Tuez Charley Varrick ! (1973) : le test complet du Blu-ray

Charley Varrick

Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre

Réalisé par Don Siegel
Avec Walter Matthau, Joe Don Baker et Felicia Farr

Édité par Wild Side Video

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Le 03/07/2017
Critique

Tuez Charley Varrick !

Charley Varrick boucle ses fins de mois en braquant les banques de petits villages, en compagnie de sa femme et de deux jeunes associés, dont Harman Sullivan, difficilement contrôlable. À chaque braquage, ils grappillent deux ou trois mille dollars, sauf pendant le dernier qui leur rapporte plus de 750 000 dollars… de l’argent sale de la mafia ! De plus, le braquage se termine avec des morts. La police et un tueur à gages ne tardent pas à prendre Charley en chasse.

Tuez Charley Varrick ! (Charley Varrick, tout court, pour le titre original) réalisé par Don Siegel en 1973, à peine deux ans après deux films avec Clint Eastwood en tête d’affiche, l’extraordinaire Les Proies (The Beguiled) et L’Inspecteur Harry (Dirty Harry), son plus grand succès commercial.

Tuez Charley Varrick ! est l’adaptation de The Looters (les pillards), roman de John Reese, auteur de westerns, publié en 1968. Une adaptation assez libre par le scénariste blacklisté Howard Rodman, avec une fin changée dans le scénario. Le titre retenu par Don Siegel, The Last of the Independents, a été remplacé par Charley Varrick pour une meilleure identification avec Walter Matthau, titulaire du rôle-titre, une des stars de l’époque.

Un casting pas évident, l’acteur ayant forgé sa réputation avec des comédies romantiques, notamment celle de Stanley Donen (Charade, 1963), et celle de Billy Wilder (La Grande combine, The Fortune Cookie, 1966). Mais un choix heureux pour l’originalité du personnage et pour l’inspiration que suscita ce contre-emploi chez Walter Matthau, salué à Londres par un BAFTA de la meilleure interprétation masculine.

Tuez Charley Varrick !

À ses côtés, on retrouve des acteurs familiers de Don Siegel, parmi lesquels on remarque, dans le rôle de Harman Sullivan, Andy Anderson, le tueur psychopathe de L’Inspecteur Harry et Sheree North dans celui de Jewell Everett, spécialisée dans la fabrication de faux passeports, ainsi que Joe Don Baker dans celui de Molly, le tueur à gages.

Tuez Charley Varrick ! , un de ses meilleurs films à défaut d’être le plus connu de Don Siegel, donne une implacable démonstration de la sobre efficacité de sa mise en scène, exempte de toute afféterie, de son sens du montage, particulièrement remarquable dans ce film, qui commence dans l’ambiance apaisée d’un petit village sous la lumière matinale, avec des enfants jouant sur une balançoire, une jeune femme tondant sa pelouse, un garçonnet tentant de seller une monture trop haute pour lui… Calme soudain troublé par l’arrivée d’une voiture jaune qui se gare devant l’entrée de la banque.

Don Siegel démontre, une fois de plus, qu’il se range parmi les as du cinéma d’action, avec un sens du rythme, des rebondissements habilement amenés, un suspense soutenu et des scènes d’action d’anthologie : le violent hold-up, puis la fuite en voiture et, à la fin du film, le duel, tout à fait inédit, d’une voiture contre un avion.

Tuez Charley Varrick !, une réédition qui s’imposait, la première en haute définition.

Tuez Charley Varrick !

Présentation - 5,0 / 5

Tuez Charley Varrick (111 minutes) et son supplément (72 minutes) tiennent, dans cette édition combo, sur un Blu-ray double couche et un DVD-9 logés dans un Mediabook de 160 pages, au format des autres magnifiques éditions Wild Side, telles que L’Empereur du Nord, sorti récemment. Mais le test a été effectué sur un check disc et une photocopie du livre.

