Le Spécialiste (1969) : le test complet du Blu-ray

Specialisti, Gli

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Sergio Corbucci
Avec Johnny Hallyday, Sylvie Fennec et Mario Adorf

Édité par TF1 Studio

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Le 08/06/2018
Critique

Le Spécialiste

Charlie, le frère de Hud, a été lynché après avoir été injustement accusé de vol par les habitants de Blackstone. Pour le venger, Hud fait route vers la petite ville. Il est alors témoin de l’attaque d’une diligence dont il parvient à sauver les passagers. Fêté en héros, il rencontre le shérif de Blackstone puis fait la connaissance de Virginia, la veuve du banquier qui avait confié de l’argent à Charlie.

Réalisateur éclectique d’une soixantaine de longs métrages, Sergio Corbucci (1927-1990) est appelé par Johnny Hallyday lui-même, qui lui fait part de son désir de collaborer avec lui. Le metteur en scène de Django, Le Justicier du Minnesota et Le Grand Silence, sorti l’année précédente, accepte. Le western européen, qui avait explosé en 1964 avec Pour une poignée de dollars de Sergio Leone est alors à son apogée en 1969. De cette association naît Le Spécialiste (Gli Specialisti en italien), film aujourd’hui très prisé par les fans de l’idole des jeunes et qui avait connu un honnête succès à sa sortie en attirant plus d’1,2 million de spectateurs dans les salles en avril 1970. Aujourd’hui, Le Spécialiste reste une curiosité qui vaut bien plus pour la mise en scène de Sergio Corbucci que pour la prestation assez transparente de Johnny Hallyday.

Hud Dixon, cow-boy solitaire et taciturne, se rend à Blackstone, petite bourgade du Nevada, dans l’intention de venger la mort de son frère Charlie. Accusé à tort d’avoir dérobé les fonds de la banque qu’il était chargé de surveiller, ce dernier s’est fait lyncher par les gens du coin, mais le butin reste toujours introuvable. Hud est persuadé que son frère a été victime d’un complot et va tout faire pour retrouver les coupables. Les habitants ne sont pas rassurés par la présence de ce pistolero, surtout que le maire vient d’interdire l’usage des armes à feu. Dès son arrivée, Hud prend contact avec le shérif et avec Virginia, la veuve du banquier. Tous nient avoir été mêlés à la mort de Charlie et se refusent à aider Hud dans ses recherches. Entre-temps, le cow-boy sauve Sheba, une belle paysanne, des griffes de son beau-frère, un individu brutal. La jeune femme s’éprend de Hud et confirme l’innocence de Charlie. Pendant ce temps, un bandit mexicain du nom de El Diablo veut à tout prix mettre la main sur l’argent volé…

S’il reste un grand nom du cinéma bis italien, c’est avec les péplums, Romulus et Rémus et Le Fils de Spartacus, que Sergio Corbucci se fait un nom. Production franco-germano-italienne tournée dans la province de Belluno en Vénétie, Le Spécialiste est un vrai western spaghetti dans lequel Johnny Hallyday campe un pistolero hérité de l’Homme sans nom interprété par Clint Eastwood dans la trilogie du Dollar. Cheveux blonds, teint hâlé, yeux bleus reptiliens à la Franco Nero, Johnny Hallyday a une gueule, c’est indéniable, mais c’est autre chose concernant le talent d’acteur. En fait, Le Spécialiste c’est un peu comme si le chanteur arborait un déguisement réussi de cowboy, mais dans un décor artificiel du genre Frontierland d’un parc Disney. On ne croit pas à son personnage et malgré son investissement dans les scènes d’action, Johnny Hallyday n’est guère crédible dans les gunfights. S’il n’a de cesse d’imiter le regard plissé et la bouche pincée de Clint Eastwood, il prend surtout la pose en mode duckface avant l’heure et n’a pas suffisamment d’aura pour tenir le film sur ses petites épaules. D’ailleurs, le réalisateur n’est pas dupe et laisse une belle place aux seconds rôles, notamment Gastone Moschin (le Sheriff) et Mario Adorf (le révolutionnaire mexicain El Diablo).

