Flagellations (1974) : le test complet du Blu-ray

House of Whipcord

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Pete Walker
Avec Barbara Markham, Patrick Barr et Ray Brooks

Édité par Artus Films

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Le 26/02/2018
Critique

Flagellations

Royaume-Uni, région de Gloucestershire, forêt de Dean en 1974 : dans une campagne reculée, une jeune fille terrorisée au dos atrocement blessé est prise en charge par un camionneur. Retour en arrière quelques semaines plus tôt : à Londres, Anne-Marie, jeune mannequin française délurée qui n’avait pas hésité à poser nue dans un jardin public pour se faire une réputation dans la « jet society », est séduite durant une soirée animée par un certain Mark Desade, riche mais inquiétant jeune homme. Amoureuse, Anne-Marie accepte avec plaisir d’être présentée à sa mère qui vit en province. Elle ignore que cette dernière est une ancienne directrice de prison remariée à un ancien juge, tous deux obsédés par la purification et la rédemption des filles perdues.

Flagellations (House of Whipcord) (GB 1974) de Pete Walker est le film fantastique le plus célèbre de son producteur-réalisateur et, sans doute aussi, le scénario le plus original écrit par David McGillivray. Il faudrait d’ailleurs plutôt dire « le plus mythique » car, passée une brève période d’exploitation française tardive où il tourna en double-programme, visionné dans un silence étouffant et stupéfait par le public populaire, en Province et, au Brady, à Paris entre 1984 et 1990, il devint ensuite presque impossible à visionner durant de longues années, sauf sur une VHS à l’image très sombre, ce qui accentuait d’ailleurs son aspect fondamentalement inquiétant. Sa restitution 2018 en bluray chez nous, en version intégrale, marque une date dans l’histoire de l’exploitation du cinéma-bis : après les USA et l’Angleterre, grâce à Artus films, nous disposons enfin en France d’une édition bluray soignée.

Sur le plan filmographique, Flagellations appartient à la période intéressante de Walker qui va de 1971 (Die Screaming Marianne avec Susan George) à 1983 (House of Long Shadows avec John Carradine, Christopher Lee, Peter Cushing, Vincent Price, le seul titre les réunissant dans l’histoire du cinéma), son âge d’or étant constitué des quatre titres écrits par David McGillivray, à savoir : Flagellations (1974), Frightmare (1974), Mortelles confessions (House of Mortal Sin) (1975), Schizo (1976). Le casting de House of Whipcord est très étonnant : il paraît que Peggy Cummins, la vedette de Le Démon des armes (Gun Crazy) (USA 1950) de Joseph H. Lewis, de Train d’enfer (Hell Drivers) (GB 1957) de Cyril R. Enfield, de Rendez-vous avec la peur (Night of the Demon / Curse of the Demon) (GB 1957) de Jacques Tourneur, avait auditionné pour tenir le rôle de la directrice de la prison mais fut jugée finalement trop belle par Pete Walker pour un rôle par définition antipathique. Sur le fond, le raisonnement peut sembler absurde (après tout les belles actrices Barbara Steele ou Stella Stevens tinrent des rôles semblables dans les années 1975-1985) mais il faut bien avouer que l’actrice finalement choisie, Barbara Markham, y est tout à fait remarquable. Quant à l’actrice Sheila Keith, actrice fétiche de Walker qui l’emploiera à plusieurs reprises, elle est aussi étonnante ici dans le rôle de la gardienne Walker qu’elle le sera dans le rôle de la gouvernante dans Mortelles confessions (House of Mortal Sin / The Confessionnal) (GB 1975) de Pete Walker. Quant à Ann Michelle, la colocataire de Penny Irving, elle avait été la vedette du film érotico-fantastique Virgin Witch (Les Collines du plaisir) (GB 1972) de Ray Austin.