Deux versions audio, la version originale, avec sous-titres imposés placés légèrement trop haut, et un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 1.0.

Le Premier des indépendants, un livre de 160 pages, abondamment illustrées, écrit par Doug Headline (alias Tristan Jean Manchette, auteur et réalisateur français de documentaires sur le cinéma, coéditeur de la revue Starfix) s’ouvre sur un rappel de la carrière de Don Siegel qui, après des études à Cambridge, entre à la Warner, comme archiviste, puis monteur, puis réalisateur assistant, avant de réaliser son premier long métrage, The Verdict, avec Peter Lorre et Sidney Greenstreet, première d’une cinquantaine de réalisations de films, téléfilms et séries. Un homme qui « devait faire beaucoup avec très peu » témoigne Clint Eastwood, qui dit avoir tout appris en le regardant travailler. Don Siegel choisit, pour Tuez Charley Varrick !, d’adapter The Looters, un roman assez médiocre de John Reese, qu’il amendera pour en faire « a Siegel film » dans une collaboration, parfois orageuse, avec le scénariste Howard Rodman (inscrit sur la liste noire du sénateur Maccarthy, il signera le scénario du nom de Henri Simoun). Le livre se penche sur Walter Matthau, d’abord réticent à accepter un rôle éloigné de ses emplois dans des comédies, avant de s’arrêter sur la préparation du tournage à l’aide d’un minutieux storyboard. Puis est explorée la vision de Don Siegel l’Amérique, « idyllique et paisible », mais aussi assombrie par la violence et le crime. À sa sortie, le film fut médiocrement apprécié aux USA, mais reçut un excellent accueil en Europe. Il est aujourd’hui reconnu comme un des films importants des années 70. Le livre se termine par une belle collection d’affiches et les fiches technique et artistique du film.

Une remarquable analyse du film et du cinéma de Don Siegel !

Tuez Charley Varrick !

Bonus - 4,0 / 5

The Last of the Independents (72’), un excellent documentaire de 2015 sur le tournage du film, rassemble le témoignage de deux acteurs, Andy Robinson et Jacqueline Scott, de Craig R. Baxley, cascadeur au volant des voitures, de Lalo Schifrin, compositeur de la musique originale, de Kristoffer Tabori, le fils de Don Siegel et de Howard A. Rodman, le fils du scénariste. Mille choses à glaner sur la genèse du film et son analyse, sur les anecdotes du tournage, sur le casting (Donald Sutherland fut un temps pressenti avant Walter Matthau), sur le style de Don Siegel, etc.

L’intérêt de ce supplément n’efface pas tout à fait une légère frustration devant l’absence, pour une telle édition, d’un bonus inédit, par exemple d’une analyse du film par un critique.

Tuez Charley Varrick !

Image - 4,0 / 5

L’image (1.85:1, 1080p, AVC) a été, passé le générique, soigneusement nettoyée, avec des couleurs ravivées, bien étalonnées. Mais elle un peu trop douce dans certaines scènes.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0 de la version originale, d’une ampleur et d’une dynamique remarquables, parfaitement nettoyé, pratiquement débarrassé de tout souffle, restitue les dialogues avec netteté et sert le bel accompagnement musical de Lalo Schifrin qui a composé la musique originale de cinq films de Don Siegel.

Gros contraste avec le doublage en français, étriqué, privé d’une partie des aigus, ce qui lui donne un timbre crachotant. Pas vraiment de choix : la VO s’impose, d’autant plus que le doublage n’est guère inspiré.

Tuez Charley Varrick !

Crédits images : © 1973 Universal City Studios, Inc. Tous droits réservés.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 3 juillet 2017
Tuez Charley Varrick ! s'il n’est pas le plus connu, est l’un des meilleurs films de Don Siegel qui nous donne, sur un scénario cousu avec malice, une implacable démonstration de la sobre efficacité de sa réalisation, notamment des scènes d’action. Une belle première édition en HD, très attendue !

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