Réalisé par James Mangold
Avec
Hugh Jackman, Patrick Stewart et Dafne Keen
Édité par 20th Century Studios
Dans un futur proche, un certain Logan, épuisé de fatigue, s’occupe d’un Professeur X souffrant, dans un lieu gardé secret à la frontière Mexicaine. Mais les tentatives de Logan pour se retrancher du monde et rompre avec son passé vont s’épuiser lorsqu’une jeune mutante traquée par de sombres individus va se retrouver soudainement face à lui.
L’adieu aux lames
Mine de rien, le personnage de James « Logan » Howlett, alias Wolverine chez les X-Men, aura été le fil rouge principal d’une saga démarrée en 2000 par Bryan Singer.
Une trilogie de films X-Men, deux détours par le reboot/prélogie et, finalement, une trilogie dédiée à l’un des personnages les plus iconiques de Marvel, dont la création remonte au début des années 70, via l’esprit du scénariste Len Wein… autant de films et d’aventures permettant toutes, plus ou moins, d’explorer le passé et la psyché de ce mutant aussi énigmatique que charismatique.
À l’époque du premier film, j’écrivais « on retiendra l’éclosion d’une future star en la personne de Hugh Jackman qui campe un Wolverine plus vrai que nature »… celui pour qui X-Men fut en effet le point de départ d’une carrière fulgurante, a été le seul à incarner le personnage pendant 17 ans, avec une fidélité et un investissement plus que palpables. Désireux de raccrocher les lames pour diverses raisons, Jackman a été entendu et Logan lui permet de passer le flambeau à une autre génération (stupéfiante Dafne Keen et ses grands yeux mêlant rage et innocence) au travers d’un film sombre, au goût de poussière et de rouille et empreint d’une grande fatigue et de l’énergie du désespoir.
Cet « auto-hommage » est orchestré par James Mangold qui semble lui aussi, faire le bilan d’une carrière qui, en 22 ans aura traversé des genres aussi différents et complémentaires. On retrouve en effet dans Logan son goût du western (3H10 pour Yuma), du polar (Copland), du buddy-movie (Night and Day), de Johnny Cash (Walk the Line) et forcément de Wolverine puisqu’il était déjà aux commandes du très remarqué opus précédent Wolverine : Le combat de l’immortel. Pour ce final, Mangold n’a pas ménagé ses efforts, ni sa volonté d’aller jusqu’au bout de son concept. Si Logan fait vaguement référence aux opus précédents, l’action et la photographie éloignent franchement le film des canons actuels du blockbuster type. De l’action, il y a, mais elle est rugueuse, violente, sanglante… Logan est le premier film de l’univers X-Men à être interdit aux moins de 12 ans… De la SF, il y a aussi, mais elle est nocive, dangereuse et effrayante… Jusque dans le titre du film, un simple Logan qui ne fait plus référence ni aux X-Men, ni au nom de code Wolverine… il ne reste plus qu’un James Howlett fatigué, chauffeur Uber et garde-malade d’un professeur Xavier au cerveau et au pouvoir défaillants. « Son heure est venue » promet le slogan accroché au titre du film… promesse tenue, de la façon la plus éprouvante et spectaculaire qui soit, mais aussi avec l’humanité la plus profonde.
Boîtier Blu-ray bleu classique, fourreau carton vernis, leaflet pour la copie digitale et une seconde galette pour la version noir & blanc du film… on en a pour son argent, mais les collectionneurs et autres amateurs de packaging soignés se tourneront plutôt vers l’édition SteelBook et sa superbe illustration signée Steve McNiven.
Concernant la copie digitale, le système continue d’évoluer (de faire la girouette dirons certains) avec une récupération possible sur Google Play ou iTunes. C’est cette dernière option testée ici, avec un résultat très probant et bien plus avancé que les systèmes précédents du type UltraViolet. En effet, le film est disponible en HD, en VF, en VOST (2.0, 5.1 et toute une multitude d’autres options audio/sous-titres), ainsi qu’en version noir & blanc, et accompagné de TOUS les bonus de ce Blu-ray… le tout présenté sur un menu sonorisé, on s’y croirait ! Voilà qui commence à redorer le blason du dématérialisé.
