Réalisé par Sean Baker
Avec
Brooklynn Prince, Bria Vinaite et Willem Dafoe
Édité par Le Pacte
Moonee, Scooty, et Jancey, 6 ou 7 ans, ont pour terrain de jeu le modeste motel où se sont installées leurs mères célibataires, le Magic Castle, à quelques centaines de mètres de Disney World. Ils sont, pour l’instant, investis dans un concours de lancement de crachats sur une voiture garée sous la galerie du motel. Les protestations de la propriétaire du véhicule amènent sur la scène de crime Bobby, le gérant de l’établissement, Halley, la mère de Moonie et Ashley, celle de Scooty…
The Florida Project, présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2017, est le septième long métrage de Sean Baker, suivant Tangerine, réalisé en 2015, qu’un autre éditeur sort en même temps en vidéo.
Derrière la façade du Magic Castle, fraîchement repeinte en rose bonbon et parme, la réalité est moins pimpante : les chambres étroites, pauvrement meublées, à 38 dollars la nuit, accueillent (avec quelques punaises) celles et ceux que le rêve américain a laissés au bord de la route, tout près d’hôtels de luxe, pourtant inaccessibles.
The Florida Project frappe par son réalisme. Cela tient d’abord à la distribution : hormis Willem Dafoe, dans le rôle de Bobby, les acteurs, pas seulement les enfants, sont débutants, y compris Bria Vinaite/Halley, 24 ans, d’origine lituanienne, dont l’expérience dramatique se limitait à quelques vidéos postées sur l’Internet. On la reverra dans deux films en 2019.
Ensuite, le film n’a pas été tourné en studio, mais dans un motel, dans les boutiques qui l’entourent, en bordure de Disney World, un vaste terrain de jeux pour Moonie, Scooty, Jancey et les autres. Patiemment dirigés, ils semblent, sauf à de très rares moments, avoir oublié la caméra.
The Florida Project, de plus, en dépit de la dramatique précarité de la condition des résidents du Magic Castle, évite tout misérabilisme : les enfants sont heureux et Halley, insouciante, trouve toujours une solution pour régler son loyer, semaine après semaine, à chaque relance de Bobby, en revendant aux touristes de passage, avec une bonne marge, des fioles de parfum achetées dans une grande surface. Les enfants s’offrent des glaces en quémandant les quelques cents qu’ils disent leur manquer.
This is life, man!
C’est ainsi que Moonee manifeste son contentement, quand, rassasiée à la fin d’un repas pantagruélique que sa mère lui offre de temps à autre, elle ne peut plus avaler une bouchée. Une façon d’envoyer un pied de nez à la mauvaise fortune et le signal d’un bruyant concours de rots !
Tout événement est une occasion de distraction gratuite pour la communauté du motel, une bagarre dans le parking, le feu d’artifice tiré de l’emblématique château de Cendrillon, ou, phénomène plus rare, l’incendie, provoqué par les enfants, d’une des maisons d’un lotissement désaffecté.
The Florida Project, soigneusement mis en scène, parfaitement photographié et cadré par Alexis Zabe, le chef opérateur attitré de Carlos Reygadas (Lumière silencieuse, 2007, Post Tenebras Lux, 2012), a glané çà et là une soixantaine de prix dont beaucoup sont allés saluer la performance de Willem Dafoe qui incarne avec une remarquable justesse le modeste rôle du manager du motel, prompt à rappeler à l’ordre ses clients, mais aussi à les protéger.
The Florida Project (112 minutes) et ses suppléments (45 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier non fourni pour le test.
Le menu animé et musical propose le choix entre la version originale, avec sous-titres imposés, ou un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 5.1.
Piste d’audiodescription DTS Digital Surround 2.0 et sous-titres pour malentendants.
Making of The Florida Project (22’). Après une arrivée par hélicoptère sur le motel rose et parme, on assiste à différentes phases du tournage : réunion du comité de production, répétitions avec les enfants, discussion entre le réalisateur et le chef opérateur pour filmer sous les averses. Une séquence a été prise en caméra cachée pour assurer une plus grande spontanéité des acteurs…
Entretien avec le réalisateur Sean Baker (11’), enregistré à Cannes pendant la Quinzaine des réalisateurs. Il avoue l’influence sur son oeuvre, particulièrement sur The Florida Project, du cinéma de Bruno Dumont, notamment de la minisérie P’tit Quinquin, et aussi du cinéma d’Abel Ferrara, de Ken Loach et de Mike Leigh. The Florida Project est un film hyperréaliste : à l’observation de personnages vivotant au seuil de la pauvreté, se mêle la comédie pour faire découvrir à une audience plus large des conditions de vie dont elle n’a probablement pas conscience. Il souligne l’importance du choix des acteurs. Les enfants s’ennuient vite : une personne a été embauchée avec mission de les garder intéressés sans relâche…
Entretien avec l’actrice Bria Vinaite (10’), interrogée à Cannes. Elle a été repérée par des vidéos qu’elle avait postées sur Instagram et embauchée pour le rôle de Halley, son tout premier rôle, après trois jours d’audition. Elle a apprécié l’attention du réalisateur à mettre les acteurs à l’aise, à les aider à entrer dans la peau des personnages, à accueillir certaines de leurs suggestions…
Pour finir, un bêtisier (3’) et la bande-annonce.
L’image (2,40:1, 1080p, AVC) propose une palette, composée en postproduction, de couleurs délibérément acidulées, adoucissant légèrement le piqué. Surprenants au début, ces tons vifs se fondent à ceux des boutiques situées en bordure du parc d’attraction.
Le son DTS-HD Master Audio 5.1, restitue clairement les dialogue et assure une réaliste sensation d’immersion dans l’ambiance sonore, dominée par les bruits du motel et de la circulation sur l’autoroute toute proche.
Crédits images : © Marc Schmidt / Harryson Thevenin