La Vengeance aux deux visages (1961) : le test complet du Blu-ray

One-Eyed Jacks

Édition Prestige limitée - Blu-ray + DVD + goodies

Réalisé par Marlon Brando
Avec Marlon Brando, Karl Malden et Katy Jurado

Édité par Carlotta Films

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Le 23/07/2018
Critique

La Vengeance aux deux visages

Mexique, 1880. Dad Longworth et Rio sont poursuivis par les Federales après le braquage d’une banque. Dad, censé chercher une monture pour remplacer le cheval de Rio, part avec l’or en abandonnant son ami. Cinq ans après, Rio s’évade de la prison de Sonora avec une seule idée en tête : faire payer sa trahison à Dad, devenu sheriff de Monterey…

La Vengeance aux deux visages (One-Eyed Jacks, désignant familièrement le valet de pique et le valet de coeur, dessinés de profil dans les jeux de cartes), unique à plus d’un titre, est la seule réalisation de Marlon Brando. L’acteur devait initialement produire le film dans le giron de la Paramount. Mais les exigences de Stanley Kubrick, sortant du tournage de Spartacus et pressenti pour la réalisation, ont changé la donne et poussé Marlon Brando à se substituer à lui.

Mon foyer… c’est juste l’endroit où mon cheval s’arrête

Une autre particularité du film est son détournement des canons du western. Très librement adapté de The Authentic Death of Hendry Jones, un roman de Charles Neider, inspiré de la relation entre Billy the Kid et Pat Garrett, le scénario, à l’écriture duquel a collaboré Sam Pekinpah, prend peu à peu ses distances avec les clichés du western pour s’ancrer dans le drame psychologique, centré sur la personnalité de Rio, personnage complexe, équivoque, d’une duplicité et d’une brutalité sans scrupules, cependant respectueux de son propre code de l’honneur. Marlon Brando s’efforcera de racheter le personnage vers la fin du film en émoussant quelque peu la force et l’originalité du récit.

La Vengeance aux deux visages est aussi le tout dernier film tourné en VistaVision, un procédé pour écran large, sans anamorphose, inventé par les Paramount Studios en 1954 : le défilement horizontal de la pellicule 35 mm assurait une meilleure résolution que celle obtenue par les autres caméras, à défilement vertical.

Marlon Brando compensa son inexpérience en multipliant les prises. Le remaniement par Paramount de son premier montage de près de 5h30, le découragea d’endosser à nouveau le costume de réalisateur, mais nous laisse espérer voir un jour le director’s cut, même dans une copie non restaurée.

La Vengeance aux deux visages a d’autres atouts, notamment sa distribution. Marlon Brando, au faîte de sa gloire, entre L’Homme à la peau de serpent (The Fugitive Kind, Sidney Lumet, 1960) et Les Révoltés du Bounty (Mutiny on the Bounty, Lewis Milestone & Carol Reed, 1962), retrouve Karl Malden, le futur détective Mike Stone de la série Les Rues de San Francisco, avec lequel il avait partagé l’affiche de deux films d’Elia Kazan, Un Tramway nommé désir (A Streetcar Named Desire, 1951) et Sur les quais (On the Waterfront, 1954). Figurent aussi dans la distribution de célèbres figures du western, comme Katy Jurado, révélée par Le Train sifflera trois fois (High Noon, Fred Zinnemann, 1952) qui lui valut l’Oscar du meilleur espoir, et Slim Pickens, un ancien cowboy principalement filmé en train de chevaucher, y compris une bombe dans Docteur Folamour (Dr. Strangelove or: How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb, Stanley Kubrick, 1963).

La Vengeance aux deux visages vaut également pour la beauté de la photographie du chef opérateur Charles Lang, oscarisé en 1932 pour L’Adieu aux armes (A Farewell to Arms, Frank Borzage), mais aussi au perfectionniste de Marlon Brando.

Un film rare à découvrir ou revoir dans une version superbement restaurée.

La Vengeance aux deux visages

Présentation - 4,0 / 5

La Vengeance aux deux visages (141 minutes) et ses maigres suppléments (5 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 et sur un DVD-9 (135’) logés dans une boîte noire en épais carton, un peu plus grande qu’un DVD, avec un portrait, retouché façon peinture à l’huile, de Marlon Brando, peace maker dans la main droite.

À l’intérieur, une réduction au format 534 x 381 mm de l’affiche du film, différente de l’affiche originale, reprenant le graphisme du couvercle de la boîte, un facsimile du dossier promotionnel destiné aux exploitants de salles, avec synopsis et photos du matériel publicitaire (affiches de différents formats, silhouette en contreplaqué du héros…), et une collection d’une douzaine de photos d’exploitation.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, ou dans un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 1.0 (Dolby Digital 1.0 sur le DVD).

Bonus - 2,0 / 5

Introduction de Martin Scorsese (3’). Il rappelle l’approche intuitive, improvisée, de Marlon Brando : les nombreux rushes ont abouti à un premier montage de près de 5h30. La multiplication des prises et ses exigences artistiques (il pouvait suspendre longtemps le tournage à Monterey dans l’attente des vagues idéales !) ont entraîné d’importants dépassements du budget. C’était aussi le dernier film tourné par Paramount Studios en VistaVision. La restauration a été opérée à partir d’un négatif original, avec consultation de Martin Scorsese et Steven Spielberg. Intéressant, mais bien court !

L’introduction de Martin Scorsese est le seul supplément repris de l’édition Criterion sortie aux USA en novembre 2016 qui contenait près d’une heure et demie de bonus vidéo.

Pour finir, la bande-annonce.

La Vengeance aux deux visages

Image - 5,0 / 5

L’image (1.85:1) ne se contente pas de restituer à la perfection l’étonnante définition de la VistaVisionrévélant les menus détails sur toute la profondeur de champ des plans larges. Elle est, aussi, très stable, lumineuse, solidement contrastée, avec des noirs denses, avec une délicate palette de couleurs naturelles, bien étalonnées. Un minutieux nettoyage a éliminé toutes les marques du temps, en ne laissant qu’un grain très fin, dans le respect de la texture originelle.

Son - 5,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0 de la version originale, lui aussi méticuleusement nettoyé des bruits parasites et du souffle, assure un défilement stable et, pour un film de cette époque, une impressionnante dynamique et une belle ouverture de la bande passante. Très peu de distorsions.

Cette appréciation vaut pour le doublage qui place les voix un peu trop en avant.

La Vengeance aux deux visages

Crédits images : © 1960 PENNEBAKER, INC. Tous droits réservés.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 24 juillet 2018
La Vengeance aux deux visages, le seul film réalisé par Marlon Brando, détourne les canons du western au profit d’un drame psychologique interprété par un exceptionnel duo d’acteurs. Un film unique, d’une rare beauté graphique, livré après une exemplaire restauration de l’image et de son.

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La Vengeance aux deux visages
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