Réalisé par Guillermo del Toro
Avec
Sally Hawkins, Michael Shannon et Richard Jenkins
Édité par 20th Century Studios
Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultrasecret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres…
La Belle et l’Ablette
Dans la série « tout le monde s’emballe pour des choses pourtant déjà vues ailleurs », voici La Forme de l’eau, le 10e long métrage de Guillermo del Toro (Le Labyrinthe de Pan). 4 Oscars, dont celui du meilleur film, pour une compilation d’images et d’idées piochées ici et là, mises en image d’une façon assez pompeuse et il faut le dire ennuyeuse au possible.
Alors qu’il déclare avoir voulu une créature la plus originale possible, il faudrait être franchement aveugle pour ne pas voir le mélange de L’Étrange créature du Lac Noir (film de chevet de Del Toro) et de la créature amphibienne Abe de la série de comic books Hellboy (qui mange aussi des oeufs) et adapté au cinéma par Del Toro. Étant donné le contexte historique donné au film (années 60 / guerre froide), on se demande même au cours du film si il n’a pas voulu faire une pseudo-suite de L’Étrange créature du Lac Noir où le monstre aurait été capturé et emmené vers la civilisation, façon King Kong. Mais après avoir fait état de ces « inspirations » et autres auto-copier/coller, force est de constater que Del Toro ne s’arrête pas là et photocopie idée, façon de filmer et même chorégraphie de scène avec pèle-mêle le même synopsis qu’une pièce de théâtre signée David Zindel, une photographie et une intro qui rappellent violemment Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain (de Jean-Pierre Jeunet) et enfin la scènes de danse sur le lit et la salle de bain inondée qui sortent tout droit de Delicatessen (toujours de Jean-Pierre Jeunet - et Marc Caro - qui n’a pas hésité à faire savoir son « étonnement » au réalisateur mexicain).
Si au moins, le tout était assemblé de façon passionnante… même pas. Les personnages sont caricaturaux au possible, le look and feel des années 60 est plus fantasmé que réaliste, le scénario prend l’eau de toutes parts et il ne reste guère que les effets spéciaux splendides, les décors somptueux et le maquillage très réussi de la créature pour laisser quelques impressions positives.
Cette énième fable façon « La Belle et la Bête » est une production certes ambitieuse visuellement, mais ceux qui s’y usent les yeux pourrait tout aussi bien regarder du côté du cinéma européen (et français) pour y trouver, bien plus tôt que 2018, des oeuvres teintées d’une folie et d’une poésie similaires, à commencer justement par Delicatessen.
Fox délivre une édition simple de son pourtant « chef-d’oeuvre » aux 4 Oscars » avec un boîtier simple, un disque non-sérigraphié et un menu très basique. La galette est accompagnée d’un leaflet pour récupérer la copie digitale du film.
Guillermo del Toro est très content de son film, il le trouve très beau et il le dit ! Tous les modules de cette sélection de bonus sont empreints d’auto-satisfaction et de louanges à la gloire du maestro mexicain…
Un conte de fées pour temps agités
est un making of en 4 parties qui aborde les éléments classiques de la production d’un tel film : histoire, créature, décors, musique…Deux analyses de scènes sont ensuite proposées, l’intro aquatique et la scène de comédie musicale, avec un focus sur les difficultés techniques.
Puis vient un module sur l’illustrateur James Jean qui a dessiné l’une des affiches du film.
Et enfin une masterclass (un montage très serré en fait), de Guillermo del Toro et ses collaborateurs techniques sur le film. Le montage est tellement serré, que l’on n’a pas le temps de savourer grand chose des explications et anecdotes du réalisateur.
L’énorme travail de photographie, de lumière et de décors est parfaitement respecté par l’encodage AVC de ce Blu-ray qui délivre une image somptueuse et délivre une palette de couleurs très fine. La définition est au petits oignons, de quoi apprécier de très près les détails de la créature.
Fox oblige pas de HD pour la VF qui se contente d’un DTS standard certes efficace, mais franchement indigne d’un Blu-ray qui s’offre un piste VO DTS-HD Master Audio 5.1 pleine de subtilités et de profondeur, et où la musique d’Alexandre Desplat semble onduler sans le moindre effort.
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