Violent Cop (1989) : le test complet du Blu-ray

Sono otoko, kyobo ni tsuki

Exclusivité FNAC

Réalisé par Takeshi Kitano
Avec Takeshi Kitano, Maiko Kawakami et Makoto Ashikawa

Édité par Wild Side Video

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Le 27/02/2019
Critique

Violent Cop

Yokohama et ses environs, Japon 1989 : l’inspecteur Azuma, respecté par ses collègues et craint par le milieu en raison de son implacable brutalité, décide de venger son collègue Iwaki corrompu puis assassiné par des yakuzas trafiquants de drogue. L’un d’eux prend l’initiative de tenter de tuer Azuma. Il échoue mais prend alors en otage Akari, la soeur d’Azuma qui est droguée et violée. Contraint de démissionner en raison de son excessive brutalité au cours de l’enquête et ulcéré par le rapt de sa soeur, Azuma se procure un pistolet semi-automatique Colt 45ACP et trois chargeurs garnis. Il médite un plan qu’il est bien décidé à exécuter coûte que coûte.

Violent Cop (Sono otoko, kyobo ni tsuki) (Jap. 1989) de Takeshi « Beat » Kitano est le premier volet d’un triptyque constitué par ces trois films noirs policiers que sont Violent Cop (1989), Jugatsu (Boiling point / 3-4xJûgatsu) (1990) et Sonatine (Mélodie mortelle) (1993).

On se souvient que c’est le succès du troisième titre, sorti en France en 1995, qui permit la distribution (encore plus tardive) des deux autres. C’était pourtant par Violent Cop (sorti au cinéma chez nous en 1998, avec presque 10 ans de retard) qu’il eût fallu commencer à découvrir ledit triptyque car c’est non seulement son premier film en tant que réalisateur mais encore le premier où il cassait définitivement son ancien image d’acteur comique de télévision.

Violent Cop

On sait aujourd’hui que c’est Kinji Fukasaku qui devait le diriger mais que Fukasaku jugea impossible de travailler avec un acteur principal seulement libre 10 jours par mois car le reste de son temps était sous contrat TV. Du coup Kitano saisit au vol l’opportunité de réaliser lui-même. Il gomma les trois quarts (sinon les quatre cinquièmes) du scénario de manière à en supprimer tous les aspects comiques. Les dialogues furent pratiquement improvisés. L’ensemble devint un film noir graphiquement souvent très violent. Le public japonais, assez conservateur, n’apprécia pas ce changement (Kitano mit environ 10 ans pour lui imposer cette nouvelle image) mais, en 1998, lorsque Violent Cop fut enfin distribué chez nous, les critiques français (à l’époque assez peu familier avec l’histoire du film noir policier japonais) jugèrent que c’était le plus sombre film noir japonais vu depuis longtemps sur les écrans français. Ils n’avaient pas tort puisque, si ma mémoire est bonne, les derniers films noirs policiers violents japonais auparavant distribués commercialement en France avaient été respectivement Le Cimetière de la morale (Jingi no hakaba) (1975, sorti chez nous en 1980) de Fukasaku, La Vengeance est à moi (Fukushû suru wa ware ni ari) (1979, sorti chez nous en 1982) de Shohei Imamura et Sonatine (Mélodie mortelle) (1993, sorti chez nous vers 1995).

