Boro - Walerian Borowczyk - Coffret (1968) : le test complet du Blu-ray

Édition Collector Limitée

Réalisé par Walerian Borowczyk
Avec Pierre Brasseur, Ligia Branice et Ginette Leclerc

Édité par Carlotta Films

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Le 22/02/2017
Critique

Boro - Walerian Borowczyk - Coffret

Cet exceptionnel coffret est l’aboutissement du travail réalisé par une association française, créée en 2015, Friends of Walerian Borowczyk, dont les principaux animateurs sont les Anglais Daniel Bird et Michael Brooke.

On y trouve une bonne quinzaine de films d’animation et courts-métrages, réalisés pour la plupart au cours des années 60, pour la première fois disponibles sur disque optique, et des essais avant-gardistes, entièrement conçus de A à Z par Walerian Borowczyk, qui fournissent, à eux seuls, des informations essentielles au décryptage de son cinéma, si particulier.

En voici la liste :

  • Théâtre de Monsieur & Madame Kabal (1967)
  • Les Astronautes
  • Concert
  • Encyclopédie de Grand’Maman
  • Renaissance
  • Les Jeux des anges
  • Le Dictionnaire de Joachim
  • Rosalie
  • Gavotte
  • Diptyque
  • Le Phonographe
  • L’Amour Monstre de tous les temps
  • Scherzo Infernal
  • Holy Smoke (une pub qui a, sans l’ombre d’un doute, influencé les Monty Python)
  • Le Musée
  • Le Petit Poucet
  • Escargot de Vénus, oeuvres peintes de Bona Tibertelli de Pisis
  •  Jouet joyeux, hommage au praxinoscope de Charles-Émile Reynaud

Six films de long métrage ont été sélectionnés sur les treize réalisés par Walerian Borowczyk.

Goto, l’île d’amour (1969, noir et blanc, 91 minutes, DVD), une fable sur les moeurs étranges des survivants d’un pays imaginaire, sous le joug d’un dictateur. Interprété par Claude Brasseur dans le rôle du dictateur et Ligia Branice, l’épouse du réalisateur, ce film révéla Borowczyk au grand public.

Boro - Walerian Borowczyk - Coffret

Blanche (1971, couleurs, 1.66:1, 90 minutes, DVD, encore inédit en France), un conte médiéval, une variation anachronique sur la légende de Mazeppa dans la relation qu’en a fait le poète polonais Juliusz Slowacki. C’est, de l’avis de beaucoup, le film le plus achevé de Walerian Borowczyk. Interprété par Ligia Branice, Michel Simon, Jacques Perrin, avec des cadrages qui rappellent les livres d’heures du Moyen Âge, il remporta le Grand prix du meilleur film étranger à la Berlinale de 1972.

Contes immoraux (1974, couleurs, 1.66:1, 103 minutes, Blu-ray et DVD) est le premier long métrage avec lequel Borowczyk s’essaie à l’érotisme, un genre auquel il reviendra à plusieurs reprises, profitant de la plus grande liberté qu’inaugurait, en juin 1975, la suppression de la censure cinématographique par Valéry Giscard d’Estaing et Michel Guy. Le film à sketches nous est proposé dans deux montages, le premier avec quatre volets, La Marée, Thérèse philosophe, Erzsebet Bathory et Lucrezia Borgia, le deuxième, dit « montage l’Âge d’or », plus long d’une vingtaine de minutes, ajoutant un cinquième sketch, La Bête, une illustration de la légende du Gévaudan, qui sera intégralement repris pour les scènes oniriques du long métrage La Bête, réalisé en 1975. On découvre Fabrice Luchini dans une de ses toutes premières apparitions à l’écran et Paloma Picasso pour sa seule prestation au cinéma. Et, sous un nom d’emprunt, Mario Ruspoli dans le rôle du pape. Grand succès populaire pour Borowczyk, Contes immoraux fut le film érotique de 1975 qui enregistra le plus d’entrées après Emmanuelle de Just Jaeckin.

