Mark Dixon, détective (1950) : le test complet du Blu-ray

Where the Sidewalk Ends

Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret

Réalisé par Otto Preminger
Avec Dana Andrews, Gene Tierney et Gary Merrill

Édité par Wild Side Video

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Le 30/04/2018
Critique

Mark Dixon, Détective

Détective au commissariat n° 16 de New York City, Mark Dixon vient d’être rétrogradé : ses supérieurs lui reprochent de ne pas pouvoir maîtriser sa violence. Le lendemain, il repousse un suspect qui l’agresse. L’homme meurt accidentellement en tombant. Mark jette le corps dans la rivière, faisant croire à une fuite, puis, quand le corps est découvert, à un règlement de comptes. Mark va aider Morgan, la fille de Jiggs Taylor, un chauffeur de taxi suspecté d’être le meurtrier, à innocenter son père…

Mark Dixon, détective (Where the Sidewalk Ends, 1950) est le dix-septième de la quarantaine de films réalisés par Otto Preminger, pour lequel il réemploie Dana Andrews et Gene Tierney dont les noms s’étaient inscrits, six ans plus tôt, en haut de l’affiche du mythique Laura.

Voilà longtemps que le DVD, édité en 2004 par Carlotta Films, était devenu introuvable. On appréciera donc l’opportunité de revoir une oeuvre, relativement méconnue, qui tient pourtant une place honorable dans le genre du film noir, dans lequel Hollywood excella dans les années 40 et 50 et que Wild Side nous propose en haute définition après une remarquable remasterisation.

Mark Dixon, détective profite d’un scénario bien construit, adapté par le célèbre Ben Hecht, deux fois oscarisé, d’un roman (Night Cry) de l’écrivain et scénariste William L. Stuart qui inspira ou effectua plus de 25 transpositions pour l’écran, presqu’exclusivement des séries.

Mark Dixon, détective exploite efficacement le thème de l’innocent immanquablement désigné comme un coupable pour sa propension à la violence, en maintenant sans faillir le suspense et en ajoutant une dimension psychologique, celle du sentiment de culpabilité dont souffre Mark, depuis son enfance, pour les crimes de son père, tué lors d’une tentative d’évasion de la prison où il purgeait une longue peine.

La mise en scène fluide, avec des plans très longs, et la direction des acteurs sont les autres atouts du film. Dana Andrews tient là un de ses meilleurs rôles et Gene Tierney est aussi bien photographiée que dans Laura, même si elle est, ici, en retrait du personnage principal. La distribution des rôles secondaires est plus qu’honorable, avec, en particulier, Karl Malden qui sera, six ans après, l’inoubliable (et infortuné) mari de Carroll Baker dans le Baby Doll d’Elia Kazan.

Mark Dixon, Détective

Généralités - 5,0 / 5

Mark Dixon, détective (95 minutes) et ses suppléments (85 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, avec un DVD-9, dans un Mediabook, non fourni pour le test, effectué avec un check disc.

Un livre de 60 pages, abondamment illustré, écrit par Frédéric Albert Lévy, rappelle un fait curieux : dans son autobiographie, jamais Otto Preminger ne cite Where the Sidewalk Ends. Indépendamment de ses qualités, ce film, le dernier qu’il tournera pour la Fox, lui a permis de trouver son indépendance vis-à-vis de Darryl Zanuck qui l’avait aidé à assurer sa notoriété en lui faisant remplacer Rouben Mamoulian pour la réalisation de Laura. Dans un extrait de son autobiographie, Preminger relate que ses rapports pouvaient se tendre avec Zanuck, par exemple quand, en 1947, il l’obligea à réaliser Ambre, en lui imposant Linda Darnell dans le rôle-titre. « Ce fut un tournage interminable », confia-t-il. Frédéric Albert Lévy compare rapidement au personnage du livre, Mark Deglin, explicitement homosexuel, à celui du film, Mark Dixon, un personnage ambigu, mais que Zanuck a voulu rendre plus présentable pour la censure, en dépit de la résistance du scénariste Ben Hecht. Preminger se souvient aussi de l’annonce par Gene Tierney de sa rupture avec John F. Kennedy et du dîner auquel elle participa, après l’élection du nouveau président à la Maison Blanche. Le livre se referme sur une fiche technique du film et la filmographie d’Otto Preminger.

