Leila (1997) : le test complet du Blu-ray

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Dariush Mehrjui
Avec Leila Hatami, Ali Mosaffa et Jamileh Sheikhi

Édité par Elephant Films

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Le 07/05/2018
Critique

Leila

Leila et Reza sont d’heureux jeunes mariés. Le couple moderne va cependant vite être confronté au poids des traditions quand la mère du jeune homme apprend que Leila est stérile. Elle va alors tout faire pour convaincre son fils de se remarier.

Leila, sorti en 1997, est le quatorzième des vingt-quatre longs métrages de Dariush Mehrjui dont le deuxième, La Vache (Gaav, 1969, simultanément édité sur Blu-ray par Elephant Films) est considéré comme un film fondateur du Nouveau cinéma iranien, aussi appelé « Cinéma différent » (Cinemay-e motefavet).

Leila, le troisième d’une suite de films, commencée avec Sara en 1992, pour lesquels Dariush Mehrjui choisit pour personnage principal une femme, choix délicat en des temps où le souvenir de l’ayatollah Khomeini planait encore sur l’Iran.

Leila met, en réalité, deux femmes sur le devant de la scène, Leila, et la mère de Réza. Toutes deux membres de familles aisées, éduquées, adaptées à l’évolution technologique, symbolisée par le téléphone mobile dont les sonneries deviendront un élément important, obsédant même. Les deux femmes ont pourtant des systèmes de valeurs opposés. Leila, comme son mari, croit à l’égalité des sexes. Sa belle-mère, attachée à la tradition, place l’homme en avant et ne peut admettre que Leila ne puisse lui donner un petit-fils pour perpétuer le nom de famille.

Situation paradoxale, car la belle-mère exerce dans la famille une autorité que ne revendique pas le père, tolérant au point de dissuader Leila de se résigner à accepter le rôle de seconde épouse. Tout au long du film, d’ailleurs, ce sont les femmes qui, bien que camouflées, étouffées en apparence sous leur tchador, prodiguent les conseils… portent la culotte, pourrait-on dire.

Leila

Leila Hatami (fille du réalisateur Ali Hatami, dont on aimerait bien voir un jour sortir en vidéo Sooteh-Delan, 1976), tient en incarnant Leila son premier grand rôle qui la conduira, une quinzaine d’années plus tard, à contribuer au succès de Une séparation (Jodaeiye Nader az Simin, Asghar Farhadi, 2011), Oscar du Meilleur film étranger, et à acquérir une reconnaissance internationale confirmée par une suite de Prix d’interprétation féminine à Berlin, Montréal, Karlovy Vary et Palm Springs. Jamileh Sheikhi s’acquitte parfaitement du rôle de la belle-mère, tour à tour enjôleuse et menaçante, dont l’arrivée est annoncée par des cris de corbeau.

Des cadres composés avec goût, une alternance de plans fixes et de plans-séquences fluides, un montage inspiré, rendent l’image captivante. On pourra pourtant être agacé par un recours trop systématique à certains artifices, tels que l’usage très fréquent de la voice over pour communiquer les pensées de Leila, les clins d’oeil des acteurs à la caméra ou la coloration de l’image en rouge ou jaune, ces couleurs, nous dit-on dans le commentaire du film, étant censées représenter, respectivement, l’anxiété et la séparation.

Ces petits défauts formels, vite oubliés, ne peuvent gâcher le plaisir de la découverte d’une oeuvre qui donne envie de voir d’autres films de Dariush Mehrjui, tous encore absents de notre catalogue vidéo, à l’exception de La Vache, pour la première fois éditée sur DVD il y a juste un an.

Leila

Présentation - 3,0 / 5

Leila (124 minutes) et ses suppléments (22 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, en compagnie d’un DVD, dans cette édition combo dont le boîtier ne nous a pas été fourni pour le test.

Le menu animé et musical, dans la charte graphique de la collection Cinéma MasterClass d’Elephant Films, propose le film dans sa version originale au format DTS-HD Master Audio 3.0, avec sous-titres optionnels, bien placés au bas de l’image.

Bonus - 4,0 / 5

En complément :

Commentaire du film (Dolby Digital 2.0, en français) par Banchade Pourvali, critique, auteur d’ouvrages sur Chris Marker, Jean-Luc Godard…, spécialiste du cinéma iranien. Ce commentaire, manifestement bien préparé, a le double avantage de nous renseigner sur les moeurs iraniennes, à commencer par la réunion familiale autour du sholezard, un dessert traditionnel à base de riz, parfumé au safran et à l’eau de rose, mais aussi de commenter et justifier les options techniques et esthétiques du réalisateur.

Présentation du film par Jean-Michel Frodon (22’). Le réalisateur se trouve en 1996 dans une situation paradoxale, à la fois reconnu depuis ses films La Vache (1969) et Le Cycle (1977), et en délicatesse avec les autorités, déjà du temps du Shah, plus encore avec les religieux gouvernant la république islamique, ce qui l’a poussé à s’exiler un temps. Si Leila a peu à voir avec la religion, il se focalise sur le poids de la tradition et sur l’influence de la famille sur les choix individuels. Le regard de Dariush Mehrjui sur les personnages est critique, mais jamais méprisant. Jean-Michel Frodon fait une fine analyse, image à l’appui, de la scène importante où, vers la fin du film, Leila voit, pour la première fois, la seconde épouse. Il souligne aussi l’importance de deux objets, le téléphone, l’outil d’intrusion de la famille dans la vie de Leila et la voiture, une sorte de bulle qui abrite Réza et Leila des pressions de leur entourage.

Pour finir, la bande-annonce de Leila et de trois autres films iraniens, La Vache (Gaav, le premier grand film de Dariush Mehrjui, 1969) Le Coureur (Davandeh, Amir Naderi, 1984), Close-Up (Nema-ye Nazdik, Abbas Kiarostami, 1990), sortis le même jour en édition combo DVD/Blu-ray.

Leila

Image - 5,0 / 5

L’image (1080p, AVC), au format inhabituel 1.90:1, lumineuse, d’une propreté et d’une précision remarquable, agréablement contrastée, propose une fine palette de couleurs, soigneusement étalonnées (comme indiqué plus haut, des dominantes rouges ou jaunes, à la valeur symbolique apparaissent délibérément dans certaines scènes). Le grain a été réduit au point d’être presqu’imperceptible, sans altération de la texture argentique.

Son - 4,5 / 5

Le son, remasterisé au format DST-HD Master Audio 3.0, lui aussi, très propre, restitue les dialogues clarté et l’accompagnement musical aéré avec finesse.

Leila

Crédits images : © Elephant Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 7 mai 2018
Leila, le dernier volet d’une trilogie de Dariush Mehrjui sur le thème délicat de la femme en Iran, accompagné d’utiles bonus, donne envie de voir d’autres films du réalisateur, tous encore absents de notre catalogue vidéo, à l’exception de La Vache, simultanément proposé par Elephant Films.

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