La Bête (1972, couleurs, 1.66:1, 98 minutes, Blu-ray et DVD) raconte la journée du mariage d’une jeune héritière américaine avec le fils d’un châtelain français désargenté, dont le cours est perturbé par une découverte inattendue. Interprété par Guy Tréjan et Marcel Dalio, ce film fit scandale un peu partout et fut longtemps banni de la prude Albion.

Boro - Walerian Borowczyk - Coffret

Histoire d’un péché (Dzieje grzechu, 1975, couleurs, 1.66:1, 125 minutes, DVD, encore inédit en France), le seul film de fiction polonais de Walerian Borowczyk, un mélodrame adapté d’un roman de Stefan Zeromski contant la triste histoire d’Ewa, une jeune fille séduite et abandonnée, contient une charge assez virulente contre l’ordre moral imposé par la religion. Interprété avec une grande sensibilité par Grazyna Dlugolecka, ce beau film a été inclus dans la sélection pour la Palme d’or à Cannes.

Docteur Jekyll et les femmes (1981, couleurs, 1.66:1, 92 minutes, Blu-ray et DVD, encore inédits en France) revisite, avec une grande liberté, le roman de Robert Louis Stevenson publié en 1886, Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde. Borowczyk en a conservé les principaux personnages mais a ajouté celui de Fanny Osbourne, la fiancée du fameux médecin. Les invités aux fiançailles se perdent et se retrouvent dans une demeure labyrinthique, dans laquelle rôde Hyde, l’incarnation maléfique de Jekyll. Avec Udo Kier dans le rôle-titre et, curieusement, un autre acteur pour incarner Hyde, Gérard Zalcberg, au visage si inquiétant. Fanny est interprétée par Marina Pierro qui fut, depuis Les Héroïnes du mal (1979), dans six films réalisés par Walerian Borowczyk.

« Cinéma, c’est animation photographies ! »

Cette phrase, prononcée par Walerian Borowczyk dans un entretien en supplément du dernier disque, est emblématique de son approche du cinéma. Il compose chaque cadre comme un tableau, y place lui-même les objets et les acteurs qu’il semble voir avant tout comme des éléments du décor, veille méticuleusement à tous les détails, ajoutant lui-même de la poussière, un papier froissé ou une feuille morte. Voilà pour la photographie.

Pour l’animation, il mime le déplacement des acteurs, désigne l’endroit précis où ils doivent s’arrêter, ou tourner la tête, ou trébucher, sans vraiment leur donner d’autres directions sur le jeu. Ou, alors, des instructions que seuls comprennent « ceux qui parlent Boro », ses fidèles collaborateurs.

Un coffret tout à fait exceptionnel, fait pour combler toutes les attentes du cinéphile en proposant les films essentiels (la plupart inédits en vidéo en France) d’un réalisateur dont l’oeuvre est assez peu connue et en ouvrant une mine d’informations pour découvrir l’originalité de ses créations, la diversité de ses talents.

Aucun doute là-dessus, Boro est d’ores et déjà l’un des grands coffrets de 2017 !

Boro - Walerian Borowczyk - Coffret

Présentation - 5,0 / 5

Le coffret Boro contient 11 disques, 8 DVD-9 et 3 Blu-ray (BD-50). Tous les longs métrages sont proposés dans leur version originale en français, sauf Histoire d’un péché tourné en polonais (avec sous-titres optionnels) au format mono d’origine (Linear PCM 1.0). S’y ajoutent une quinzaine de courts métrages et une impressionnante collection de bonus vidéo.

En complément, deux livres, Le Dico de Boro (92 pages) une suite de 26 articles, un pour chacune des lettres de l’alphabet, partant de A, comme affiche, un coup d’oeil sur le premier métier de Boro, celui d’affichiste, pour aller jusqu’à Z comme zoophilie, le thème de La Bête, mais qu’on retrouve aussi dans un des sketches d’un autre film, Les Héroïnes du mal. (inédit en France). Ce petit livre dévoile de multiples aspects du travail du réalisateur : la lettre M comme Musique rappelle l’importance qu’il attachait à combiner image et musique, O comme Objet montre que les objets, souvent fabriqués par Boro lui-même, prenaient une place importante dans ses films, T comme Téléobjectif souligne qu’il préférait les longues focales pour « aplatir » la réalité, etc., etc.

