Réalisé par Elliot Silverstein
Avec
James Brolin, Kathleen Lloyd et John Marley
Édité par Elephant Films
Utah, USA 1977, petite ville de Sana Inez : une étrange voiture noire, apparemment sans conducteur, assassine des touristes et des habitants vivant dans le désert montagneux qui l’environne. La police locale, dirigée par le shérif Wade, se rend à l’évidence : elle n’a pas affaire à un phénomène naturel.
Enfer mécanique(The Car) (USA 1977) de Elliot Silverstein est un film fantastique culte aux USA mais il est aujourd’hui un peu oublié chez nous. C’est un curieux mélange volontairement référentiel à certaines séquences de Duel (USA 1971) et de Les Dents de la mer (Jaws) (USA 1975) de Steven Spielberg, précédentes productions Universal. Son argument est cependant original dans l’histoire du cinéma fantastique mais ici assez inégalement exploité. Sa continuité est parfois mal rythmée (interminable discussion au bord d’un lit d’hôpital) alors que certaines séquences (attaque des deux voitures de police, intimidation nocturne dans le garage, attaque finale contre la montagne) sont techniquement très efficaces. Celle, surréaliste et assez drôle, où l’héroïne est tuée par la voiture a probablement influencé une ou deux séquences du Razorback (Australie 1984) de Russell Mulcahy. Celle du garage, plus inquiétante car plus économe de moyens, a sans doute aussi influencé la Christine (USA 1983) de John Carpenter, au thème similaire mais plastiquement nettement plus élégant et mieux photographié.
Cela dit, Silverstein est un honnête artisan, pas un auteur comme Spielberg ou Carpenter, C’est donc plutôt du côté des heureuses réussites artisanales telles que Course contre l’enfer (USA 1975) de Jack Starrett qu’on trouverait une mise en scène comparable à la sienne dans ses tenants et aboutissants, le satanisme étant le thème commun aux deux titres. L’acteur R.G. Armstrong joue d’ailleurs dans les deux (délinquant ici, policier là). De toute manière, la véritable vedette demeure la voiture Lincoln intelligemment maquillée : sur les quatre exemplaires fabriqués pour la production, trois furent utilisés pour les cascades et un pour les gros plans. Quant à James Brolin, il tient la vedette humaine. Son rôle est certes plus étoffé que celui, trop bref, qu’il tenait dans L’Etrangleur de Boston (USA 1968) de Richard Fleischer mais encore bien moins ample que ce qu’il fera dans Amityville - La maison du diable (The Amityville Horror) (USA 1979) de Stuart Rosenberg. Au total, une reprise qui comble une lacune vidéographique et permet de parfaire la connaissance de la période 1970-1980 de l’histoire du cinéma fantastique.
1 Blu-ray Full HD 1080p, éditée le 12 décembre 2018. Version restaurée. Jaquette réversible avec affiche originale américaine. mage couleurs au format original 2.35 compatible 16/9. Son DTS HD 2.0 Mono VF et VOSTF. Durée du film sur Blu-ray : 96 min environ. Suppléments : présentation du film par J. Comelli (30 min. environ), bandes annonces, crédits.
Présentation du film (16/9, durée environ 20 min) par Julien Comelli, réalisée par Erwan le Gac. Nourrie graphiquement de nombreuses affiches et de photos de plateau bien reproduites et bien intégrées au montage, elle détaille la genèse du film, sa production et son contexte d’histoire du cinéma, les bio-filmographies des acteurs principaux, sans oublier les clones TV et vidéo. Malheureusement, tout cela est ici très pénible à visionner en raison du parti-pris pseudo-ironique et/ou comique (selon les instants) adopté par le présentateur. Dommage car l’anecdote sur Jane Mansfield et Anton La Vey est, parmi d’autres, peu connue chez nous et intéressante. Aucune galerie photos ni affiches : on attendait au moins le jeu complet américain d’exploitation (lobby cards non détourées de préférence). Déception.
Bandes-Annonces : la BA originale (recadrée 4/3 plein cadre 1.37, état médiocre dont l’éditeur s’excuse, VOSTF) de Enfer mécanique et aussi celles de divers films fantastiques sortis cet hiver chez Eléphant tels que La Sentinelle des maudits (The Sentinel), La Nurse, Le Fantôme de Milburn (Ghost Story), Enterré vivant toutes d’époque mais à l’état numérique et argentique très variable.
Format original 2.35 respecté en Full HD 1080p. Copie argentique parfaitement nettoyée. Sur le plan numérique, c’est soit le master anglais édité par Arrow soit le master américain édité par Shout Factory en 2015 qui a servi à cette édition. Je pencherais plutôt, concernant l’image, pour la seconde hypothèse car un ou deux crédits du générique d’ouverture sont affligés du même léger tressautement d’une fraction de seconde. Le reste est impeccablement reporté. Les plans d’ensemble à très longue focale sont remarquablement bien définis. Le niveau de grain demeure naturel. Colorimétrie d’origine restituée, assez neutre par elle-même.
VF d’époque et VOSTF en DTS HD 2.0 mono. Exit la piste 5.1. qui existe sur le Blu-ray Shout Factory. Cela dit, le dynamisme de la VOSTF comme celui de la VF sont déjà largement préservés ici. Bon équilibrage musique - effets sonores - dialogues sur les deux pistes. Offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Musique de Leonard Rosenman empruntant (à Hector Berlioz ?) quelques notes. VF d’époque vulgaire (la première chose que le policier dit à sa maîtresse est un mémorable : « Ne dis pas de conneries dès le matin, s’il te plaît »), certes parfois savoureuse mais il faut néanmoins préférer la VOSTF.
Crédits images : © Eléphant Films