Réalisé par Ken Scott
Avec
Dhanush, Bérénice Bejo et Erin Moriarty
Édité par TF1 Studio
Aja, un jeune arnaqueur de Mumbai entame, à la mort de sa mère, un extraordinaire voyage sur les traces du père qu’il n’a jamais connu. Il rencontre l’amour à Paris dans un magasin de meubles suédois, le danger en compagnie de migrants somaliens en Angleterre, la célébrité sur une piste de danse à Rome, l’aventure dans une montgolfière au-dessus de la Méditerranée, et comprend finalement ce qu’est la vraie richesse et qui il souhaite devenir.
En 2012, Starbuck de Ken Scott est comme qui dirait le sleeper de l’été 2012 en France. Cette géniale comédie québécoise emporte tout sur son passage et attire près d’un demi-million de spectateurs dans son sillage. Suivront un remake aux Etats-Unis, Delivery Man, mis en scène par Ken Scott lui-même avec Vince Vaughn, Chris Pratt et Cobie Smulders, un autre en France sous le titre Fonzy avec José Garcia, et un dernier en Inde, Vicky Donor. Le réalisateur s’associe à nouveau avec Vince Vaughn pour un film beaucoup moins convaincant, Jet Lag. Le cinéaste essaye de revenir par la grande porte avec une production destinée au marché international, L’Extraordinaire Voyage du fakir, adapté du roman de Romain Puértolas, L’Extraordinaire Voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, best-seller de l’année 2013, traduit dans une trentaine de pays. Pour sa transposition au cinéma, le titre du livre perd la marque de la célèbre entreprise suédoise, bien qu’elle apparaisse évidemment dans une scène centrale du film. Malgré son envie de toucher un large public, le soin apporté aux couleurs et aux décors, L’Extraordinaire Voyage du fakir manque sérieusement d’âme et d’intérêt. Cela n’empêche pas de constater que Ken Scott est un cinéaste solide, capable de porter un film au budget conséquent puisque malgré ses très nombreux points faibles, l’argent se voit à l’écran du début à la fin.
Ajatashatru est fakir. Un jour, il quitte New Delhi pour la France. Il y rencontre rapidement une américaine, dont il tombe amoureux. Mais Ajatashatru est accidentellement expulsé avec des clandestins africains. Envoyé aux quatre coins de l’Europe, il va tenter de retrouver celle qu’il aime.
Le premier acte est gênant puisque L’Extraordinaire Voyage du fakir rappelle furieusement Slumdog Millionaire de Danny Boyle dans son traitement des couleurs, ses partis pris, sa mise en scène, le jeu des comédiens, cette succession de vignettes à la Marjane Satrapi, par ailleurs envisagée un temps à la réalisation. Le film pâtira de cette comparaison jusqu’au dénouement. Véritable star du cinéma tamoul et parfait inconnu du public français, le comédien - mais aussi chanteur, réalisateur et producteur - Dhanush est très attachant, drôle et émouvant. C’est grâce à lui que l’on tient jusqu’au bout du récit. L’ensemble prend la forme d’une fable qui rappelle parfois le cinéma de Costa-Gavras, notamment Eden à l’Ouest avec Riccardo Scamarcio. L’histoire joue avec les clichés, parfois trop, puisque l’arrivée en France d’Ajatashatru s’accompagne d’un air d’accordéon. Débarque alors un Gérard Jugnot en anglais dans le texte, dans le rôle d’un chauffeur de taxi qui arnaque bien évidemment les passagers étrangers. Comme il y a plus quarante ans dans La Coccinelle à Monte-Carlo dans lequel il faisait une apparition en serveur parigo, Gérard Jugnot représente ici le franchouillard gouailleur et colérique, qui n’apparaît que quelques minutes à l’écran. Bérénice Bejo, dans un rôle envisagé pour Uma Thurman, est mieux servie et se débrouille mieux en anglais. Sa scène de danse à la Bollywood arrive certes comme un cheveu sur la soupe, mais reste probablement la meilleure du film et ses trois heures d’entraînement par jour pendant un mois sont gratifiantes.
L’Extraordinaire Voyage du fakir est constamment ponctué de petits moments sympathiques et fantaisistes de ce genre, à l’instar de l’instant comédie-musicale où des officiers de police, dont le génial Ben Miller, se mettent à chanter et à danser en parlant de l’émigration, des réfugiés et des sans-papiers. En fait, le film parle de problèmes de société, mais le fond n’est jamais convaincant, tout comme cette pseudo-romance bourrée de clichés. Finalement, ce qui importe le plus est le voyage d’Aja, qui se révélera initiatique malgré-lui. C’est ce côté Jules Verne, à mi-chemin entre Les Tribulations d’un chinois en Chine et Le Tour du monde en 80 jours qui retient l’attention. Mais c’est malheureusement trop peu et ce feel good movie déçoit sévèrement, même si l’on garde confiance en Ken Scott.
Malgré son échec cinglant, L’Extraordinaire Voyage du fakir dispose d’une édition HD. Le test du Blu-ray disponible chez TF1 Studio a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé, lumineux et musical.
Un seul supplément au programme avec un making of (22’) très plaisant, animé et blindé d’images de tournage. Le réalisateur, les acteurs, le directeur de la photographie, la costumière, le compositeur et bien d’autres interviennent afin de parler des personnages, des conditions de prises de vues, des lieux de tournage et du roman original.
Le master HD restitue solidement les volontés artistiques du chef opérateur Vincent Mathias, césarisé pour Au revoir là-haut. Ken Scott a filmé son film entièrement en numérique via la caméra RED Weapon DRAGON 6K. La patine est donc bien laquée, les couleurs vives, chaudes et clinquantes, les contrastes léchés et le relief constamment palpable. Ces partis pris esthétiques bigarrés sont savamment pris en charge par une compression sans failles, la définition demeure exemplaire sur tous les plans et tout du long, sur les scènes sombres comme sur les lumineuses séquences diurnes. Les détails sont légion sur le cadre, le piqué aiguisé et la copie éclatante. C’est superbe.
L’Extraordinaire Voyage du fakir n’est pas un film à effets et les mixages français et multilingue DTS-HD Master Audio 5.1 ne font pas d’esbroufe inutile. L’essentiel de l’action est canalisé sur les enceintes avant, même si chacune des séquences en extérieur entraînent inévitablement des ambiances naturelles sur les latérales. Il en est de même pour la bande-son souvent explosive, systématiquement mise en valeur par l’ensemble des enceintes comme lors de la séquence « Bollywood ». Les voix demeurent claires, limpides, solidement délivrées par la centrale, tandis que le caisson de basses accompagne joyeusement les scènes appropriées. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
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