournage et, hélas, s’autocongratuler ad nauseam, la médaille du cireur de pompes revenant sans contestation à Ethan Hawke, dégoulinant de compliments, et devançant d’une longueur Denzel Washington. On peut toutefois dans ce bonus assister à plusieurs séances de tournage, un maigre tribut pour les 40 minutes qui s’ajoutent à un film déjà bien long.
La suite est plus conventionnelle. Des scènes coupées (7’), Les Sept (9’) avec des commentaires sur les personnages qui n’ajoutent rien au visionnage du film, Réaliser les Sept (5’) où Antoine Fuqua nous dit que le film de 1960 l’a déterminé à devenir réalisateur, puis La prise de Rose Creek (5’), plus intéressant, nous permet de voir et revoir l’exécution d’une cascade spectaculaire, la chute d’un toit d’un méchant. Dans Rogue Bogue (9’), Peter Sarsgaard répète sa dernière scène, douloureuse. Dans Bandits armés (5’), le conseiller en armes nous montre une collection de revolvers que les acteurs s’entraînent à faire virevolter autour d’un doigt avant de les laisser retomber dans leur holster. Enfin Magnificent Music (4’) souligne la réelle qualité de l’accompagnement musical composé par James Horner (Apollo 13, Titanic, Apocalypto, Avatar… plus de 150 compositions pour le cinéma ou la télévision !). Il s’est tué avant la fin du tournage dans le crash accidentel d’un petit avion.
L’excès de flagornerie alourdit ces 85 minutes de bonus et génère un irrésistible agacement qui découragera les meilleures volontés. Toutes les informations utiles, il y en a, auraient pu tenir dans un supplément d’une quinzaine de minutes.
L’image (2.39:1, 1080p, AVC) est nickel, précise, avec une texture et des couleurs délicates. Les plans larges, pris au Nouveau Mexique, révèlent les détails des paysages sur toute la profondeur de champ. Des contrastes fermes avec des noirs denses… le nec plus ultra de la haute définition !
Le son de la version originale (DTS-HD Master Audio 7.1) est à l’aulne de l’image. Une excellente dynamique, une large ouverture du spectre, une puissance alliée à de la finesse et une utilisation optimale des sept voies procurent une convaincante sensation d’immersion dans l’action. Rien n’échappe au spectateur, ni le vacarme des fusillades ou des explosions, ni les plus petits bruits, par exemple le vol d’une mouche. Et les dialogues sont clairement restitués. Difficile de faire mieux !
Le doublage en français (Dolby Digital 5.1) manque de souffle en comparaison. Si elle pourrait faire l’affaire pour celles et ceux qui seraient encore allergiques à la version originale, elle démontre encore une fois le mépris d’une partie de Hollywood pour le marché français.
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