La version intégrale ici restituée en 2017 rajoute environ 15 bonnes minutes inédites dans la copie autrefois exploitée chez nous à partir de 1984 (dix ans après sa réalisation) notamment la séquence, assez intéressante, du repas au restaurant durant lequel Mark (Robert Tayman qui jouait dans le Hammer film Le Cirque des vampires en 1972) se livre à une petite démonstration de sadisme qui fait peur à Anne-Marie et durant laquelle elle lui fait remarquer que son nom de famille est homonyme à celui du marquis de Sade. En conclusion, à quand chez nous une édition française avec VOSTF et VF d’époque (lorsqu’elles existaient) des coffrets The Pete Walker collection volumes 1 et 2 déjà édités par Redemption ? Souhaitons que le succès vidéo de Flagellations et de Mortelles confessions, permette à Artus d’éditer d’autres films fantastiques de Pete Walker, à commencer par ceux écrits par David McGillivray.

Flagellations

Présentation - 4,0 / 5

Edition « combo » 1 Blu-ray + 1 DVD, éditée par Artus Films, collection « British Horror », le 06 mars 2018.

Image couleurs au format 1.66 compatible 16/9 région B encodé en 1080p. Son VF, VO et VOSTF à la norme PCM 2.0. Durée du film : 102 min. sur Blu-ray, 98 mn sur DVD. Suppléments : présentation par David Didelot (60 min. environ) et film-annonce (2,30 min. environ, VOSTF, au format respecté 1.66). Illustration de la jaquette reprenant une affiche US elle-même inspirée par une célèbre photo de plateau du film.

Bonus - 4,0 / 5

Ils consistent en deux suppléments vidéo : une présentation par David Didelot (durée environ 60 mn) et une bande-annonce (2,30 min. environ, VOSTF). La présentation est historiquement précise et illustrée de quelques affiches. Didelot commente en détails (inévitablement piochés dans la meilleure étude anglaise parue sur Walker qu’il possède dans sa bibliothèque, en retranscrivant à ses auditeurs francophones la « substantifique moëlle », comme dirait Rabelais) la bio-filmographie de Walker sur les 15 premières minutes, sa conception de la mise en scène, l’histoire de ses productions, leur réception critique anglaise. On y confirme que l’âge d’or de Walker coïncida avec ses 4 titres (1974-1978) écrits par David McGillivray. Sur le plan de l’histoire du cinéma fantastique anglais, on peut effectivement comparer sa carrière à celle du cinéaste britannique Norman J. Warren : un des films de Walker fut d’ailleurs distribué là-bas en double-programme avec un film de Warren. On rentre dans le vif du sujet (House of Whipcord) vers la trentième minute : sa genèse, sa production, sa réception critique, sa distribution internationale sont examinés avec précision. La bande-annonce originale (VOSTF, au format correct et en bon état chimique) complète le tout. Seule lacune : l’absence d’une galerie affiches et photos d’exploitation anglaise ou américaine.

Bien sûr, pour faire bonne mesure, on aurait pu inclure (en rachetant ses droits pour la France et en lui rajoutant des STF) le commentaire audio de Pete Walker et de son directeur photo Peter Jessop, ainsi que l’entretien (environ 14 min.) réalisé en 2012 avec Walker sur House of Whipcord : ils sont tous deux (en VO sans STF ni même de STA) sur le Blu-ray Kino / Redemption. Mais enfin ne faisons pas la fine bouche face à un tel effort déjà méritant sur le plan financier : celui qui ignorait tout de Walker en saura, de toute manière, beaucoup plus sur lui et ses films, après avoir visionné la présentation de David Didelot.

Flagellations

Image - 4,0 / 5

Restauration Full HD 1080p par transfert direct depuis le négatif 35mm au format original 1.66 couleurs et compatible 16/9. Copie chimique remarquablement restaurée. Un peu de bruit vidéo (veston de Mark dans la voiture) et quelques variations d’étalonnage mais la définition est excellente, les niveaux de noir et de colorimétrie sont bien gérés. C’est dorénavant l’édition de référence Full HD de ce titre de Walker chez nous.

Son - 4,0 / 5

VO, VOSTF et VF d’époque en PCM 2.0 : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Comme d’habitude, la VO est bien mieux équilibrée que la VF d’époque, très savoureuse. Les STF traduisent correctement les dialogues et ils sont bien lisibles, sans être trop gros. Possibilité de changer de langue à la volée durant la vision. La bande-son originale est bien restaurée, la VF d’époque aussi.

Flagellations

Crédits images : © Artus Films

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Panasonic FullHD
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Sony
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p