Les Dames du Bois de Boulogne (1945) : le test complet du Blu-ray

Édition Digibook Collector - Blu-ray + DVD + Livret

Réalisé par Robert Bresson
Avec Paul Bernard, Maria Casarès et Élina Labourdette

Édité par TF1 Studio

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Le 24/10/2018
Critique

Les Dames du Bois de Boulogne

Hélène a juré de se venger de Jean, son amant qui la délaisse. Elle retrouve une de ses amies qui loue sa jeune fille à de riches fêtards. Hélène s’arrange alors pour que Jean rencontre la jeune Agnès. Mais celui-ci tombe amoureux d’Agnès et décide de l’épouser.

Les Dames du Bois de Boulogne n’est pas un film sur les femmes de petite vertu. Loin de là. Le second long métrage de Robert Bresson (1901-1999) est un drame sombre et impitoyable qui a connu un tournage chaotique à la fin de l’Occupation Allemande, avec de longs arrêts en raison de la Libération de Paris, des prises de vue durant une saison rude, des pannes d’électricité, des alertes aux bombardements, une pellicule limitée, des tensions entre le réalisateur et Maria Casarès. Le film s’inspire librement de l’histoire de Mme de la Pommeraye dans Jacques le fataliste et son maître, de Denis Diderot, qui vient d’ailleurs d’être adaptée par Emmanuel Mouret avec Mademoiselle de Joncquières. Sorti en 1945, ce deuxième essai est un coup de maître, qui cependant ne connaîtra pas le succès critique et commercial des Anges du péché (1943). Sur des dialogues signés Jean Cocteau, même si ce dernier aura toujours déclaré n’avoir participé que de façon amicale, Les Dames du Bois de Boulogne permet à son auteur de trouver et d’imposer son style, notamment à travers un immense travail sur le son.

Hélène a la désagréable impression que son amant, Jean, lui échappe. Pour vérifier ses suppositions et faciliter de pénibles aveux, elle prêche le faux et apprend à son grand désarroi que Jean ne l’aime plus. Blessée, Hélène décide de se venger et monte un plan minutieux. Elle s’arrange pour que Jean rencontre Agnès, une danseuse de cabaret fort séduisante qu’elle a prise sous sa protection. Comme Hélène l’avait prévu, le plan fonctionne à merveille et Jean tombe immédiatement amoureux de la jeune femme. Consciente de ses écarts passés, Agnès manque de faire échouer la combinaison d’Hélène en révélant dans une lettre écrite à son fiancé qu’elle n’est qu’une fille perdue. Mais Jean refuse de lire la missive…

Les Dames du Bois de Boulogne

S’il n’atteint pas les sommets comme pourront le faire plus tard Un Condamné à mort s’est echappé (1956) et Pickpocket (1959), Les Dames du Bois de Boulogne ne cesse d’épater par sa maîtrise formelle, encore plus lorsque sont connues les conditions des prises de vues. Il n’est ainsi pas rare de voir de la buée sortir de la bouche des comédiens, puisque le chauffage n’était pas disponible sur le plateau. Au-delà de cette situation particulière, Les Dames du Bois de Boulogne foudroie surtout par son histoire de vengeance échafaudée par la vénéneuse Hélène, interprétée par l’incroyable Maria Casarès, révélation des Enfants du Paradis de Marcel Carné. Drapée de noir, en deuil de ses illusions amoureuses, le regard froid et déterminé, la comédienne ne cesse d’étonner encore aujourd’hui par la modernité de son jeu. Cela contraste totalement avec celui parfois ampoulé du stoïque et falot Paul Bernard (après les défections d’Alain Cuny et de Jean Marais), vu dans Lumière d’été (1943) de Jean Grémillon et Le Bossu (1944) de Jean Delannoy.

Pour se venger d’être délaissée, Hélène jouera les bonnes âmes en installant deux anciennes connaissances, Madame D. et sa fille Agnès (la belle Élina Labourdette), endettées, dans un appartement près du Bois de Boulogne. En réalité, Hélène, connaissant le passé « sulfureux » d’Agnès, fait tout pour la jeter dans les bras du mondain Jean, pour ensuite tout révéler et ruiner la réputation de son ancien amant et l’humilier en public. Avec ses décors dépouillés signés Max Douy, la fulgurance des dialogues (la patte de Cocteau est évidente), la photo N&B sèche de Philippe Agostini et son montage percutant où le cinéaste expérimente sur le son, Les Dames du Bois de Boulogne est un drame qui vaut surtout pour le jeu intense de Maria Casarès. Pourtant, Robert Bresson, trouvant le jeu de sa comédienne souvent excessif et reniant même le film, décidera de ne plus faire appel qu’à des acteurs non professionnels, ses célèbres « modèles ».

Les Dames du Bois de Boulogne

Présentation - 3,5 / 5

Le test du Blu-ray des Dames du Bois de Boulogne, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le disque est estampillé du H de la collection Héritage. Le menu principal est animé sur une des séquences du film. Le Blu-ray s’accompagne également du DVD du film, glissés dans un boîtier Digibook avec un livret.

Bonus - 2,5 / 5

Outre la bande-annonce originale, l’éditeur joint un entretien complet et passionnant de l’historien du cinéma français, Jean-Ollé Laprune (27’). Ce dernier revient longuement sur les débuts de la carrière de Robert Bresson, puis détaille le contexte particulier et difficile du tournage des Dames du Bois de Boulogne. Jean-Ollé Laprune évoque également le producteur Raoul Ploquin, l’adaptation de l’oeuvre de Denis Diderot, la participation de Jean Cocteau aux dialogues, le casting, la mise en scène de Robert Bresson, l’utilisation du son à des fins dramatiques et l’accueil frileux du film.

Image - 4,5 / 5

Les Dames du Bois de Boulogne a été restauré 4K par les laboratoires Hiventy, à partir des négatifs image et son nitrate. En dehors de quelques fils en bord de cadre, d’une poignée de points blancs et des rayures verticales, la propreté est ahurissante, les contrastes fermes, la stabilité indéniable et les partis pris du chef opérateur Philippe Agostini sont respectés avec un N&B étonnant de détails. Le grain argentique, bien géré, est heureusement respecté, tout comme le format original. Superbe Blu-ray.

Son - 4,0 / 5

La piste DTS-HD Master Audio Mono instaure un haut confort acoustique avec des dialogues percutants et une très belle restitution des effets annexes, très importants chez le cinéaste. Un très léger souffle, mais rien d’alarmant, tout comme les chuintements occasionnels. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © 1945 TF1 Droits Audiovisuels

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm