Réalisé par David Mackenzie
Avec
Jeff Bridges, Chris Pine et Ben Foster
Édité par Wild Side Video
Deux frères, Tanner et Toby, viennent d’hériter de leur mère un petit ranch au Texas valant plus qu’il n’y paraît : le sous-sol cache des réserves de pétrole. Si le prêt consenti pour son acquisition n’est pas intégralement remboursé dans les jours qui viennent, la Texas Midlands Bank saisira le ranch. Une solution s’impose : trouver l’argent dans cette même banque en braquant ses petites agences, moins bien protégées.
Comancheria (rien à voir avec le titre original, Hell or High Water qui aurait pu être traduit par « quoi qu’il arrive » ou « advienne que pourra ») est le dixième long métrage de l’Écossais David Mackenzie qui nous avait déjà séduits avec My Name Is Hallam Foe, l’histoire d’un adolescent à la recherche de l’amour sur les toits d’Edinburgh, avec Perfect Sense (2011), une autre histoire d’amour entre Eva Green et Ewan McGregor, au bord de la science-fiction, dans un monde frappé par une étrange épidémie entraînant la perte des facultés sensorielles, et avec Les Poings contre les murs (Starred Up, 2013) sur la rude expérience par un jeune délinquant de l’univers de la prison.
Avec deux rangers à leurs trousses, l’équipée des deux frères a les allures d’un road movie matinées de western, dans le cadre de plaines s’étendant à perte de vue, hérissées çà et là des traditionnelles pompes puisant inlassablement l’or noir.
Mais, en toile de fond, Comancheria révèle la crise économique qui a secoué l’Amérique à partir de 2008 avec son lot d’expulsions dont témoignent d’autres films comme 99 Homes de Ramin Bahrani (2014). Comancheria choisit de ne pas donner aux deux frères le visage de criminels (encore que l’aîné ait passé 10 ans en prison, un quart de sa vie) en insistant sur le besoin qui les pousse, dans un contexte où le rêve américain peut tourner au cauchemar, à sauver à tout prix le ranch que Toby, récemment divorcé, veut léguer à ses enfants pour les mettre définitivement à l’abri de la misère.
L’inclination du scénario à attirer la sympathie du spectateur sur les deux frères est toutefois contrebalancée par la proximité qu’il installe avec les deux rangers, Alberto, d’origine comanche, interprété par Gil Birmingham, et Marcus, un Texan à la veille de son départ en retraite, auquel Jeff Bridges donne une épaisseur rocailleuse. Face à eux, un duo crédible : Ben Foster dans le rôle de Tanner et Chris Pine dans celui de Toby.
Comancheria, au-delà de la qualité de sa distribution et de son scénario, écrit par Taylor Sheridan (Sicario), vaut aussi par la photographie de Giles Nuttgens, le chef opérateur quasi-attitré de David Mackenzie, notamment derrière la caméra pour My Name Is Hallam Foe et Perfect Sense. La photo, réaliste, fait alterner de beaux paysages avec la désolante banalité de petits villages au bord de la route.
Retenu dans la sélection Un Certain regard à Cannes, puis nommé aux Oscars et aux Golden Globes, Comancheria a glané plusieurs prix, suffisamment pour asseoir sa réputation et attiser l’envie de découvrir sa prochaine réalisation, Gemstone, une série policière encore en pré-production.
Comancheria (102 minutes) et son bonus vidéo tiennent sur un Blu-ray double couche (BD-50) logé dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur un check disc. Le menu animé et musical propose le choix entre version originale ou doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 5.1. Le changement de version oblige à un retour au menu. Les sous-titres, imposés sur la version originale, sont correctement placés sous l’image, à cheval sur la bande noire.
En supplément, un menu beaucoup plus léger que celui à la carte des éditions des USA ou du Royaume Uni. Un seul plat, un entretien avec l’équipe du film (21 minutes) : réalisateur, scénariste (Taylor Sheridan, un Texan), productrices, chef opérateur et acteurs se succèdent pour parler des personnages et s’échanger des compliments. Rien qui ajoute vraiment à la découverte du film, si ce n’est de nous apprendre que le tournage ne s’est pas fait en studio, mais dans des décors réels. En pousse-café, une bande-annonce.
L’image (2.35 1, 1080p, AVC), bien définie, stable, propose des couleurs chaudes avec une dominante ambrée, certainement voulue, dans la plupart des scènes en extérieur. Des contrastes bien établis en assurent la parfaite lisibilité dans toutes les conditions d’éclairage, sauf dans de rares séquences d’intérieur en lumière faible.
Le son (DTS-HD Master Audio 5.1 pour version originale et doublage) combine finesse et muscle dans les scènes mouvementées de poursuites en voiture et procure une sensation d’immersion convaincante. Les deux versions rivalisent techniquement, mais le doublage en français manque sérieusement de naturel.
Crédits images : © 2016 Wild Bunch