La véritable star du Spécialiste demeure Sergio Corbucci lui-même. Le cinéaste s’intéresse aux personnages, à leurs tourments, espoirs et doutes, tout en offrant aux spectateurs ce pour quoi ils sont venus avec des fusillades rondement menées, des trahisons fatales, des règlements de comptes dans une ville où chacun semble avoir quelque chose à se reprocher. Même s’il ne peut s’empêcher de calquer encore le western américain, Le Spécialiste trouve indéniablement ses propres marques avec un style souvent baroque et le caractère pittoresque de certains tueurs ou situations, comme quand les habitants sont tous obligés de se mettre à poil et de ramper. N’oublions pas le charme et la sensualité de Françoise Fabian à qui le costume du Far West sied à ravir.

Donc oui, en dépit d’un manque de rythme, Le Spécialiste est un film à voir, mais plus pour les partis pris et intentions de son auteur qui annoncent le Matalo de Cesare Canevari avec ses hippies dégénérés, que pour Johnny qui joue du Colt et du poing.

Le Spécialiste

Présentation - 3,5 / 5

Le test du Blu-ray du Spécialiste, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Le film est présenté dans sa version intégrale.

Bonus - 2,0 / 5

L’excellent Jean-François Rauger, directeur de la programmation de la Cinémathèque, revient sur Le Spécialiste de Sergio Corbucci (25’), dont une rétrospective est d’ailleurs programmée du 9 au 29 juillet 2018 dans le temple français du septième art. Rauger insiste sur le décalage créé par la présence de Johnny Hallyday dans un western italien, ainsi que sur le « jeu » du comédien calqué sur la référence iconique de Clint Eastwood dans la trilogie de Sergio Leone. L’origine du projet, le relatif succès du film en France, le casting, les conditions de tournage, la mise en scène de Sergio Corbucci, les tensions entre Françoise Fabian et le réalisateur, tout y est abordé avec passion et humour.

L’interactivité se clôt sur deux bandes-annonces. Cette édition combo Blu-ray/DVD dispose également un livret exclusif et inédit de 32 pages comprenant Le Guitariste, parodie du film en bande-dessinée signée Guichard et Morchoisne, parue dans Pilote en 1970 et rééditée ici pour la première fois.

Image - 4,5 / 5

TF1 Studio livre un master HD qui permet aux spectateurs de redécouvrir Le Spécialiste dans de très belles conditions techniques. Les volontés artistiques du chef opérateur Dario Di Palma (Affreux, sales et méchants, Mimi métallo blessé dans son honneur) sont respectées, à l’instar de la texture argentique originale. Le confort de visionnage est indéniable, avec de très belles couleurs. Le piqué est flagrant, l’apport HD non négligeable sur plans larges, les séquences sombres sont aussi bien définies que le reste, les noirs sont concis, les détails fort appréciables. N’oublions pas le relief des textures, la profondeur de champ inédite, la stabilité et la restauration 4K (à partir du négatif image 35mm Technicolor-Techniscope) très impressionnante effectuée par L’Immagine Ritrovata.

Son - 4,0 / 5

Les pistes italienne et française DTS-HD Master Audio sont de même acabit. Les deux versions délivrent leurs dialogues avec suffisamment d’ardeur et les ambiances annexes sont dynamiques. S’il fallait vraiment les différencier, la piste italienne s’avère plus modérée, les voix des comédiens apparaissent plus fluides et les ambiances plus naturelles et homogènes. Dans les deux cas, aucun souffle intempestif n’est à déplorer, la propreté est de mise et la partition du prolifique compositeur Angelo Francesco Lavagnino est restituée avec efficacité. Les sous-titres sont imposés sur la version italienne. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Adelphia Compagnia Cinematografica / Les Films Marceau / Neue Emelka

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis
Multimédia
Le Spécialiste
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