La Passion de Jeanne d'Arc (1928) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Carl Theodor Dreyer
Avec Renée Jeanne Falconetti, Eugene Silvain et André Berley

Édité par Gaumont

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Le 14/11/2017
Critique

La Passion de Jeanne d'Arc

En 1431, Jeanne d’Arc, comparaît devant un tribunal ecclésiastique dans Rouen occupée par les Anglais. Ses juges, devant lesquels elle prétend avoir accompli une mission dictée par son Dieu, veulent la contraindre d’abjurer pour éviter de mourir sur le bûcher…

La Passion de Jeanne d’Arc commence avec la première comparution de Jeanne devant ses juges. Rien n’est montré de son enfance, de ses campagnes, ni même de son arrestation. Et les scènes s’enchaînent dans un strict ordre chronologique, jusqu’au supplice du bûcher.

À l’exception de quelques plans larges, principalement dans les dernières scènes, le film est une succession de gros plans de visages de Jeanne et de chacun de ses juges qui s’enchaînent à un rythme scandé par des écrans noirs avec les intertitres.

Le rythme est également soutenu par un montage rigoureux de séquences souvent très courtes prises sous divers angles, en plongée, en contre-plongée, en oblique qui accentuent les rapports de domination et de soumission, de brutalité et d’effroi entre juges et accusée. La caméra se retournera même à 180° pour souligner le désordre d’une émeute à la fin du film.

La Passion de Jeanne d’Arc, dans une représentation épurée du procès, dans des décors dépouillés (seul un mur blanc apparaît le plus souvent en arrière-plan), réussit à installer une tension dramatique qui restera lancinante jusqu’à la dernière image.

La Passion de Jeanne d’Arc, fruit de l’inspiration et du talent uniques de Carl Theodor Dreyer, est aussi liée à l’image de Renée Falconetti dans sa presqu’unique apparition devant les caméras (habituée des planches, on ne l’avait vue que deux fois sur les écrans, en 1917) et réussit à faire ressentir au spectateur la profonde souffrance, la peur intense du personnage pour devenir une des images à jamais gravée dans la mémoire des cinéphiles.

La Passion de Jeanne d'Arc

Présentation - 3,5 / 5

La Passion de Jeanne d’Arc (97 minutes) et son supplément (54 minutes) tiennent sur un Blu-ray double couche logé dans un boîtier de 11 mm, glissé dans un fourreau.

Le menu animé et musical propose le film au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo.

Piste d’audiodescription au même format DTS-HD MA 2.0.

Traduction optionnelle des intertitres en anglais.

Bonus - 5,0 / 5

En complément, Parcours d’un film supplicié (54’) par Jean Sémolué, auteur de Dreyer, le mystère du vrai, Hervé Dumont, auteur de Jeanne d’Arc, de l’histoire à l’écran et Vincent Pinel, ancien conservateur de la Cinémathèque Française et historien du cinéma. Le premier d’une très longue série de films sur Jeanne d’Arc, aussi vieux que le cinéma, fut tourné en 1895 aux USA. La Passion de Jeanne d’Arc, que Dreyer considérait comme son film le plus important, fut réalisé en France (huit ans après la canonisation de Jeanne la Pucelle, prononcée en 1920) avec de grands moyens : plusieurs mois de tournage, 85 000 mètres de pellicule, un immense décor créé par Hermann Warm (Le Cabinet du docteur Caligari, Les Trois lumières / Der müde Tod).

Après une première projection à Copenhague, le film sort à Paris en octobre 1928, avec quelques coupures exigées par la censure er par l’église romaine. Le négatif nitrate du film ayant brûlé deux mois après, Dreyer en reconstitue un autre à partir de copies et des rushes. À la suite d’une nouvelle destruction en 1931, l’assemblage de copies conservées par des cinémathèques permet de remonter un autre négatif, incomplet celui-là, jusqu’à ce que Lo Duca en découvre un autre en bon état dans les archives de Gaumont, mais qui sera mal reconditionné, avec remplacement par des sous-titres des intertitres et un accompagnement inapproprié de musique baroque. On découvre à Oslo en 1981 un autre négatif en excellent état de la version complète, celle de la première au Danemark, à partir duquel sera opérée la restauration de 1985.

Un complément au film d’un rare intérêt !

La Passion de Jeanne d'Arc

Image - 5,0 / 5

L’image (1.33:1, 1080p, AVC) a été magnifiquement restaurée par Gaumont en 1985 : presqu’impossible de discerner le moindre signe de détérioration de la pellicule et le bruit a été miraculeusement réduit sans dénaturation de la texture originelle. Les gros plans révèlent le moindre détail des visages, parfaitement modelés par un fin dégradé de gris, en contraste avec le blanc lumineux des murs en arrière-plan.

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo restitue avec une belle ampleur le nouvel accompagnement musical composé et interprété en 2016 par Karol Mossakowski sur l’orgue Cavaillé-Coll de l’auditorium de Lyon, en harmonieux contrepoint de l’image. Peut-être le bruit de la soufflerie, assez présent dans certains passages, aurait-il pu être atténué en éloignant les micros de l’orgue.

La Passion de Jeanne d'Arc

Crédits images : © Gaumont

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 14 novembre 2017
La Passion de Jeanne d’Arc, une représentation épurée du procès, fruit du talent de Carl Theodor Dreyer et de la prestation de Renée Falconetti, crée une tension dramatique lancinante jusqu’à la dernière image. Un chef-d’œuvre universel !

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