Under Fire (1983) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Roger Spottiswoode
Avec Nick Nolte, Gene Hackman et Joanna Cassidy

Édité par ESC Editions

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 10/09/2018
Critique

Under Fire

Nicaragua, 1979. Dans Managua, une capitale mise à feu et à sang par les combats qui opposent les révolutionnaires sandinistes aux troupes du dictateur Somoza, les journalistes américains Russell Price, Alex Grazier et Claire Sheridan couvrent les événements au péril de leur vie. Ils prennent d’autant plus de risques que, bientôt, les circonstances les poussent à rompre leur devoir de neutralité…

Under Fire, sorti en 1983, est le troisième long métrage pour le cinéma de Roger Spottiswoode, probablement un des films les plus importants qu’il ait réalisés avec, sur des thèmes aussi graves, en 2007, Shake Hands with the Devil (édité au Royaume Uni), sur le génocide au Rwanda et, en 2008, Les Orphelins de Huang Shi sur le sauvetage d’orphelins chinois pendant l’occupation japonaise. Il convient d’ajouter Hiroshima (disponible au Royaume Uni), un documentaire-fiction, coréalisé en 1995 avec Koreyoshi Kurahara pour le cinquantième anniversaire du lâcher de la bombe atomique.

Under Fire, tourné au Nicaragua, sur les lieux mêmes où se sont produits certains événements qui ont précipité la chute du dictateur Anastasio Somoza, frappe par son réalisme. En évitant toute surreprésentation spectaculaire, le réalisateur a toutefois mis en oeuvre d’importants moyens pour reconstituer le chaos engendré par les affrontements entre les révolutionnaires et la Garde Nationale, avec une foule de figurants, des chars, des effets pyrotechniques convaincants et des décors de rues entières dévastées par la guérilla.

L’idée du film est partie d’un fait divers : l’exécution, le 20 juin 1979 à Managua par la Garde Nationale, du reporter de la chaîne ABC Bill Stewart, que le gouvernement de Somoza a tenté d’imputer aux sandinistes. Une manoeuvre qui n’avait aucune chance de réussir, la scène ayant été filmée. Sa diffusion créa un tel émoi que le gouvernement des USA, sous l’administration de Jimmy Carter, retira aussitôt son soutien à Somoza qui dut abdiquer moins d’un mois plus tard.

Under Fire

Under Fire bénéficie d’une solide distribution. Gene Hackman interprète Alex Grazier, l’image de Bill Stewart. À ses côtés, dans le rôle principal, Nick Nolte, que Roger Spottiswoode avait rencontré quelques années avant sur le plateau d’un film dont il avait signé le scénario, 48 heures (Walter Hill, 1982), Joanna Cassidy qui sortait du tournage de Blade Runner, et, dans la peau d’un mercenaire, Ed Harris. N’oublions pas Jean-Louis Trintignant que le réalisateur avait remarqué dans Z de Costa-Gavras.

Under Fire tire d’autres atouts de la solidité du scénario de Ron Shelton, le premier qu’il ait écrit, de la qualité de la photographie de John Alcott, oscarisé pour Barry Lyndon (Stanley Kubrick, 1975), du montage de Mark Conte, dont on peut apprécier l’efficacité dans les scènes où Nick Nolte est pourchassé par la Garde Nationale dans le dédale d’un bidonville.

Under Fire, en plus d’une présentation réaliste du métier de reporter en zone d’hostilités, soulève également quelques questions morales, celle de l’objectivité du regard du journaliste sur les événements dont il est le témoin, celle la tentation de biaiser, voire de falsifier l’information, par exemple en truquant une photo.

Bien que le film prenne ouvertement le parti des révolutionnaires, la démission de Somoza et l’arrivée au pouvoir des sandinistes n’ont pas marqué la fin des difficultés du Nicaragua, très vite retombé dans la guerre civile, gangrené par la corruption, asphyxié par la ruine de son économie. Avec l’élection en 2007 de Daniel Ortega, un certain calme est revenu, fragile toutefois : au printemps de 2018, la répression de manifestations contre la réforme de la sécurité sociale a, à nouveau, plongé le pays dans de violents affrontements qui ont fait des centaines de morts…

Under Fire

Présentation - 3,0 / 5

Cette réédition soigneusement restaurée, attendue pour remplacer l’édition MGM / United Artists, sortie en 2004 et depuis longtemps épuisée, vient enrichir le catalogue d’ESC Éditions.

Under Fire (128 minutes) et ses suppléments (52 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier non fourni pour le test.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, au format DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo, avec sous-titres optionnels, ou dans un doublage en français au format DTS-HD MA 2.0 mono.

