Le Dernier face à face

Le Dernier face à face (1967) : le test complet du Blu-ray

Faccia a faccia

Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre

Réalisé par Sergio Sollima
Avec Tomás Milián, Gian Maria Volontè et William Berger

Édité par Wild Side Video

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Le 12/10/2018
Critique

Le Dernier face à face

Professeur d’histoire à la santé fragile, Brad Fletcher se retire sous le soleil du Texas. Au cours de son périple, il est contraint de venir en aide à Beauregard Bennet, un célèbre hors-la-loi blessé. Tout les oppose et, pourtant, l’érudit idéaliste et le malfrat illettré finissent par se vouer une admiration réciproque. Lorsque Brad intègre la bande de Beauregard, la « Horde sauvage », de nouveaux horizons s’ouvrent aux deux hommes…

Le Dernier face à face (Faccia a faccia, 1967, qui sera rebaptisé Il était une fois en Arizona pour sa ressortie française en 1977), est le deuxième des trois westerns réalisés par Sergio Sollima, après Colorado (La Resa dei conti, 1966, disponible depuis 2013 dans un édition Wild Side comparable à celle que nous testons aujourd’hui), et Saludos hombre (Corri uomo corri, 1968). Scénariste et réalisateur, Sergio Sollima s’est essayé à tous les genres, au policier, notamment avec La Poursuite implacable (Revolver, 1973, dont la sortie dans un digibook édité par M6 Vidéo est annoncée pour fin novembre), à l’aventure avec Le Corsaire noir (Il Corsaro nero, 1976) et une série, Sandokan, en 1976.

Bien reçu en Italie, amputé de plus d’un quart d’heure, Le Dernier face à face n’eut qu’un accueil mitigé ailleurs, comme en France où il n’a été distribué qu’en 1969, uniquement dans une version doublée et raccourcie. Sa ressortie en 1977 ne changera guère la donne.

La violence individuelle est un crime, la violence de masse, c’est l’Histoire !

Le Dernier face à face, s’il n’a pas la force de La Horde sauvage (The Wild Bunch) que Sam Pekinpah réalisera deux ans plus tard, reste pourtant un digne représentant du western européen, un genre florissant du milieu des années 60 au milieu des années 70 dont les fleurons ne se limitent pas aux cinq réalisations de Sergio Leone, allant de Pour une poignée de dollars (Per un pugno di dollari, 1964) à Il était une fois la révolution (Giù la testa, 1971).

Le Dernier face à face

Le Dernier face à face, présenté ici dans le montage de sa sortie italienne (Sergio Sollima avait proposé un premier montage de 2h30 qui fut recalé par le producteur), vaut pour un scénario cohérent qui permet de suivre, pas à pas, les effets du « face à face » entre deux personnages opposés, le professeur d’université affaibli par la maladie mais pétri de valeurs humanistes, farouche défenseur du principe de justice, et un pistolero sans éducation, ni foi, ni loi, prêt à tirer sur tout ce qui bouge sans se poser de questions. Le scénario montre clairement le cheminement en sens contraire des deux personnages par l’effet d’une sorte d’osmose, le professeur grisé par le sentiment de puissance que lui procure un colt 45 à la main, le chef de la « Horde sauvage » s’imprégnant progressivement de l’humanisme qu’avait prôné le professeur.

Le Dernier face à face s’enrichit également d’une dimension politique, particulièrement dans cette scène où Brad Fletcher, après qu’il ait laissé exploser ses pulsions en violant une jeune femme qui prenait son bain dans une rivière, va chercher à se justifier dans une ardente tirade au soutien de la violence organisée, la violence de masse, une allusion assez claire au fascisme qui tint les rênes de l’Italie de 1922 à 1943 et avec lequel le réalisateur a grandi.

Un atout majeur du film est le choix inspiré des acteurs, non seulement pour leur talent, mais aussi parce leur physique et leurs attitudes naturelles correspondent à leur personnage. L’aversion mutuelle des deux acteurs, exprimée par de fortes tensions pendant le tournage, a probablement renforcé devant la caméra l’antagonisme des deux protagonistes. Et, en prime, la musique d’Ennio Morricone !

Le Dernier face à face

Présentation - 5,0 / 5

Le Dernier face à face est proposé dans un Mediabook contenant deux disques. Sur le Blu-ray BD-50, le film dans son montage original, étiqueté « director’s cut » (111’) et la version dite internationale (94’), la seule sortie dans les salles françaises.

Le menu animé et musical propose, pour le montage original, le film dans sa version originale en italien, avec des sous-titres imposés, mais idéalement placés sur la bande noire, ou dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 1.0. La version « internationale » est disponible en italien et en anglais, les deux également au format DTS-HD MA 1.0.

