Entre le ciel et l'enfer (1963) : le test complet du Blu-ray

Tengoku to jigoku

Réalisé par Akira Kurosawa
Avec Toshirô Mifune, Tatsuya Nakadai et Kyoko Kagawa

Édité par Wild Side Video

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Le 17/05/2017
Critique

Entre le ciel et l'enfer

Gondo, un industriel fabricant de chaussures, reçoit un appel téléphonique l’informant que son fils vient d’être enlevé et qu’il ne le reverra vivant qu’en échange d’une rançon de 30 millions de yens. Très vite, Gondo et le ravisseur se rendent compte de la méprise : l’enfant enlevé est celui du chauffeur. Le versement de la rançon mettrait Gondo sur la paille…

Entre le ciel et l’enfer (Tengoku to jigoku, 1963), la deuxième incursion d’Akira Kurosawa dans l’univers du film noir, après Les Salauds dorment en paix tourné trois ans plus tôt, reçut un très bon accueil du public japonais. Il eut même des répercussions politiques en contribuant à hâter le durcissement de la répression du kidnapping.

Entre le ciel et l’enfer est divisé en deux parties. Les 55 premières minutes du film se déroulent dans la salle de séjour de la villa de Gondo, dans la fébrile attente des appels du ravisseur que la police tente, en vain de localiser. Martin Scorsese avait admiré la maîtrise de la mise en scène de ce huis-clos, avec ses longs plans-séquences et de l’utilisation de l’écran large.

Entre le ciel et l'enfer

La deuxième partie, filmée dans divers lieux, dans un train et en extérieurs, nous montre tous les détails de l’enquête policière, comment, à partir d’infimes indices, les policiers vont chercher à identifier, puis traquer l’auteur de l’enlèvement. Un scénario rigoureusement construit, sans la moindre ellipse, sans la moindre incohérence, déroule la progression implacable de l’enquête, avec un réalisme si minutieux que le film fut, nous dit-on, utilisé comme outil de formation dans les écoles de police.

Entre le ciel et l’enfer donne à Kurosawa l’occasion de communiquer son regard critique sur le Japon, en nous invitant à une longue errance dans des quartiers sordides, dans un « enfer » où l’homme est consumé par la drogue, la prostitution, la violence.

Un dramatique face à face entre Gondo et le ravisseur fait tomber le rideau sur cet extraordinaire film, une des oeuvres majeures d’Akira Kurosawa.

Entre le ciel et l'enfer

Présentation - 5,0 / 5

Entre le ciel et l’enfer (144 minutes), pour la première fois remastérisé en HD, et ses compléments vidéo (51 minutes) sont présentés sur deux supports, Blu-ray et DVD (BD-50 et DVD-9), logés à l’intérieur des deux couvertures d’un Mediabook aux dimensions d’un DVD. En couverture, un photomontage des personnages traité à la manière d’un lavis.

Un menu musical et animé (avec une bande de la couleur du dos du livre) propose le film dans sa seule version originale, au format DTS-HD Master Audio 1.0 sur le Blu-ray, avec sous-titres imposés mais bien placés sur la bande noire.

Cette magnifique édition s’ajoute à la collection Akira : Les années Toho qui, avec la sortie simultanée de Les Bas-fonds et Les Salauds dorment en paix, compte à ce jour quinze films en treize volumes et devrait prochainement être complétée par Barberousse et Dodes’kaden.

Le livret de 66 pages, écrit et composé par Frédéric Albert Lévy, abondamment illustré de photos du film, de photos de plateau et d’affiches, s’ouvre sur une mise en parallèle du roman de l’Américain Ed McBain, King’s Ransom, publié en 1959, et de son adaptation pour le scénario. Puis il évoque la dialectique du « double », récurrente dans l’oeuvre de Kurosawa (Kagemusha : l’ombre du guerrier, Les Salauds dorment en paix), qui réapparaît dans Entre le ciel et l’enfer avec la fameuse scène finale, avec la confusion des deux enfants, avec les deux mallettes contenant l’argent de la rançon… Suit une subtile analyse de la mise en scène et le récit de la collaboration entre Toshirô Mifune et Akira Kurosawa, puis une réflexion sur le personnage du médecin, figure principale de deux autres de ses films, L’Ange ivre et Barberousse.

Entre le ciel et l'enfer

Bonus - 4,0 / 5

En complément, des bonus repris des précédentes éditions Wild Side de 2006, 2009 et 2012.

Le suspense selon Kurosawa (37’). Entre le ciel et l’enfer avait impressionné Martin Scorsese, principalement pour le huis-clos de 55 minutes. Techniciens et acteurs se souviennent de cette première partie, filmée par plusieurs caméras montées sur grue, en studio, avec une représentation de la ville sur une « découverte » (photographie ou dessin sur un panneau ou une toile placé derrière une baie, ici une large baie vitrée s’ouvrant sur un balcon), de l’installation de centaines d’ampoules électriques pour simuler les lumières de la ville. Ils évoquent ensuite le tournage à bord du train, le Toku-Express, dont plusieurs voitures furent louées pour l’occasion et dans lesquelles furent fixées huit caméras. Et, aussi, la délicate réalisation de la scène finale où le visage du ravisseur et le reflet de celui de Toshirô Mifune devaient se superposer, ainsi que le tournage de quatre fins différentes…

Entre le ciel et l’enfer par Jean Douchet (14’). Le critique et historien du cinéma rend un vibrant hommage à Akira Kurosawa, devenu le plus grand cinéaste japonais depuis la disparition de Senji Mizoguchi en 1956 et de Yasujirô Ozu en 1963. Il analyse la symbolique sociale du film, l’antagonisme entre le riche industriel et le pauvre interne en médecine, dont les visages se superposent dans la scène finale, comme s’ils fusionnaient en un seul personnage et loue la virtuosité de la réalisation qui fait du film « un plaisir pour l’oeil ».

Entre le ciel et l'enfer

Image - 4,5 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC), très stable, a été parfaitement nettoyée et débarrassée du bruit vidéo sans qu’un lissage excessif n’ait affecté la texture argentique. Elle présente une bonne définition, un fin dégradé de gris avec des blancs lumineux, des noirs denses et des contrastes fermes, dans toutes les conditions d’éclairage.

Entre le ciel et l'enfer

Son - 3,5 / 5

Le son a été réduit au format mono DTS-HD Master Audio 1.0, alors que la bande originale avait été enregistrée sur quatre pistes (4-Track stereo, Westrex Recording System). Cette réserve faite, le son est d’une remarquable propreté, sans bruit parasite et pratiquement sans souffle, avec une bande passante assez ouverte. Quelques saturations, surtout dans les aigus.

Entre le ciel et l'enfer

Crédits images : © 1963, Toho Co., Ltd All rights reserved

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 3 août 2021
Avec Entre le ciel et l’enfer, Akira Kurosawa se frotte au film noir. Un scénario réglé comme un mécanisme d’horlogerie nous traîne inexorablement jusqu’à l’enfer des quartiers sordides gangrénés par la drogue, la prostitution et la violence. Une édition rare, la première en HD.
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Aliocha
Le 3 août 2021
Pas de commentaire.
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francis moury
Le 16 mars 2019
Pas de commentaire.

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