Violent Cop

De l’ouverture nocturne de Violent Cop au Battle Royale (Jap. 2000) de Kinji Fukasaku avec Kitano, la conséquence peut être considérée comme bonne : le cancer de la délinquance juvénile qui mine de l’intérieur la civilisation japonaise (comme il mine en profondeur la civilisation occidentale) est annoncé autant que dénoncé. La gestion de l’espace et du temps assimile plus d’une fois ce récit à un pur cauchemar. Un cauchemar contemporain oscillant entre les lumières blafardes d’extérieurs naturels et les néons violents d’intérieurs fonctionnels (bureaux, bars) sans oublier les séquences nocturnes épurées, impressionnantes (meurtre du premier trafiquant de drogue, règlement de compte entre Azuma et Kiyohiro). Kitano, en outre, expérimentait techniquement : il imposa notamment à son équipe de tournage, régulièrement décontenancée par ses exigences, des plans d’une durée inhabituelle : celui durant lequel l’inspecteur Azuma franchit un pont jusqu’à sortir du cadre de l’image, dure environ une minute. Kitano intensifiera encore (peut-être un peu trop, d’ailleurs) ces expérimentations plastiques et dramaturgiques dans Jugatsu et Sonatine mais c’est bien Violent Cop qui doit être considéré comme son coup d’essai autant que comme son coup de maître. Parfaitement maîtrisé et parfaitement équilibré, ce premier titre suffirait, s’il en était besoin, à maintenir son nom dans l’histoire du cinéma japonais comme grand cinéaste et comme grand acteur.

Violent Cop

Présentation - 5,0 / 5

1 Blu-ray édité le 21 novembre 2018 par Wild Side Vidéo. Format original 1.85 respecté en couleurs, son DTS HD mono 2.0. VOSTF + VF, durée Blu-ray du film : 102 min environ. Supplément : présentation par Benjamin Thomas (durée environ 20 min.).

Bonus - 2,5 / 5

Présentation (durée environ 20 min.) de Kitano (acteur puis cinéaste à part entière) et de son oeuvre par Benjamin Thomas, maître de conférence et spécialiste du cinéma de Kitano sur qui il a écrit un livre. Honnête présentation de la carrière de Kitano jusqu’en 1989. Ensuite, un essai d’interprétation intéressant de Violent Cop car Thomas a lu Roland Barthes (L’Empire des signes) et parce qu’il met en relief un possible thème central, presque dialectique de l’oeuvre de Kitano à savoir le rapport entre l’individu isolé et la collectivité oppressante. L’insatisfaction subjective serait un point commun fondamental entre l’inspecteur Azuma et le tueur à gages. Reste que tout cela, si intéressantes soient les pistes heuristiques évoquées, ne constitue évidemment pas une véritable édition collector munie de témoignages japonais de première main, de documents d’histoire du cinéma, de jeux complets d’affiches et de photos d’exploitation. Je note que Thomas assure que la foule environnant le jeune collègue d’Azuma est « tokoyoïte » alors que le film a été tourné à Yokohama et que rien (à moins que j’ai raté une indication d’image ou de dialogue ?) n’indique que l’action soit censée se dérouler à Tokyo en tant que cadre fictionnel. Il ne commente pas non plus le titre original japonais qui reprendrait la traduction japonaise du titre d’un roman noir de James Hadley Chase. En quinze ou vingt minutes, il ne peut pas tout faire non plus. Cette édition remplace, de toute manière, très avantageusement l’ancienne édition DVD Studiocanal qui ne contenait d’ailleurs aucun bonus intéressant.

Violent Cop

Image - 4,0 / 5

Format 1.85 respecté en couleurs. Copie argentique en bon état et bonne numérisation mais la définition est un peu moins convaincante durant les scènes les plus sombres. L’ensemble est doté d’une bonne stabilité mais la colorimétrie pourrait peut-être affinée. Le niveau de grain est relativement préservé. L’image, globalement, ressemble donc beaucoup à celle éditée en Blu-ray aux USA par l’éditeur Film Movement en 2016.

Violent Cop

Son - 4,0 / 5

DTS HD Mono d’origine 2.0 VOSTF et VF : offre n écessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Il faut impérativement privilégier la VOSTF, propre et bien équilibrée, pour profiter du jeu dramaturgique des acteurs et des nuances de leurs intonations. A noter que l’édition américaine bluray Film Movement de 2016 était, pour sa part, munie d’une piste japonaise LPCM 2.0. mais étant donné qu’on a affaire à des pistes mono, la face de la Terre n’est pas changée pour autant.

Violent Cop

Crédits images : © Wild Side

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
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Aliocha
Le 25 avril 2021
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francis moury
Le 28 février 2019
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