Rester vertical (2016) : le test complet du Blu-ray

Blu-ray + Copie digitale

Réalisé par Alain Guiraudie
Avec Damien Bonnard, India Hair et Christian Bouillette

Édité par TF1 Studio

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Le 24/01/2017
Critique

Rester vertical

Léo est à la recherche du loup sur un grand causse de Lozère lorsqu’il rencontre une bergère, Marie. Quelques mois plus tard, ils ont un enfant. En proie au baby blues, et sans aucune confiance en Léo qui s’en va et puis revient sans prévenir, elle les abandonne tous les deux. Léo se retrouve alors avec un bébé sur les bras. C’est compliqué mais au fond, il aime bien ça. Et pendant ce temps, il ne travaille pas beaucoup, il sombre peu à peu dans la misère. C’est la déchéance sociale qui le ramène vers les causses de Lozère et vers le loup.

Homo homini lupus est - L’homme est un loup pour l’homme

Suite au succès critique et public de L’Inconnu du lac, Prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 2013 et César du meilleur espoir masculin en 2014 pour Pierre Deladonchamps, le réalisateur Alain Guiraudie était attendu au tournant. Il revient avec Rester vertical, son cinquième long métrage et le moins que l’on puisse dire c’est que le cinéaste ne se repose pas sur ses lauriers. Rester vertical apparaît comme un film-somme, qui parle du sexe et de la mort, de l’errance, dans une atmosphère éthérée entre rêve et réalité, avec une envie de filmer des territoires. Alain Guiraudie cultive sa singularité au sein du cinéma français. Si les motifs sont récurrents, le cinéaste ne cesse d’explorer de nouvelles formes en se focalisant sur un personnage, véritable alter ego puisque Léo (Damien Bonnard) est un scénariste à la dérive et en manque d’inspiration, qui se cherche, qui n’avance pas dans son travail et qui semble tailler la route sans autre but que de continuer en avant, au hasard des rencontres, en essayant de garder la tête haute. En restant vertical.

Rester vertical

Le titre provient d’une étude scientifique qui stipule que pour le loup, l’homme est un animal vertical, position qui lui inspire le respect, la crainte et la prudence.  Si cette définition se vérifie dans la magnifique et ultime séquence du film, c’est aussi pour Alain Guiraudie un moyen d’évoquer une dimension politique et selon ses termes « programmatique », ainsi que de donner une image évidemment à connotation sexuelle, puisque la question de l’identité sexuelle est également présente dans Rester vertical. Le sexe pour le plaisir et finalement se reproduire, avec Marie, la bergère incarnée par la formidable India Hair, celui pour mourir, avec Marcel, le personnage du vieil homme irascible en train d’agoniser. A travers ce conte, entre rêve (et/ou cauchemar) et réalité, le cinéaste rend le quotidien inquiétant, voire presque fantastique, et instaure un malaise palpable. Impression également rendue par le jeu, le regard et la voix du comédien Damien Bonnard, vu dernièrement dans Voir du pays de Delphine et Muriel Coulin. Le comédien traverse le film comme en état de transe, dans des paysages grandioses en voiture ou à pied, fuyant un avenir incertain, en ayant peur de finir à la rue comme lorsque Léo (son personnage) interpelle un SDF en lui demandant comment il va. Sans doute pour prendre contact avec une réalité qui s’annonce à lui s’il ne se sort pas de ses déboires professionnels et financiers.

Au-delà du parcours initiatique du personnage principal, caractérisé par un chemin sinueux qui quoiqu’il arrive mène toujours au même endroit, ou nulle part, Alain Guiraudie évoque également les sujets actuels de l’euthanasie, de la vieillesse, de la solitude, de la procréation et de la monoparentalité, du genre, des questions qui taraudent le cinéaste, qui toutefois ne s’enferme pas dans une pensée unique ou trop intellectuelle, mais qui donne des pistes pour engendrer le débat. Tout y est abordé avec délicatesse et une grande sensibilité qui imprègne chaque séquence, avec retenue même dans ses séquences les plus frontales.

Rester vertical est une oeuvre bien ancrée dans son époque, qui a des choses à dire, sans pour autant avoir « un message » à faire passer, mais qui à travers sa forme aussi singulière que magnifique (superbe photo de Claire Mathon) ne peut laisser indifférent le spectateur qui voudra bien se laisser porter par cette odyssée humaniste, radicale, onirique et surtout inclassable.

Rester vertical

Présentation - 3,5 / 5

Le test du Blu-ray de Rester vertical, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Bonus - 2,5 / 5

Seul supplément de cette édition, une interview d’Alain Guiraudie par Xavier Leherpeur (32’). Il faut s’armer de patience devant la réalisation de ce module qui n’arrête pas se montrer les plans du journaliste-critique comme ébahi devant les réponses du cinéaste. Oublions ces plans aussi risibles qu’agaçants pour se focaliser sur ce que Guiraudie a à dire sur Rester vertical. Le réalisateur évoque les thèmes récurrents de ses films, ses recherches sur la forme, l’écriture du scénario, sa passion pour le documentaire, les points communs avec le personnage principal et le travail avec les comédiens. Heureusement, tout cela est passionnant, même si la caméra aurait dû rester focalisée sur Guiraudie.

Rester vertical

Image - 4,5 / 5

TF1 Vidéo livre un superbe master HD de Rester vertical qui restitue les magnifiques volontés artistiques de l’excellente chef opératrice Claire Mathon (Comme un avion, Les Deux amis, Mon roi, L’Inconnu du lac). L’apport Haute Définition est loin d’être négligeable pour les incroyables paysages, les éclairages sont très élégants, la colorimétrie riche et chaude avec une part belle faite aux crépuscules et à la végétation environnante. La définition est solide comme un roc, même sur les séquences nocturnes, le cadre large n’est pas avare en détails, les noirs sont denses et le piqué fort agréable.

Rester vertical

Son - 4,5 / 5

Un seul mixage, une piste DTS-HD Master Audio 5.1 riche et dynamique sur les enceintes frontales, qui instaure une spatialisation largement convaincante. Les dialogues sont solidement plantés sur la centrale, l’ouverture des enceintes avant laisse pantois et les arrière soutiennent l’ensemble avec des ambiances naturelles frappantes (le vent, l’orage). L’immersion acoustique est donc très convaincante. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste en Audiodescription.

Rester vertical

Crédits images : © Les Films du Worso, Arte France Cinéma

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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P. de Melun
Le 6 mars 2021
Un film étrange qui ne laisse pas indifférent. Selon sa propre perception, on peut y trouver des clés de décryptage différentes. La première est l’histoire d’un paumé qui s’enfonce dans sa vie, faite de hasard et de décadence, le tout accentué d’images crues pouvant choquer. C’est glauque et triste sur le fond avec un réaliste implacable que la caméra ne cherche pas à cacher. On peut y voir également un parallèle entre une nature sauvage qui s’autorégule et la vie de tout à chacun, difficile, âpre, parfois frisant la misère où seuls les plus forts, les plus intelligents parviennent à s’en sortir. Les autres sont engloutis par les affres de l’existence dans un misérabilisme social brutal. D’autres messages peuvent également y être entraperçus, comme l'abandon de la ruralité en France au profit des métropoles. Bref, un film qui dérange avec des images de sexe qui peuvent nuire ou surprendre le spectateur qui est ainsi averti.

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Rester vertical
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