Aquarius (2016) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Kleber Mendonça Filho
Avec Sonia Braga, Maeve Jinkings et Irandhir Santos

Édité par Blaq Out

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Le 21/03/2017
Critique

Aquarius

Dans les années 1960 et 1970, à Recife, au Brésil, Clara fut une critique musicale très au fait de la vie artistique du pays. Issue de la bonne bourgeoisie, elle a mené une belle existence, dont elle conserve le souvenir à travers une grande collection de vinyles. Les disques sont rangés dans l’appartement où vit la sexagénaire. Veuve et mère de trois enfants, Clara est la dernière habitante de l’Aquarius, un immeuble construit dans les années 1940. Mais il est menacé par un promoteur qui en a racheté tous les autres appartements. Clara, qui veut rester, résiste à ses propositions, qui vont bientôt se transformer en harcèlement…

Décidément, le palmarès du Festival de Cannes 2016 restera l’un des plus inappropriés de toute son histoire. Comment un film comme Aquarius a-t-il pu repartir bredouille ? Comment le Prix d’interprétation féminine a-t-il pu échapper à Sonia Braga ? Deuxième long métrage réalisé par Kleber Mendonça Filho après Les Bruits de Recife (2012), Aquarius raconte l’histoire de Clara, la soixantaine, ancienne critique musicale, est née dans un milieu bourgeois de Recife, au Brésil. Elle vit dans un immeuble singulier, l’Aquarius construit dans les années 40, sur la très huppée Avenida Boa Viagem qui longe l’océan. Un important promoteur immobilier a racheté tous les appartements mais elle, se refuse à vendre le sien. Elle va rentrer en guerre froide avec la société immobilière qui la harcèle. Très perturbée par cette tension, elle repense à sa vie, son passé, ceux qu’elle aime.

À travers ce personnage issu de la classe aisée, le cinéaste brésilien se penche sur la mémoire et l’héritage, sur la lutte pour préserver ses souvenirs et évoquer brillamment l’inéluctabilité du temps qui passe. Clara est merveilleusement incarnée par Sonia Braga, icône brésilienne et star internationale, dont les films les plus célèbres restent Le Baiser de la femme araignée d’Hector Babenco (1985), La Relève de Clint Eastwood (1990) et vue dernièrement dans la série Luke Cage. Magnétique, Sonia Braga hypnotise la caméra et les spectateurs depuis près de 50 ans et n’a jamais été aussi resplendissante que devant la caméra de Kleber Mendonça Filho. Elle est la raison d’être d’Aquarius, quasiment de tous les plans.

Clara n’est pourtant pas un personnage immédiatement attachant, puisque femme privilégiée et en apparence froide, parfois condescendante avec sa femme de ménage et cuisinière. Bien installée et très à l’aise financièrement, Clara se dévoile par strates et le spectateur comprend très vite que Clara a réussi à vaincre un cancer du sein, qui a meurtri son corps, mais qui est parvenue à surmonter cette épreuve il y a trente ans (superbe prologue en 1980) grâce à l’amour des siens, en particulier dans son appartement, devenu un véritable cocon protecteur. Autant dire qu’elle est évidemment très attachée à ce logement - dans lequel elle vit seule car veuve depuis quelques années et ses enfants faisant leur vie - malheureusement convoité par un promoteur qui souhaite transformer toute la résidence. D’où ce sentiment de peur qui s’empare du personnage, qui reste digne malgré cette crainte de voir s’envoler ce qu’elle a de plus précieux, puisque détruire son appartement reviendrait à effacer sa mémoire étant donné que chaque parcelle du logement est imprégnée de plus d’un demi-siècle de vie(s).

Aquarius déroule son récit avec une langueur romanesque et sensuelle, avec quelques emprunts au thriller et même au fantastique qui créent quelques menaces et tensions, surtout lorsque Clara se rend compte qu’elle n’est plus que la dernière habitante de toute sa résidence et que divers événements semblent se produire dans l’appartement au-dessus de chez elle. Clara est une femme complexe et mystérieuse, qui d’ailleurs ne se livre pas d’un bloc et qui ne se dévoile jamais totalement. Même encore à la fin du film, ce personnage conserve son ambiguïté, grâce à l’intensité, à l’immense talent et à la beauté naturelle et solaire de Sonia Braga. A travers le portrait de cette femme, Kleber Mendonça Filho réalise une radiographie de son pays, attaché à son passé mais devant se plier au rouleau compresseur de la mondialisation, quitte à oublier ce qui a fait sa richesse et son Histoire.

Aquarius

Présentation - 5,0 / 5

Le Blu-ray d’Aquarius, disponible chez Blaq Out, repose dans un boîtier classique de couleur bleue foncée, glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est élégant, animé et musical.

Bonus - 2,5 / 5

Dans un premier temps, nous écoutons l’intervention d’Alberto Da Silva, maître de conférences à Paris Sorbonne, spécialiste du cinéma brésilien et d’histoire contemporaine (17’). Durant cet entretien, nous en apprenons plus sur l’histoire politique du brésil après la dictature (1964-1985), mais aussi sur la situation du cinéma du pays et les thèmes explorés par Kleber Mendonça Filho dans Aquarius, liés à une certaine catégorie sociale, celle de la bourgeoisie de la ville de Recife. Alberto Da Silva évoque les intentions du réalisateur, la bande-son, la façon dont le passé et le présent s’entrecroisent, les personnages et notamment celui de Clara qui pour lui s’avère une synthèse de tous ceux incarnés par la comédienne Sonia Braga dans sa longue et prestigieuse carrière.

Ne manquez pas le court-métrage Vinil Verde (16’), réalisé par Kleber Mendonça Filho en 2003. Dans le quartier de Casa Amarela de Recife, Mère offre à Fille un cadeau spécial : une boîte pleine de petits disques de couleur pour enfants. Fille pourra écouter les disques, à l’exception du vinyle vert. Mais la curiosité finit par l’emporter et Fille désobéit. À son retour, Mère a perdu un bras. Inclassable, essentiellement composé de photos animées, beau, inquiétant, insolite, les qualificatifs ne manquent pas pour évoquer ce Vinil Verde !

Image - 5,0 / 5

Superbe Blu-ray concocté par Blaq Out. La colorimétrie brûle les yeux, les teintes bigarrées et chaudes sont divinement restituées et parfaitement saturées, le piqué est acéré comme la lame d’un scalpel, les contrastes sont denses et les détails abondent aux quatre coins du cadre large. Les scènes en extérieur sont magnifiques, limpides, la luminosité est étincelante. Ce master full HD (1080p) ravit du début à la fin.

Son - 4,5 / 5

Seule la version originale est disponible. Franchement, qui s’en plaindra ? Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 se révèle ample et dynamique. La spatialisation est évidente (le culte Another One Bites the Dust de Queen) sur toutes les scènes en extérieur, les dialogues sont solidement plantés sur la centrale, la balance frontale est riche et les effets annexes ne manquent pas. Le mixage respecte la délicatesse de la mise en scène. La Stéréo est tout aussi riche et contentera ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène avant. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Aquarius

Crédits images : © BlaqOut

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis
Multimédia
Aquarius
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