Une vie (2016) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Stéphane Brizé
Avec Judith Chemla, Jean-Pierre Darroussin et Yolande Moreau

Édité par Diaphana

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Le 29/03/2017
Critique

Une vie

Normandie, 1819. À peine sortie du couvent où elle a fait ses études, Jeanne Le Perthuis des Vauds, jeune femme trop protégée et encore pleine des rêves de l’enfance, se marie avec Julien de Lamare. Très vite, il se révèle pingre, brutal et volage. Les illusions de Jeanne commencent alors peu à peu à s’envoler.

Avec Une vie, sorti en salles en novembre 2016, Prix et Prix FIPRESCI à la Mostra de Venise, Stéphane Brizé, pour son septième long métrage, s’éloigne de la société contemporaine, par un grand bond en arrière jusqu’au début du XIXe siècle, pour observer la bourgeoisie de province au travers d’une adaptation assez libre du roman éponyme de Guy de Maupassant.

Si le scénario, coécrit par le réalisateur et Florence Vignon, reprend assez fidèlement les faits saillants du premier roman de Maupassant, Une vie ou L’Humble vérité, initialement paru en feuilleton en 1883 dans le Gil Blas, il en bouleverse la chronologie par l’introduction de nombreux flashbacks. Stéphane Brizé justifie ce choix, dans un intéressant entretien joint en supplément, en ce qu’il autorise, notamment, des ellipses permettant de faire rentrer le récit dans le cadre étroit de la durée du film (deux heures).

Une vie

« La vie, voyez-vous, ça n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on le croit. »

Il faudra à Jeanne, trop candide, toute Une vie pour enfin réaliser la vérité contenue dans cette phrase prononcée, à la toute dernière ligne du roman, par Rosalie, sa servante et confidente.

Le film, exclusivement centré sur le personnage de Jeanne, souligne avec plus de force encore que le roman, la candeur du personnage, son refus d’accepter une réalité qui dérange sa croyance en la bonté du prochain, qui causeront son malheur. Le film montre aussi comment cette naïveté est l’inévitable résultat de l’éducation qu’a reçue Jeanne, cloîtrée pendant toute sa jeunesse dans un couvent dont elle ne sortait qu’une semaine par an, avant de partager quelque temps les occupations anodines de ses parents, jardinage et jeu de jacquet, pour se retrouver soudainement sous la férule d’un époux égoïste et brutal.

Les choix scénaristiques de Stéphane Brizé révèlent sa propre lecture de l’oeuvre, une lecture raisonnée dont il défend la pertinence par une rigoureuse argumentation dans le supplément. Cette relecture tend à estomper l’émotion qu’on a pu ressentir à la lecture du roman : on voit les personnages agir, avec une économie de dialogues ou de commentaires en voix off. Une vision distante, un peu celle d’un entomologiste, qui tend aussi à escamoter la poésie de l’écriture.

Le réalisateur, servi par l’interprétation naturelle de Judith Chemla, réussit à imposer une vision personnelle de l’oeuvre dont la beauté épurée ne manquera d’impressionner le spectateur.

Une vie

Présentation - 4,0 / 5

Une vie (119 minutes) et ses suppléments (45 minutes) tiennent sur un Blu-ray double couche logé dans un boîtier blanc. Le menu animé et musical propose deux formats audio : le format original DTS-HD Master Audio 2.0 mono et un remixage DTS-HD Master Audio 5.1.

En plus, une piste d’audiodescription DTS 2.0 et des sous-titres pour malentendants.

Bonus - 5,0 / 5

En supplément, Du roman au film, par Stéphane Brizé (28’). Dans cet entretien très dense, bien structuré, le réalisateur dit avoir été impressionné, longtemps après avoir lu le roman, par un écrit de Maupassant traitant de la description d’un personnage : « Je n’ai pas besoin de détails psychologiques. Je ne veux que les faits, rien que les faits ». Stéphane Brizé a voulu suivre ce précepte pour la réalisation d’Une vie en observant le comportement des personnages avec une certaine distance. D’autre part, tout le film est étroitement focalisé sur le personnage de Jeanne, la relation adultère entre Julien et Madame de Fourville n’étant que brièvement esquissée. Il justifie également les flashbacks du film, le choix du format d’image 1.33:1 et du son mono qui évite que soit distraite l’attention portée par le spectateur aux personnages, etc. Un passionnant complément qu’on peut regarder avant ou après le film.

Une vie

Suit, Fabriquer Une vie, entretiens avec Antoine Héberlé, directeur de la photographie et Pascal Jammes, ingénieur du son (18’), un second document utile pour saisir l’approche du tournage par Stéphane Brizé. Une de ses règles d’or : la technique ne doit pas perturber les acteurs. Surtout pas les caméras qui doivent rester discrètes, cachées si possible, portées à l’épaule sans rails ni grues, équipées de longues focales pour rester à distance des acteurs… L’acoustique propre aux lieux de tournage, comme leur éclairage, doivent être respectés, avec le minimum de traitement en postproduction pour que le film reflète « la vérité d’un moment ».

Pour finir, la bande-annonce.

Des bonus d’une rare qualité : bravo à Diaphana !

Une vie

Image - 4,5 / 5

L’image (1.33:1, 1080p, AVC) est d’une grande délicatesse, avec une saturation mesurée des couleurs et des contrastes qui peuvent beaucoup s’affaiblir, mais jamais au point de nuire à une une bonne lisibilité, y compris dans certaines séquences paraissant n’avoir été tournées qu’à la lueur de bougies ou à celle d’un feu de cheminée.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono, format original, est clair, avec une priorité accordée aux dialogues, dans un bon équilibre avec l’accompagnement musical au timbre si spécial du piano forte, peut-être un peu trop réverbéré. On peut s’interroger sur l’utilité du remixage DTS-HD MA 5.1, également proposé, d’autant qu’il n’ajoute aucun effet d’immersion.

Une vie

Crédits images : © TS Productions - Michaël Crotto

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 29 mars 2017
Une vie, c’est l’adaptation personnelle et épurée par Stéphane Brizé du premier roman de Guy de Maupassant, saluée par la critique, que Diaphana nous propose dans une belle édition, complétée par deux bonus d’une exceptionnelle qualité.

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