Marx Brothers - Coffret 5 Films : le test complet du Blu-ray

Coffret Collector

Avec Groucho Marx, Harpo Marx et Chico Marx

Édité par ESC Editions

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Le 18/12/2017
Critique

Marx Brothers - Coffret 5 Films

Noix de coco (The Cocoanuts, 1929, 93 minutes). L’hôtel Coconut ne fait plus recette. Hammer, le patron, invente mille prétextes pour ne pas payer ses salariés, et tente même de vendre aux enchères des terrains marécageux. Deux escrocs débarquent à l’hôtel. Un vol de bijoux va semer la panique.

L’Explorateur en folie (Animal Crackers, 1930, 97 minutes). À son retour d’une expédition en Afrique, le célèbre explorateur Geoffrey T. Spaulding est invité à une grande réception dans la demeure de la richissime Mrs. Rittenhouse. Un tableau de valeur disparaît, remplacé par une copie.

Monnaie de singe (Monkey Business, 1931, 78 minutes). Passagers clandestins sur un paquebot de luxe, cachés dans des tonneaux de harengs fumés, les Marx Brothers sont poursuivis par le capitaine du navire, bien décidé à les mettre aux fers. Deux d’entre eux sont engagés par un gangster qui se trouve à bord. Son rival recrute les deux autres. Un vent de folie souffle sur la croisière.

Plumes de cheval (Horse Feathers, 1932, 67 minutes). Le professeur Quincy Adams Wagstaff est nommé président de l’université de Huxley. Le savoir doit désormais passer au second plan : l’important, c’est de renforcer l’équipe de football pour battre celle de Darwin.

La Soupe au canard (Duck Soup, 1932, 69 minutes). Mrs. Teasdale, une veuve richissime, accepte de renflouer les caisses vides du petit État de Freedonie à condition que son ami Rufus T. Firefly soit nommé premier ministre. La délirante politique qu’il va appliquer mène au chaos et à la guerre contre l’État voisin, la Sylvanie.

Marx Brothers - Coffret 5 films rassemble les cinq premiers films avec les Marx Brothers, pour la première fois disponibles en haute définition, alors que les éditions Universal, sur DVD (en coffret ou single) sorties en 2003 et 2005 sans bonus, étaient depuis longtemps épuisées.

Formés au théâtre, à la musique et à la danse, sous la férule de leur mère, les frères Marx font leurs débuts au music-hall, Groucho en tête, à partir de 1905. Ils forment en 1908 le groupe The Four Nightingales (les quatre rossignols) et font leur entrée à Broadway en 1914 où deux spectacles, Noix de coco, en 1925 et L’Explorateur en folie, en 1928 assureront leur célébrité et susciteront l’intérêt des producteurs de cinéma.

Les films de l’édition Marx Brothers - Coffret 5 films conservent les caractéristiques des spectacles de music-hall avec l’alternance de gags visuels, le slapstick, des calembours de Groucho, crépitant en rafales de mitraillette avec un faire-valoir auquel il laisse peu de chances de placer une réplique, d’interludes musicaux avec chansons et ballets de chorus girls (filmés à la Busby Berkeley dans Noix de coco) et, bien sûr, des démonstrations de virtuosité de Chico au piano (avec la main droite qui vient rythmiquement fusiller de l’index une des touches dans l’aigu du clavier) et de Harpo à la… harpe, les manches de sa chemise retroussées au-dessus du coude.

Marx Brothers - Coffret 5 Films

Le scénario a bien peu d’importance : il n’est qu’un prétexte à la démonstration des différentes facettes du talent des Four Marx Brothers, plus particulièrement de trois d’entre eux, Groucho, Chico et Harpo. On ne verra plus le quatrième, Zeppo, cantonné à des rôles de jeune premier, après La Soupe aux canards et le cinquième frère, Gummo, abandonnera la scène bien avant les premiers films.

