Suffering of Ninko (2016) : le test complet du Blu-ray

Ninkô no junan

Édition collector - Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Norihiro Niwatsukino
Avec Masato Tsujioka, Miho Wakabayashi et Hideta Iwahashi

Édité par Spectrum Films

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Le 25/09/2018
Critique

Suffering of Ninko

Il était une fois… Une femme nous montre des estampes et nous conte l’histoire de Ninkô, un jeune moine bouddhiste ascète de l’époque Edo, tourmenté par son pouvoir de séduction qu’il exerce, bien involontairement, sur les femmes… et même sur les hommes. Un sentiment de culpabilité le pousse à entreprendre un voyage purificateur. Il croise le chemin du rônin Kanzô qui le conduit jusqu’à un village dont la plupart des hommes sont morts : Yama-onna, un démon féminin, les a séduits et laissés à l’état de momie après avoir aspiré toute leur énergie…

Suffering of Ninkô (Ninkô no junan), commencé en 2012 et sorti en 2016, est le premier et, à ce jour, le seul long métrage de Norihiro Niwatsukino. Une entreprise très personnelle : producteur du film, il a écrit le scénario, assuré le montage, conçu les effets visuels et l’animation. Diplômé des beaux-arts, avec une expérience de la vidéo, de l’animation et des effets spéciaux, il a réalisé quelques courts métrages, dont Strawberry Jam, en 2010, joint dans les suppléments.

Suffering of Ninkô, présenté dans plusieurs festivals internationaux, mais pas sorti dans nos salles, est une curiosité. Déjà pour son contenu érotique désormais rarement exploité par le cinéma japonais, mais aussi pour son mélange de drame historique, de comédie musicale et de fantastique avec l’apparition de Yama-onna, une créature maléfique du pandémonium des yokais, rappelant le vampire de Kwaidan (Kaidan, Masaki Kobayashi, 1964). Le film se distingue encore par sa forme, entrelaçant images réelles et animation.

L’illustration musicale ajoute à son étrangeté avec le choix, pour l’accompagnement d’un ballet érotique, du Boléro de Ravel, arrangé pour des instruments japonais anciens, tels le shamisen et le shakuhachi.

Suffering of Ninkô est aussi un conte moral, un questionnement du refoulement de la sexualité. Le sûtra du coeur, vantant la perfection de la sagesse, psalmodié recto tono à de multiples reprises, presqu’avec rage, n’y fait rien : Ninkô reste assailli par des visions de femmes lascives et dénudées jusqu’à la folie… tout simplement provoquée par la répression de pulsions naturelles !

Les quelques baisses de tension dont « souffre » Suffering of Ninkô sont largement compensées par l’esthétique des scènes réelles et animées, habilement reliées les unes aux autres, ainsi que par des moments de poésie, notamment dans cette longue scène où Ninkô, se mortifiant sous une cascade, voit lentement sortir de l’eau plusieurs femmes nues.

Une curiosité de plus dans les sorties récentes de l’éditeur Spectrum Films, spécialisé dans la diffusion d’inédits du cinéma asiatique, après The Terrorizers, Colonel Panics, Marlina : La tueuse en 4 actes et Memories of Matsuko.

Suffering of Ninko

Présentation - 4,0 / 5

Suffering of Ninkô (70 minutes) et ses généreux suppléments (82 minutes) tiennent un Blu-ray BD-50 et un DVD-9, logés dans un boîtier de 11 mm, glissé dans un étui.

Le menu animé et musical propose le film dans sa seule version originale, au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 (Dolby Digital 2.0 sur le DVD), avec sous-titres imposés, bien placés au bas de l’image.

Bonus - 4,0 / 5

Entretien avec le réalisateur (43’, Spectrum Films en association avec Third Window Films, 2018). Encore au collège, il voulait devenir dessinateur de mangas, puis créateur de jeux vidéo. Après une formation universitaire aux métiers de la vidéo, il a réalisé à Tokyo, en tant qu’indépendant, son premier court métrage réussi, Strawberry Jam. Puis parallèlement à ses activités dans la vidéo, il a écrit le scénario de Suffering of Ninkô (à partir d’un conte Kaidan ancien). Il a produit lui-même le film en rassemblant un budget de 100 000 dollars, l’a monté, a créé les séquences d’animation et les effets visuels et supervisé la postproduction, a acheté des kimonos d’occasion (les louer aurait coûté trop cher). Le casting a été un peu compliqué en raison de deux exigences : les hommes devaient se raser la tête et les femmes se dénuder. Il lui a fallu six mois de recherches pour trouver des temples acceptant le tournage d’un film au thème érotique. La production a duré trois mois et le tournage deux semaines, à l’entrée de l’hiver 2012. Mais le montage, l’animation et la postproduction, la scène de la danse, avec la recherche de fonds supplémentaires, se sont étalés sur quatre ans. Il avoue être plus attentif à la photographie, à l’aspect visuel, qu’à la direction des acteurs. La courte durée du film résulte du budget limité, mais aussi de la volonté d’attirer ainsi un plus large public. Il reconnaît l’influence du cinéma de Sion Sono ou de Takeshi Kitano. Il a choisi le thème de la répression sexuelle, aussi celui de Strawberry Jam, le cinéma indépendant n’étant pas soumis à l’autocensure apparue dans le cinéma japonais contemporain, parce qu’il permet d’explorer la frontière entre l’humain et l’inhumain. Il travaille aujourd’hui à un autre film sur ce thème. L’échec du film au Japon et son succès à l’étranger va l’encourager à faire des films qui ne soient pas trop focalisés sur les spécificités nippones, mais puissent être compris universellement. Un complément très pertinent.

Critique par Les Cousins font leur cinéma (7’). Ils relèvent le mélange des genres, l’association d’images réelles et d’animation, l’utilisation du ralenti et de l’accéléré dans une même séquence, le thème de la répression sexuelle…

Strawberry Jam, court métrage (2010, 1.78:1, 32’). La fille de producteurs de fraises, l’étudiante Eriko, tartine une brioche de généreuses couches de confiture de fraises pour son petit déjeuner. Elle quitte son appartement en prenant soin d’emporter avec elle un plein pot de confiture. Elle le donnera à Endo, un étudiant que la pauvreté condamne au pain sec. L’image d’Endo se léchant le doigt après l’avoir trempé dans le pot de confiture s’impose à Eriko… jusqu’à l’obsession !

Pour finir, la bande-annonce.

Suffering of Ninko

Image - 3,5 / 5

L’image (1.78:1, 1080p, AVC), exempte de taches, stable, bien résolue (un peu trop lissée dans les gros plans sur les visages), apparaît comme recouverte d’un léger voile blanc estompant les contrastes. Les noirs, manquant de densité, tendent à se boucher dans les scènes en basse lumière.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono (Dolby Digital 2.0 sur le DVD), propre, bénéficie d’une large bande passante, d’une bonne dynamique et d’une finesse qui sert un accompagnement musical insolite.

Crédits images : © Spectrum Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 25 septembre 2018
Suffering of Ninkô, présenté dans plusieurs festivals internationaux, mais pas sorti dans nos salles, est une curiosité pour son contenu, un mélange d’érotisme, de comédie et de conte fantastique. Mais aussi pour sa forme, entrelaçant images réelles et animation.

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Suffering of Ninko
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