Sur le DVD-9, uniquement la version longue (105’), en italien ou doublée en français, au format Dolby Digital 1.0.

Deux suppléments sur le Blu-ray (33’), un seul sur le DVD (3’).

Le livre de 80 pages, abondamment illustré, contient un texte d’Alain Petit. Entre 1966 à 1968, de 60 à 70 westerns européens sortent chaque année. Le Dernier face à face eut un beau succès commercial en Italie, mais une diffusion quasi-clandestine aux USA et n’est distribué à Paris par les Films Marbeuf, qu’en 1969, dans une seule salle des Grands Boulevards, amputé par de nombreuses petites coupes, pour éviter le couperet de la censure, et par des plus sévères, pour cantonner la durée autour des 90 minutes et éviter aux exploitants de perdre une séance quotidienne. Ressorti en 1977 avec un nouveau titre et une affiche accrocheuse, il sera diffusé pour la première fois en version originale à la télé par Canal+ dans la case Cinéma de quartier. Alain Petit évoque l’écriture du scénario « à quatre mains » avec Sergio Donati, scénariste des westerns de Sergio Leone, puis Alberto Grimaldi, producteur de la plupart des westerns tournés en Espagne, mais aussi de films de Federico Fellini, Pier Paolo Pasolini, Bernardo Bertolucci… Il souligne également l’apport du producteur espagnol Arturo González. Le livret se poursuit avec une courte biographie et filmographie de Sergio Sollima, Tomás Milian, Gian Maria Volontè et de William Berger. L’ouvrage se referme sur un bref rappel de l’apport au western européen d’Ennio Morricone et du chef d’orchestre et compositeur Bruno Nicolai.

Le Dernier face à face

Bonus - 4,0 / 5

Entretien avec Jean-François Giré (29’), auteur de Il était une fois le western européen, en deux volumes : 1901-2008 et Les dernières chevauchées du western européen (Bazaar&Co, 2008 et 2012). À l’apogée du western italien, de 1964-1968, Sergio Sollima a trouvé son style avec ce deuxième western qui a fait de lui, avec Sergio Leone et Sergio Corbucci l’un des trois « Sergio » qui ont donné à ce genre très populaire ses lettres de noblesse. Le film retrace l’évolution psychologique en sens opposé des deux personnages avec des seconds rôles bien écrits, comme dans la plupart des westerns italiens. Critique et auteur d’un ouvrage sur le cinéma américain, Sergio Sollima rend souvent hommage au western américain, notamment à John Ford dans la séquence où tout le monde se met à danser. Dans le western italien, les femmes, loin d’être des potiches, sont inscrites dans la dramaturgie. On peut déceler l’influence sur le film de Glauber Rocha et du cinéma japonais, qui a probablement poussé Sollima à réaliser un premier montage de 2h30. L’orchestration d’Ennio Morricone est très complémentaire de l’image. Jean-François Giré souligne aussi une caractéristique intéressante des trois westerns de Sergio Sollima : leur scène finale est située dans le désert qui devient l’espace dans lequel le personnage s’est libéré de tout.

La restauration du film (4’). Giordano Guillem, membre de l’équipe Wild Side, nous invite dans le laboratoire où a été opérée la fabrication du master haute définition du film, pour la première fois édité en HD dans son montage original. « Il n’y avait aucun intérêt pour Wild Side à présenter la version courte », dit-il, ce qui conforte notre sentiment sur l’inutilité de sa présence dans la nouvelle édition. Tous les plans exclusifs de la version longue ont été restaurés, upgradés, puis étalonnés pour les raccorder au master HD existant de la version courte.

Le Dernier face à face

Image - 4,5 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC), stable, bien résolue, avec des contrastes équilibrés, donne une bonne impression de profondeur. La restauration a éliminé les taches en laissant subsister un léger grain, ce qui préserve la texture originelle de la pellicule. Les couleurs sont bien étalonnées, dans une palette chaude où dominent rouges et ocres.

Son - 3,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0 de la version originale, très propre lui aussi, pratiquement sans souffle, comme celui du doublage plutôt réussi, assure la clarté des dialogues, dans une bonne balance avec l’ambiance, un peu mate, et l’accompagnement musical, affecté par des saturations dans les aigus des passages forte.

Le Dernier face à face

Crédits images : © Wild Side

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 12 octobre 2018
S’il n’a pas l’envergure des cinq westerns de Sergio Leone, Face à Face reste aujourd’hui un digne représentant du western européen. Cette exceptionnelle édition, accompagnée d’un entretien avec un des spécialistes du genre, nous permet, pour la première fois en France, de voir le film dans son montage original.
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christian
Le 13 mars 2009
Pas de commentaire.

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