Iconoclaste, irrespectueux, politiquement incorrect, caustique… On pourrait encore allonger la liste des adjectifs qui caractérisent l’humour ravageur des Marx Brothers qui, avec des pieds de nez à toute forme de bienséance, dénigrent les valeurs et les institutions, le pouvoir politique dans La Soupe aux canards, l’université et le savoir dans Plumes de cheval où les livres ne servent plus qu’à alimenter le feu dans le bureau du président… Les principes moraux sont allègrement bafoués, les interdits transgressés par Groucho et Chico, deux fieffés escrocs et par Harpo qui pique tout ce qui passe à portée de ses mains, surtout ce qui se mange.

Comme d’autres anars, nos Pieds Nickelés, Croquignol, Ribouldingue et Filochard, les Marx Brothers sont typés. Groucho, moustache au cirage noir, fines lunettes, raie au milieu, jaquette et démarche à grands enjambées, genoux à-demi fléchis, embobine son monde par une intarissable logorrhée, parfois avec la complicité de Chico, avec son accent italien sous un chapeau mou informe. Mais le plus pittoresque, Harpo la chapardeur, visage mobile sous une perruque claire et bouclée, souvent coiffée d’un gibus dans lequel peut se cacher une grenouille, a plus d’un tour dans son sac ou, plutôt, dans son manteau où il fourre une collection d’objets hétéroclites dépassant en diversité l’inventaire de Jacques Prévert : une lampe à souder pour allumer les cigarettes, un gramophone, un téléphone, une tasse de café fumante, un poisson mort, une paire de ciseaux pour couper tout ce qui dépasse, etc., etc… sans oublier un jeu de klaxons à poire pour répondre aux questions qu’on lui pose. Les trois ont en commun d’être attirés comme par un aimant vers tout ce qui porte jupon : Harpo court comme un dératé après toutes les filles que le hasard met sur sa route, alors que Groucho, plus sélectif, ne propose le mariage qu’à toutes celles, mariées ou pas, qui ont du bien au soleil. Quant à Chico, la rumeur dit qu’il était aussi, à la ville comme à l’écran, un sacré coureur !

Une bonne aisance en anglais est un atout précieux pour tirer tout le sel des tirades de Groucho, foisonnantes de calembours intraduisibles, mais aussi dans les échanges sans paroles avec Harpo, le muet, qui sort de ses poches toutes sortes d’objets dont la prononciation s’approche de celui qu’on veut lui désigner. Les laborieuses tentatives de traduction tombent toujours à plat. En dépit de cela, il est bien difficile de résister au burlesque protéiforme et décapant du trio… si l’on n’est pas trop à cheval sur les bonnes manières !

Il faut donc saluer bien bas l’heureuse initiative d’ESC Éditions de ressortir ces cinq premiers films des Marx Brothers avec, en prime, pour la première fois, d’intéressants compléments.

Marx Brothers - Coffret 5 Films

Présentation - 5,0 / 5

Les films de l’édition Marx Brothers - Coffret 5 films, d’une durée allant de 67 à 97 minutes, sont répartis, avec leurs suppléments (d’une durée cumulée de 100 minutes), sur cinq Blu-ray BD-50 logés dans un coffret non fourni pour le test. Même contenu dans l’édition DVD.

Les films sont proposés dans leur version originale, avec sous-titres optionnels, et, pour trois d’entre eux, dans un doublage en français, les deux versions au format DTS-HD Master Audio 1.0. Noix de coco et Monnaie de singe sont uniquement en version originale.

À l’intérieur, un livre de Christophe Chavdia (170 pages), intitulé La Fête des fous, s’ouvre « leur longue route vers le cinéma » pendant les années sur les planches du music-hall, racontées en détail, jusqu’à la consécration à Broadway, de 1924 à 1929, qui assurera une célébrité qui leur ouvrira les portes de la Paramount pour les cinq films du coffret, « la plus pure expression du cinéma burlesque », les premiers films d’une série de treize. Puis, chacun des cinq films est passé en revue : argument, élaboration du scénario, anecdotes de tournage, relations (parfois orageuses) des Marx Brothers avec les réalisateurs, analyse critique de la réalisation, acteurs invités… Viennent ensuite les années de « L’après-Paramount », surtout marquées par Une Nuit à l’opéra, « un film particulièrement réussi ».

