Free and Easy (2016) : le test complet du Blu-ray

Qîng ôōng yú kuài

Édition Collector Blu-ray + DVD

Réalisé par Geng Jun
Avec Xu Gang, Zhang Zhiyong et Xue Baohe

Édité par Spectrum Films

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Le 15/01/2019
Critique

Free and Easy

Un homme portant un attaché-case arrive, en plein hiver, dans une petite ville industrielle quasi-désertée du nord-est de la Chine. Il croise un moine bouddhiste proposant des pendentifs « bénis par 108 maîtres » en échange de dons pour la reconstruction d’un temple détruit par un incendie, un chrétien prosélyte à la recherche de sa mère disparue, un professeur de kung-fu, une femme qui cherche à brader un bracelet en or pour nourrir sa famille, un fonctionnaire menacé de perdre son emploi s’il ne retrouve pas le voleur d’un arbre bordant la route. Les savonnettes aux quatre parfums que vend le nouveau venu endorment tous ceux à qui il les fait sentir qu’il peut ainsi dépouiller de leur argent, de leur montre, de leur téléphone mobile…

Free and Easy (Qîng ôōng yú kuài), écrit et réalisé en Chine Populaire par Geng Jun en 2016, lui a valu plusieurs récompenses, dont le Prix du meilleur réalisateur au Golden Horse Film Festival de Taipei et le Special Jury Award à Sundance. C’est son cinquième long métrage, après Barbecue (2004), Youth (Qingnian, 2009) sur l’errance de jeunes dans la même région du nord-est de la Chine, Poetry and Disease, un documentaire sorti en 2011 sur le poète Zhang Xixi et The Hammer and Sickle Are Sleeping (Chui zi lian dao dou xiu xi, 2013).

Free and Easy est particulièrement original, d’abord pour son cadre, celui d’une ville fantôme aux rues envahies par l’herbe et jonchées de détritus et de carcasses de voitures, bordées de maisons, de petits immeubles et d’usines désaffectés, aux baies ouvertes à tous les vents. Les vestiges d’un passé industriel et les stigmates d’une crise économique. Sur l’horizon embrumé, se dresse une cheminée d’où sort de la fumée, dans le lointain ronflement d’une activité industrielle, déplacée à des kilomètres de là.

Free and Easy tire également son particularisme de la dizaine de personnages qui, faute de pouvoir survivre autrement dans cette région déshéritée, escroquent leur prochain. Chacun essaye de gruger l’autre, un jeu vain entre fauchés. Les deux policiers oisifs qui végètent dans un commissariat lépreux sont, eux aussi, loin d’être innocents.

Soigneusement réalisé, avec une utilisation ingénieuse du cadre 2.35:1, cette parabole tragi-comique au rythme lent, sur la banalité, voire sur l’inanité d’une existence sans but, sans valeurs, en marge de toute vie sociale, devient une farce à l’humour noir. Le genre de film dévoilant l’envers du décor qu’on aurait jamais imaginé, il y a encore quelques décennies, pouvoir être tourné en Chine continentale. Le signe d’une libéralisation en marche.

Free and Easy vient s’ajouter à la liste, déjà longue, des films inédits proposés par Spectrum Films, spécialisé dans le cinéma asiatique, dont le catalogue s’enrichit aujourd’hui au rythme soutenu de plus d’une sortie par mois.

Free and Easy

Présentation - 3,0 / 5

Free and Easy (99 minutes) et ses suppléments (68 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, dans cette édition limitée combo, en compagnie d’un DVD-9 dans un boîtier de 11 mm glissé dans un fourreau.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en mandarin, au format audio DTS-HD Master Audio 5.1, avec sous-titres imposés, idéalement placés dans la bande noire sous l’image.

Bonus - 4,0 / 5

Rencontre avec Geng Jun (8’, en mandarin, sous-titré, Spectrum Films 2018). Attiré par le cinéma dès l’adolescence, il a suivi des cours de cinéma en auditeur libre et commencé à écrire des scénarios à 19 ans. L’accès aux métiers du cinéma nécessitait un diplôme, mais l’arrivée du numérique lui a permis de réaliser ses premières créations et d’apprendre le métier. La rencontre d’escrocs visant à « ruiner la société » et les récits qu’en a fait la presse lui ont donné l’idée de Free and Easy, dans lequel il a engagé des acteurs avec lesquels il avait déjà travaillé. Il estime partager avec Kaurismäki, Jarmusch et Li Hongqi (Winter Vacation, 2010) le côté absurde de son cinéma et l’humour, essentiel à ses yeux.

Présentation par Brigitte Duzan (10’, en français, Spectrum Films 2018). Universitaire, créatrice et animatrice de deux websites, Chinese Movies et Chinese Short Stories, Brigitte Duzan rappelle que le Free and Easy avait été remarqué dès sa première projection à Beijing, puis dans plusieurs festivals internationaux. Le film a été tourné dans le nord-est de la Chine, une région affectée par la reconversion industrielle qui avait été le sujet du documentaire A l’ouest des rails (Tie xi qu), réalisé en 2002 par Wang Bing (Argent amer). Le joueur de gong qu’on entend dès la première séquence va assurer le lien entre chaque partie du film, en annonçant la rencontre avec chacun des personnages, symboliques de la Chine actuelle. La lenteur du déroulement de l’action et la quasi-absence d’accompagnement musical ajoutent à la désolation du sujet.

Critique par Dirty Tommy et Critique masquée (8’). Les deux animateurs d’une « chaîne YouTube » font un rapprochement osé entre Free and Easy et le western façon Sergio Leone et un autre, plus pertinent, avec le cinéma des frères Coen. Ils relèvent la beauté de la photographie qui transcende la laideur de la ville.

Insomniac Diary, moyen métrage de Huang Jianxin (42’, 2.35:1, DTS-HD Master Audio 1.0, 2015). Liang veut dormir, mais il ne peut pas. Zhou ne veut plus dormir, mais elle dort toujours. La rencontre d’un insomniaque et d’une jeune femme souffrant de narcolepsie dans l’hôpital où un psychiatre tente vainement de les soigner par l’hypnose, marque le début d’une tendre histoire d’amour impossible. Une attachante variation sur le thème de La Belle au bois dormant dans un luxueux appartement moderne de Shanghai.

Pour finir, la bande-annonce.

Free and Easy

Image - 4,5 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC) allie une bonne résolution à une texture agréable. Lumineuse, avec des contrastes fermes, elle propose des couleurs délicates, soigneusement étalonnées, avec des noirs profonds, au service de la qualité de la photographie du film.

Son - 3,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 délivre avec finesse le discret accompagnement musical en assurant la clarté des dialogues et, par une utilisation cohérente des voies latérales, plonge le spectateur dans l’ambiance, dans le vent apportant le lointain grondement d’une zone industrielle.

Crédits images : © 2016 Sundance Institute

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 16 janvier 2019
Free and Easy suit une dizaine de personnages qui s’efforcent de survivre dans une ville fantôme du nord-est de la Chine, une région déshéritée, laissée à l’écart de l’essor industriel du pays. Une bien curieuse parabole dévoilant l’envers du décor...

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Free and Easy
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