Version longue, Director’s Cut, version non censurée, version remontée… faudra-t-il désormais compter sur un nouveau moyen de nous faire revenir sur un film avec la version noir & blanc ? Initié par George Miller pour son Mad Max : Fury Road, ce nouveau concept de déclinaison se retrouve dans cette édition de Logan avec une galette dédiée à cette version. Avec les mêmes pistes sonores, ce Blu-ray offre une vision encore plus étonnante du film de James Mangold. Car alors que la technologie et l’aspect futuriste (nous sommes en 2029) étaient déjà bien atténués par le propos du film, l’absence de couleur termine de transformer ce road-movie triste en sanglant en un presque classique du cinéma hollywoodien de la grande époque. Les scènes dans le désert du Nouveau-Mexique, les gros plans sur les visages burinés du héros et du Professeur X, semblent tout droit sortis d’un vieux western à peine modernisé. Si ce n’est pour le clin d’oeil de la Fox au début du film avec l’ancien logo de la firme et un panneau Cinemascope, on peut tout aussi bien baisser à zéro le niveau des couleurs de son diffuseur habituel pour obtenir le même résultat avec le Blu-ray « en couleurs »… à essayer donc sur d’autres films !
Le commentaire audio de James Mangold (avec son sous-titre français), disponible sur les deux versions du film, est une fois de plus un bonus de choix. Loin d’un making of calibré ou d’une interview vite bouclée, le réalisateur peut profiter des 2h17 du film pour s’exprimer, expliquer, raconter avec force détails, tout son processus créatif. On évite ainsi également la langue de bois habituelle des featurettes quand il explique notamment la liberté offerte quand on décide de faire un film qui sera d’emblée interdit aux moins de 17 ans non accompagnés (aux États-Unis, 12 ans chez nous). Il prend aussi le temps à la fin du film, d’inviter le spectateur à rester pendant le générique, afin de voir défiler tous les noms de son casting et de son équipe, afin de leur rendre hommage et de les remercier pour leur travail… une attitude qui s’est largement perdue en salles. James Mangold est ici le parfait compagnon de visionnage d’un film que l’on a plaisir à revoir.
Sur le Blu-ray principal, outre le commentaire audio donc, on trouve pour commencer, 6 scènes coupées à l’intérêt variable. On retiendra surtout la scène alternative du dîner où le Professeur Xavier plombe franchement l’ambiance en parlant de la relation Logan/Jean Grey. Le commentaire audio de James Mangold explique qu’elle était franchement trop sombre et a été remplacée par un dialogue improvisé. La scène des figurines est également à savourer pour sa phrase « Kid, I don’t know what i’m doing » (« je ne sais pas ce que je fais ») que Logan lance à un enfant qui lui demande si il agit désormais pour le bien, après avoir évoqué son passé avec Dent de Sabre.
Logan : les coulisses est un making of en 6 parties qui aborde le scénario, le casting, l’univers du film, la musique, les cascades et combats, et le tournage. On retrouve forcément beaucoup de thèmes et précisions abordées dans le commentaire audio, mais d’autres sont bien plus développés ici, sous une forme qui prend assez son temps et donne aux différents membres de l’équipe, la possibilité de faire part de leur passion et investissement pour ce projet.
Nuit, désert, vieux réservoir, soleil écrasant… la photographie du film à de quoi mettre l’encodage AVC à rude épreuve, et ce Blu-ray s’en sort haut la main face aux images mastérisées en 4K. Supervisée par John Mathieson (Gladiator, Kingdom of Heaven, X-Men : Le commencement, Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur), la captation de Logan a presque des airs d’argentique et délivre des images d’une grande lisibilité, jusque dans les scènes d’action.
Bien que mixé en Dolby Atmos, le film est proposé ici au maximum en DTS-HD Master Audio 7.1 pour la VOST et DTS standard 5.1 pour la VF. Le mixage VO est une merveille d’équilibre et de finesse. Les ambiances intimistes sont déployées avec réalisme, tandis que les séquences d’action réveillent régulièrement le caisson et l’ensemble du système. La VF n’est malheureusement que l’ombre de son originale avec une scène réduite et un doublage moins ancré.
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