The Seen and Unseen (2017) : le test complet du Blu-ray

Tantri et son frère jumeau Tantra vivent inséparables dans la campagne indonésienne. Mais un jour, Tantra tombe gravement malade. Pour faire face à ce drame et aux adieux inévitables, Tantri se réfugie dans son imaginaire. Et dans ses rêveries sous la lune, dans le visible et l’invisible, la fillette affronte la perte et le chagrin.

The Seen and Unseen (Sekala Niskala), sorti en 2017, est le deuxième long métrage de la réalisatrice indonésienne Kamila Andini qui fit une entrée remarquée avec son premier film, The Mirror Never Lies (Laut bercermin, 2001), un autre récit d’une fillette confrontée à la mort, de son père, cette fois, salué dans plusieurs festivals, pas seulement en Indonésie, mais aussi à Tokyo, Hong Kong, Taipei, ainsi qu’à Berlin où il remporta l’Ours de cristal.

Tantri, la fille, et Tantra, le garçon, sont unis par une relation fusionnelle, une symbiose illustrée par une des premières scènes, celle de la dégustation d’un oeuf : Tantri n’aime que le blanc, Tantra n’aime que le jaune.

Rejetant l’idée d’une séparation, Tantri refuse d’entrer dans la chambre où son frère a été hospitalisé, une attitude de déni qui poussera la fillette à imaginer des jeux avec lui. Une scène magnifique les montre déguisés et grimés, mimant un combat de coqs. Ce qui nous paraît réel n’est pourtant que le fruit de l’imagination de Tantri, tout comme d’autres jeux entre les deux enfants, encore que ceux-là pourraient être le souvenir de moments vécus avant l’apparition de la maladie.

The Seen and Unseen presque sans dialogues, avec un accompagnement musical minimaliste, ménageant de longs silences, déroule, dans une suite de plans, fixes pour la plupart, où réalité se confond souvent avec imaginaire, le parcours de la fillette confrontée à la mort. Un parcours qui la conduira du déni à la révolte, puis à l’acceptation de l’inévitable.

Ce film envoûtant, hypnotique, jamais sorti dans nos salles, nous arrive directement en vidéo, grâce aux bons soins de Spectrum Films, le dynamique éditeur spécialisé dans le cinéma asiatique qui compte aujourd’hui une quarantaine de titres à son catalogue et tient désormais le rythme d’une ou deux sorties par mois.

The Seen and Unseen (86 minutes) et ses suppléments (53 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, en compagnie d’un DVD-9 avec le même contenu, dans un boîtier de 11 mm glissé dans un fourreau.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres imposés, au format DTS-HD Master Audio 5.1.

Entretien avec Kamila Andini et les deux producteurs Gita Fara et Ifa Ifansyah (6’, en anglais sous-titré, Spectrum Films, 2018). Fille du réalisateur indonésien Garin Nugroho (coscénariste de Marlina : La tueuse en 4 actes), le cinéma, une fenêtre sur le monde, a beaucoup compté pour elle dès son enfance et elle a déjà commencé à tourner des petits films au lycée. La genèse de The Seen and Unseen remonte à 2011 : il aura fallu cinq ou six ans pour finaliser le scénario, définir le style du film et assurer son financement.

Critique par Tommy et Critique Masquée (8’). Les deux YouTubers ont, dans cette histoire filmée « à hauteur d’enfant », où le visage des adultes reste souvent hors du cadre, été frappés par ses symboles, notamment celui de l’oeuf sans jaune que mange la fillette, un signe du refus de la séparation d’avec son frère…

Memoria, court métrage de Kamila Andini (39’, 2016, en indonésien avec sous-titres anglais). Réalisé à la manière d’un documentaire, ce film évoque le sort de 321 survivantes identifiées comme victimes de violences sexuelles exercées par des militaires entre 1975 et 1999 et de 1 018 victimes de violences domestiques. Un récit glaçant, malheureusement réservé à ceux qui peuvent lire l’anglais.

L’image (2.35:1, 1080i et non 1080p comme indiqué sur la jaquette, AVC) lumineuse et agréablement contrastée, offre une brillante palette de couleurs dans les séquences bien éclairées. Mais dans certains plans en basse lumière, sa lisibilité est occasionnellement affectée par manque de contraste et porosité.

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 assure une bonne netteté des dialogues et de l’accompagnement musical et restitue avec finesse les bruits de la nature, sans qu’on soit vraiment gêné par un léger bruit de fond dû aux conditions d’une prise de son directe dans un environnement parfois un peu bruyant.

Une utilisation judicieuse des cinq voies crée une surprenante sensation d’immersion dans l’ambiance.

Crédits images : © Sofyan Syamsul