Les projecteurs se braquent aussi sur la vie et les caractéristiques de chacun des protagonistes, sur « Chico, le doigt revolver », sur « Harpo, le grand enfant » et sur « Groucho, l’emmerdeur » qui savait aussi manier l’humour avec sa plume, par exemple en affirmant : « Je refuse de faire partie d’un club qui m’accepterait comme membre ! »

Ne sont pas pour autant oubliés, « Zeppo, la cinquième roue du quatuor », ni « Margaret Dumont, la Marx Sister », la riche veuve souffre-douleur de Groucho, le rôle qui lui valut sa relative célébrité. Le livre se referme sur « Une conclusion carabinée ».

Marx Brothers - Coffret 5 Films

Bonus - 4,0 / 5

La présentation de chaque film par Yves Alion constitue une bonne entrée en matière qui peut être conseillée avant le visionnage des films. Le présentateur connaît bien son sujet pour avoir été, notamment, l’auteur de l’ouvrage Les Marx Brothers (Pygmalion, 1997, réédition). Chaque présentation d’une douzaine de minutes donne une utile vue d’ensemble du film, attire l’attention sur certaines scènes et s’élargit sur le jeu des Marx Brothers, sur les caractéristiques de chacun, sur la turbulence des tournages.

En supplément à Noix de coco, Éric et Ramzy, la passion du burlesque (15’). Cet entretien, perturbé par une prise de son défaillante, nous permet de savoir que les deux compères apprécient l’humour transgressif des Marx Brothers, sans rien ajouter au visionnage des films.

Suit, un entretien avec Patrice Leconte (25’, 2017). Il se souvient avoir découvert, encore adolescent, les Marx Brothers au ciné-club qu’il fréquentait à Tours avec Une Nuit à l’opéra, qu’il trouvait alors plus réjouissant que maints classiques du cinéma, au point de choisir, quelques années plus tard La Soupe aux canards pour sujet de mémoire de fin d’études à l’IDHEC (aujourd’hui la Fémis). Il voit le cinéma des Marx Brothers comme « un grand n’importe quoi (…) où rien n’est impossible et tout est permis » et se demande ce qu’auraient pu être leurs films s’ils avaient été tenus dans un cadre plus structuré.

Pour finir, Sam Marx, figurant d’un jour, avec le seule apparition sur un écran, dans un plan de 42 secondes, du père de la fameuse tribu, Sam Marx, dit « Frenchy », car il était né à Strasbourg.

Marx Brothers - Coffret 5 Films

Image - 4,0 / 5

L’image (1080p, AVC), au format original 1.20:1 du début du cinéma parlant pour les trois premiers films et au format 1.37:1 pour Plumes de cheval et La Soupe aux canards, est propre, stable, avec des contrastes assez soutenus, des noirs profonds. Seuls les deux premiers films, Noix de coco et L’Explorateur en folie, affichent parfois des blancs légèrement brûlés. La bonne qualité d’ensemble justifie la note moyenne attribuée.

Marx Brothers - Coffret 5 Films

Son - 3,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0 soulève plus de réserves. Noix de coco, L’Explorateur en folie et La Soupe aux canards sont affectés par un souffle d’un niveau variable, mais en général assez fortement audible dans les passages sans musique. Curieusement, le souffle est plus discret dans les doublages, en partie parce que les dialogues sont plus en avant.

Un autre problème vient d’une saturation des chants et des instruments dans les scènes musicales qui peut être gênante, par exemple lors du solo de Harpo dans Plumes de cheval. Monnaie de singe offre une meilleure qualité.

Enfin, un léger excès de réverbération perturbe occasionnellement l’intelligibilité des dialogues.

Marx Brothers - Coffret 5 Films

Crédits images : © ESC Éditions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 19 décembre 2017
Les cinq premiers films à l’humour dévastateur des Marx Brothers, devenus introuvables, ressortent dans cette belle édition HD, enrichie de bonus inédits et d’un livre de 170 pages.

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