Casino Royale (1967) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par John Huston
Avec Peter Sellers, Ursula Andress et David Niven

Édité par Rimini Editions

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Le 27/12/2024
Critique

Un scénario à géométrie variable + une débauche de réalisateurs + un tournage chaotique = un très bon divertissement !

Casino Royale

Des représentants des principaux services secrets mondiaux, le MI-6, le KGB, la CIA et le Deuxième Bureau, désemparés devant la menace d’une attaque majeure du SMERSH, sont venus jusqu’en Écosse pour demander à Sir James Bond de reprendre du service. Mais 007 ne souhaite pas interrompre une retraite bien méritée pendant laquelle il peut se remémorer les bons moments passés avec feue Mata Hari, l’amour de sa vie, et cultiver ses roses. Il faudra, pour qu’il accepte l’invitation, qu’un obus réduise son château en un tas de gravats…

L’adaptation de Casino Royale, le premier des quatorze romans de la série James Bond qu’écrivit Ian Fleming de 1953 jusqu’à sa mort en 1964 (29 autres le furent par des écrivains britanniques recrutés par la maison d’édition familiale Ian Fleming Publications), allait certainement conduire EON Productions, la société d’Albert R. Broccoli et Harry Saltzman, détentrice des droits de tous les autres romans et productrice des films James Bond 007 contre Dr. No (1962), Bons baisers de Russie (From Russia with Love, 1963) et Goldfinger (1964) à intenter une action pour plagiat.

Casino Royale

Le producteur Charles K. Feldman, peut-être influencé par le succès commercial de What’s New, Pussycat? (Clive Donner, 1965) écarte tous les risques en optant pour le ton de la comédie burlesque. Curieusement, il propose le projet à plusieurs réalisateurs. Six vont s’atteler à la tâche : John Huston pour les premières scènes en Écosse, Ken Hughes pour celles à Berlin, Joseph McGrath et Robert Parrish pour celles avec Peter Sellers, Ursula Andress et Orson Welles, Val Guest pour les séquences avec Woody Allen et des plans additionnels destinés à coller les différents morceaux. Le sixième, Richard Talmadge, sera appelé en renfort pour le tournage la scène finale.

Cette pléthore d’artisans, accentuée par la contribution d’une dizaine de plumes à l’élaboration du scénario, permet de vérifier la pertinence du vieil adage anglais, selon lequel « Too many cooks spoil the broth » (Trop de cuisiniers, ça gâte le bouillon), vérifiée par l’aspect chaotique de Casino Royale. Un travers, certes, mais poussé à l’extrême, jusqu’au délire… au point de devenir l’atout majeur du film !

Who is Le Chriffe? Nobody knows. Even Le Chiffre doesn’t know!

Casino Royale

Les dialogues sont truffés de trouvailles, les situations incongrues se bousculent, dès le début du film, quand les représentants des services secrets sont accueillis en Écosse par un troupeau de lions, quand David Niven félicite Moneypenny de n’avoir pas changé et qu’elle précise : « Je suis sa fille »… Pour faire bonne mesure, le personnage de Bond 007 se multiplie et des membres insoupçonnés de sa famille apparaissent : Mata Bond, le fruit des amours de 007 avec Mata Hari, et Jimmy Bond, un neveu campé par Woody Allen.

Casino Royale va crescendo dans l’absurde en faisant atterrir une soucoupe volante sur Trafalgar Square, jusqu’à la scène finale, une bagarre insensée, du jamais vu, avec l’intrusion, annoncée par une sonnerie de trompettes, de la cavalerie, bientôt suivie par des Indiens armés de tomahawks, et l’apparition de Jean-Paul Belmondo en légionnaire, sous l’oeil goguenard de George Raft qui fait sauter sa pièce de monnaie, le geste qui fit sa légende depuis Scarface (Howard Hawks, 1932). Avec des bulles de savon en prime, un sommet dans le chaos, dont le tournage se solda par plusieurs blessés.

Au foisonnement du scénario s’ajoute celui d’une distribution qui rassemble, autour de David Niven, Peter Sellers, Ursula Andress, Woody Allen, Orson Welles, John Huston, Deborah Kerr, une légion de James Bond girls, parmi lesquelles se distinguent Joanna Pettet (Mata Bond) et Barbara Bouchet (Moneypenny). Du très beau linge dans les seconds rôles et la figuration : Jacqueline Bisset, William Holden, Daliah Lavi, Charles Boyer, George Raft, Jean-Paul Belmondo…

Casino Royale

Dans l’anarchie de Casino Royale, un seul chef-opérateur, le talentueux Jack Hildyard, oscarisé en 1957 pour Le Pont de la rivière Kwai, qui met en valeur la fantaisie des costumes et des décors, une explosion de couleurs. Une exception pour les décors monochromes de Berlin, aux perspectives torturées dans lesquelles les personnages ont du mal à garder leur équilibre. Un clin d’oeil à l’expressionnisme allemand, la plus belle trouvaille du film !