Dans un deuxième livre, Camera Obscura, épais de 296 pages, Daniel Bird et Michael Brooke ont écrit, ou rassemblé, une vingtaine de textes sur le réalisateur ou sur l’analyse de ses films, ainsi que deux entretiens avec lui, l’un pour les Cahiers du Cinéma, en 1969, l’autre pour L’Écran Fantastique en 1981, sur Le Docteur Jekyll et les femmes.

Vous pouvez voir ce coffret sous toutes ses coutures à l’occasion de notre récent déballage .

Contes immoraux et La Bête sortent simultanément en Blu-ray single.

Boro - Walerian Borowczyk - Coffret

Bonus - 5,0 / 5

Ce coffret recèle une somme de compléments (pas loin de 9 heures), des préfaces, des entretiens avec le réalisateur, les témoignages de ses collaborateurs, les vues de spécialistes de son oeuvre, une foule de documents dont la liste complète peut être consultée sur la fiche technique. La quasi-totalité de ces documents ont été produits entre 2014 et 2016 par l’association Friends of Walerian Borowczyk dont nous avons parlé plus haut et certains réalisés par Daniel Bird.

Compléments pertinents aux films auxquels ils se rapportent, ces entretiens (en français ou en anglais avec sous-titres optionnels) sont d’une bonne tenue. Tous comme ceux qui permettent de découvrir les multiples facettes du talent surréaliste de Walerian Borowczyk, peintre, dessinateur, créateur d’affiches, créateurs d’objets de toutes sortes dont certains font penser au fameux Catalogues d’objets introuvables de Jacques Carelman (Éditions Jacob Duvernet, 1984).

Un document nous a paru particulièrement précieux : l’enregistrement en 16 mm d’une heure du tournage de La Bête. L’absence de son ne gêne aucunement : Borowczyk ne parle pas beaucoup (ou alors parle Boro, un langage que peu comprennent), mais s’agite dans tous les sens, veille à mille détails, peste contre un technicien, contre un acteur, se calme et finit par rire.

Un autre, La boîte à musique (18’, en complément d’Histoire d’un péché) montre l’importance qu’attachait Borowczyk à combiner l’image et l’accompagnement musical dont la mission consiste à transmettre les intentions du créateur de l’oeuvre. Sur le même sujet, Les yeux qui écoutent (10’), un entretien enregistré en 2008, l’année de sa mort.

Boro - Walerian Borowczyk - Coffret

Image - 4,5 / 5

La plupart des courts métrages et films d’animation sont au format 1.33:1, les longs métrages au format 1.66:1 (1080p, AVC sur les Blu-ray, y compris pour les bonus).

La restauration 2K (une première pour l’oeuvre de Borowczyk) a soigneusement fait disparaître toutes les taches et griffures du temps, ravivé les couleurs, raffermi les contrastes et procuré une grande stabilité.

Les gains sont appréciables, par exemple pour Contes immoraux, sur la pourtant belle édition ARTE Vidéo de 2005. Laisser sur certains plans un léger fourmillement est indiscutablement préférable à l’option d’un lissage excessif qui aurait dénaturé la texture originelle, le grain argentique.

Boro - Walerian Borowczyk - Coffret

Son - 5,0 / 5

La restauration du son est étonnante. Bien qu’il soit resté, même sur les Blu-ray, en définition standard (Linear PCM 1.0), il bénéficie d’une dynamique surprenante et d’une généreuse ouverture du spectre vers les aigus. Peu de souffle et de distorsions et des dialogues clairement restitués.

Boro - Walerian Borowczyk - Coffret

Crédits images : © Carlotta

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 22 février 2017
Ce magnifique coffret rassemble la quintessence de l’œuvre de Walerian Borowczyk : six longs métrages et une quinzaine de courts métrages et films d’animation. Ces films, pour la plupart inédits en vidéo, nous sont proposés après restauration 2K, avec deux livres et près de 9 heures de bonus vidéo. Tout pour décrypter l’œuvre, inclassable, d’un artiste aux multiples facettes !

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