Mark Dixon, Détective

Bonus - 3,5 / 5

En complément, outre la bande-annonce, deux documents inédits :

Gene Tierney, une star oubliée (1.78:1, 2016, 52’), avec Martin Scorsese, Cari Beauchamp, historienne du cinéma, Molly Haskell, critique, Joseph McBride, historien, Alexandre et Cédric Cassini Belmont, petits-fils de Gene Tierney,… Après un bout d’essai en 1938, classée dans la catégorie bonne société, elle est embauchée au salaire de 150 dollars par semaine, à la même époque que Rita Haymorth avec laquelle elle allait devenir une des Fox girls. Pendant six mois, cours de danse, de maintien et de diction avant son premier film, Le Retour de Frank James (Fritz Lang, 1940, avec John Fonda). Elle n’aimait pas sa voix qu’elle jugeait fluette, rien que le tabac et alcool ne puissent arranger ! Malléable et attentive, les scènes avec elle étaient souvent bouclées en une seule prise, ce qui lui valut le surnom de One take Tierney. Sa sensualité fit sensation dans Tobacco Road (John Ford, 1941, toujours absent de nos catalogues !), un des films les plus osés de cette époque. Actrice ambiguë, vulnérable, capable d’interpréter des femmes vertueuses ou les perverses, comme dans Péché mortel (Leave Her to Heaven, John M. Stahl, 1945). Très présente, même dans des longs moments de silence, « née pour le cinéma », ses plus grands rôles furent ceux de Laura et de L’Aventure de Mme Muir (The Ghost and Mrs. Muir, Joseph L. Mankiewicz, 1947), une des plus belles histoires d’amour. Sa vie personnelle ne fut pas toujours facile : un premier enfant handicapé, plusieurs liaisons rompues, six années passées en hôpital psychiatrique… Life is not a movie!

Otto Preminger, cinéaste, par Peter Bogdanovich (33’). Le réalisateur de La Dernière séance (The Last Picture Show, 1971, salué par deux Oscars) dit qu’Otto Preminger ne criait jamais sur le plateau (ce qu’a contredit Gene Tierney, entre autres acteurs) et croyait à l’intelligence du spectateur. C’est avec Laura qu’il abordé le film noir dont le succès lui valut de devenir un des protégés du producteur Darryl Zanuck, fondateur de la Twentieth Century Fox. Il s’est essayé à tous les genres, au film d’aventures, avec La Rivière sans retour qui fit de lui l’un des premiers grands réalisateurs à utiliser le Cinémascope, en 1954, au drame musical, avec Carmen Jones, en 1954, et Porgy and Bess, en 1959, au système judiciaire avec Autopsie d’un meurtre, en 1959, au film historique avec Sainte Jeanne, en 1957, avec une inconnue de 18 ans, Jean Seberg, et Exodus, en 1960, à la politique avec Tempête à Washington (Advise and Consent, 1962), à la guerre avec Première victoire (In Harm’s Way, 1965), au thriller avec le mystérieux Bunny Lake a disparu, en 1965, qui sera suivi par six autres films d’un moindre intérêt. Il a réussi à échapper aux foudres du House Committee on Un-American Activities dans la chasse aux sorcières communistes, en dépit des risques pris avec L’Homme au bras d’or, en 1955, sur l’addiction à la drogue puis, sur la politique, avec Tempête à Washington.

Mark Dixon, Détective

Image - 5,0 / 5

L’image (1.33:1, noir et blanc, 1080p, AVC) est un modèle de restauration. Très stable, elle a été nettoyée de toutes marques de détérioration de la pellicule et le bruit a été réduit sans un lissage excessif qui aurait dénaturé la texture argentique. Des blancs lumineux, des noirs denses et un fin dégradé de gris mettent en valeur la photo du chef opérateur Joseph LaShelle.

Mark Dixon, Détective

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0 est étonnamment propre, débarrassé de tous bruits parasite, avec un souffle résiduel à peine audible. Les dialogues sont très clairs et l’ambiance très présente, grâce à une bonne dynamique. Un faible niveau de distorsion permet d’apprécier la délicatesse de la partition de Cyril J. Mockridge qui composa l’accompagnement musical de dix films d’Otto Preminger.

Mark Dixon, Détective

Crédits images : © Twentieth Century Fox

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 30 avril 2018
Mark Dixon, détective (Where the Sidewalk Ends), un film assez peu connu d’Otto Preminger, avec Dana Andrews et Gene Tierney, le couple pythique de Laura, depuis longtemps indisponible, nous revient, pour la première fois en haute définition, dans une édition exceptionnelle.

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Mark Dixon, détective
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