Rimini Éditions avait sorti en octobre 2023 un Mediabook, vite épuisé, avec les mêmes suppléments vidéo, et un livret de 112 pages écrit par Marc Toullec. Cette réédition, sans le livret, confirme l’attrait que continue d’exercer Casino Royale.

Casino Royale

Présentation - 1,5 / 5

Casino Royale (131 minutes) et ses suppléments (113 minutes) sont supportés par un Blu-ray BD-50, logé dans le traditionnel boîtier bleu, glissé dans un fourreau.

Le film est proposé dans sa langue, l’anglais, avec sous-titres optionnels, et le choix entre deux formats audio, DTS-HD Master Audio 5.1 ou 2.0 mono, dans un doublage en français DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Une édition DVD est aussi disponible, sur deux disques, avec le même contenu.

Bonus - 3,5 / 5

Entretien avec Laurent Aknin, historien du cinéma (2023, 25’). Casino Royale sort « au sommet de la bondomania » créée dès les premières adaptations des romans de Ian Fleming, Dr. No, en 1962, puis en 1964 de Goldfinger qui « fixe les codes » de la franchise qui seront vite repris par le genre « eurospy », des films d’espionnage européens. David Niven, que Ian Fleming avait pressenti pour incarner James Bond, prend dans Casino Royale la place de Sean Connery, lié par contrat à EON Productions. Le producteur Charles K. Feldman a fait le choix d’un « détournement psychédélique (…) souvent très drôle, des codes des James Bond », qui a pu surprendre ceux qui ne s’attendaient pas à voir une comédie burlesque. Casino Royale a « conservé son club de fans » bien qu’il reste en marge de la franchise constituée d’une suite de films en plusieurs « blocs », définis par leurs interprètes, Sean Connery, Roger Moore, Timothy Dalton, Pierce Brosnan et Daniel Craig.

Casino Royale

Bond… James Bond?, The Making of Casino Royale (2007, 43’). Quarante ans après la sortie du film, Steven Jay Rubin, auteur de The James Bond Encyclopedia, et plusieurs membres de l’équipe de Casino Royale, dont les réalisateurs Val Guest et Joseph McGrath, rappellent les choix de Charles K. Feldman, les modifications de dernière minute du scénario auquel Ben Hecht avait participé, juste avant sa mort, la distribution, l’assistance d’un coach pour l’anglais déficient d’Ursula Andress, la chaleur intense générée par l’éclairage des plateaux, les caprices de Peter Sellers qui refusa d’être sur le plateau en même temps qu’Orson Welles, sa soudaine disparition sans laisser d’adresse, sa demande du renvoi de Robert Parrish, des perturbations qui aboutirent à la rupture anticipée de son contrat, le dérapage du calendrier de tournage, le dépassement du budget, la critique cinglante, la surprise d’un bon box-office…

Psychedelic Cinema, un entretien avec Val Guest (2002, 20’). Il se souvient de l’appel de Charles K. Feldman qui lui demanda de réaliser « un film psychédélique avec trois autres cinéastes », dont John Huston. « Amuse-toi ! », lui avait-il dit, en lui confiant les scènes avec Woody Allen. Le tournage fut réparti sur trois studios, Shepperton et Pinewood en Angleterre et celui de MGM à Hollywood. Certaines scènes furent aussi prises dans le sous-sol du Playboy Club de Londres. C’est John Huston qui lui annonça qu’il aurait à tourner des scènes additionnelles pour relier les quatre parties entre elles.

Casino Royale : épisode 3 saison 1 de l’anthologie Climax!, réalisé par William H. Brown Jr. (1954, 1.33, N&B, 46’). Première apparition de James Bond sur un écran, un an après la publication du roman, devenu un bestseller, avec Barry Nelson et Peter Lorre dans le rôle de Le Chiffre. James Bond, à Paris, est chargé par un agent du Deuxième Bureau de ruiner Le Chiffre au baccara.

Bande-annonce (2’23”, VO).

Casino Royale

Image - 4,5 / 5

L’image, au ratio de 2.35:1, réencodé au standard 1080p, AVC, propre, bien définie, lumineuse et agréablement contrastée, déploie des couleurs saturées, avec un étalonnage respectant les tons de peau des acteurs… et des nombreuses James Bond girls.

Casino Royale

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1, très propre, s’il ne rappelle que très timidement la version 70 mm 6-pistes des salles les mieux équipées, crée cependant, çà et là, une certaine immersion dans l’ambiance, mais profite surtout à la musique originale qui avait valu à Burt Bacharach une nomination aux Oscars.

Le doublage, lui aussi très propre, est limité au format DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Crédits images : © Famous Artists Productions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Pascal
Le 11 juin 2005
Burlesque et amusant. Se laisse voir et revoir sans problème.

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