Under Fire

Bonus - 5,0 / 5

Entretien avec Roger Spottiswoode (26’). Le coude appuyé sur le zinc d’un bistro parisien, en 2018, le réalisateur se souvient qu’un producteur lui a suggéré de réaliser un film sur l’assassinat du reporter Bill Stewart. Cet événement sera repris dans le scénario écrit par Ron Shelton, alors débutant, montrant la vie des journalistes de guerre, leur difficulté à rester indépendants, leur sympathie envers l’un des belligérants pouvant les conduire jusqu’à la fabrication de fake news. Rober Spottiswoode avoue avoir, pour la réalisation d’Under Fire, été influencé par le film Z de Costa-Gavras, sorti en 1969, ce qui l’a poussé à approcher Jean-Louis Trintignant, et par La Bataille d’Alger (La Battaglia di Algeri, Gillo Pontecorvo, 1966). Il avait rencontré Nick Nolte pendant le tournage de Les Guerriers de l’enfer (Who’ll Stop the Rain, Karel Reisz, 1978) dont il était producteur associé. Le film est complaisant vis-à-vis des sandinistes bien que la corruption se fût déjà bien installée quand le tournage commençait. Pour veiller au réalisme, il s’est assuré les conseils d’un journaliste de guerre, Matthew Naythons. Il a pu choisir Jerry Goldsmith pour l’accompagnement musical après avoir été conquis par la partition de Patton (Franklin J. Schaffner, 1970). Il dit avoir beaucoup appris du monteur John Bloom et de Sam Peckinpah avec lequel il a collaboré, de 1971 à 1973, au montage de trois de ses films, Chiens de paille, Guet-apens (The Getaway) et Pat Garrett et Billy The Kid. Under Fire a été mieux reçu en Europe qu’aux USA où il est sorti en même temps que L’Étoffe des héros (The Right Stuff, Philip Kaufman, 1983).

Under Fire

Jerry Goldsmith : l’expérimentation auditive (26’), par Olivier Desbrosses, rédacteur en chef du site underscores.fr. Après avoir commencé à composer pour la radio et la télévision, Jerry Goldsmith a abordé le cinéma, avec son propre style, recherché, marqué par une rythmique complexe, et s’est vite imposé, en 1968, avec les partitions de La Planète des singes, premier pas d’une longue collaboration avec Franklin J. Schaffner qui se poursuivra avec Patton et Papillon, puis avec la musique de cinq des films de la saga Star Trek. Under Fire est sa première composition où le synthétiseur est placé en avant de l’orchestre, un exemple de son goût pour la recherche. Sa musique ne cherche jamais à paraphraser l’image, mais plutôt à s’harmoniser avec les émotions des personnages. Il ménageait de longues plages sans musique : près de quarante minutes s’écoulent avant que se fasse entendre la marche des sandinistes, un des quatre thèmes du film. Quentin Tarantino, admirateur de cette composition, en a utilisé quelques pages pour l’accompagnement d’une scène de Django Unchained.

Deux compléments inédits, particulièrement intéressants.

Under Fire

Image - 4,5 / 5

L’image (1.85, 1080p, AVC), lumineuse, parfaitement nettoyée, avec un bruit réduit jusqu’à la limite au-delà de laquelle la texture argentique aurait été dénaturée, propose une fine palette de couleurs où domine l’ocre. Avec des noirs bien denses, les contrastes sont fermes, légèrement trop doux dans quelques rares séquences en extérieur.

Under Fire

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo de la version originale, par une discrète séparation des deux voies, améliore légèrement la sensation d’immersion dans l’ambiance et donne un peu plus d’ampleur à la belle partition de Jerry Goldsmith, scandée par les accents rauques de la flûte de pan, très naturellement restitués. La qualité de la version doublée se rapproche de celle de la version originale, avec des dialogues toutefois assez monotones.

Under Fire

Crédits images : © ESC Éditions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

4,5
5
1
4
1
3
0
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
Philippe Gautreau
Le 10 septembre 2018
Under Fire, en plus d’une présentation réaliste du métier de reporter en zone d’hostilités, soulève la question de l’objectivité du regard du journaliste sur les événements dont il est le témoin. Cette première édition sur Blu-ray, soigneusement restaurée, est accompagnée de deux remarquables suppléments inédits.
Avatar
Jean
Le 31 décembre 2005
Le Nicaragua sous la dictature de Somoza,le pouvoir s'accroche et utilise,pour cela,tous les moyens licites ou non. Ed Harris campe un mercenaire sans foi ni loi qui tue par habitude et change d'employeur au gré des événements,JL Trintignant est une barbouze cynique qui,curieusement,n'est pas antipathique.Gene Hackman campe un vieux baroudeur qui voit ses amours et sa carriére commencer à décliner.Nick Nolte interpréte de maniére fabuleusement juste ,une sorte de chevalier blanc du grand reportage .Joanna Cassidy est superbe en journaliste de terrain.La mise en scéne est virile et efficace,le film est passionnant.A voir absolument.

Lire les avis »

Multimédia
Under Fire
Bande-annonce VO

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)