La Fiancée des ténèbres (1945) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Serge de Poligny
Avec Pierre Richard-Willm, Jany Holt et Fernand Charpin

Édité par Gaumont

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Le 25/03/2019
Critique

La Fiancée des ténèbres

La Fiancée des ténèbres (Fr. 1945) de Serge de Poligny (1903-1983) est un film fantastique français historiquement et esthétiquement intéressant. Sorti à Paris en exclusivité le 22 mars 1945, il est une adaptation par Poligny et Gaston Bonheur (crédité scénariste et dialoguiste) de la nouvelle de ce dernier, La Mort ne reçoit que sur rendez-vous, publiée en 1943 dans l’édition toulousaine du journal Le Parisien. Elle emprunte sa base historique à la saga des Cathares mais ne la développe évidemment pas dans la direction plastique baroque et sanglante qui sera celle de la saga des Templiers (leurs contemporains d’histoire médiévale) dans La Révolte des morts-vivants (La Noche del terror ciego) (Esp. 1972) d’Amando de Ossorio puis de Le Retour des morts-vivants (El Ataque de los muertos sin ojos) (Esp. 1973) d’Amando de Ossorio.

Sagement tourné en partie dans de beaux extérieurs naturels et sur les anciens remparts de la ville de Carcassone (Languedoc), il met en scène une histoire certes fantastique mais contenant d’évidentes ruptures de ton entre fantastique, merveilleux et comédie surréaliste. Le mélange est intéressant d’autant plus que certains décors et certains éclairages (la caverne et son expressionnisme décoratif, par exemple) sont clairement influencés par l’expérience allemande antérieure de Poligny, auprès de la firme UFA. Sa mise en scène comme son scénario empruntent autant à la légende et à l’histoire qu’au surréalisme guilleret d’un René Clair ou au réalisme poétique d’un Marcel Carné. Cette curiosité ne fit pas école (ses évidentes ruptures de ton le lui interdisaient) mais elle suffit, avec Le Baron fantôme (Fr. 1943), à maintenir la mémoire de Poligny dans l’histoire du cinéma fantastique.

La Fiancée des ténèbres

Présentation - 4,0 / 5

1 Blu-ray 50, régions ABC, édité par Gaumont collection « Découvertes », le 20 février 2019. Durée du film : 92 minutes environ. Image N&B Full HD 1920x1080p au format original 1.37 respecté compatible 16/9. Son DTS HD Master audio 2.0 mono VF et version sourds et malentendants en option. Suppléments (aussi en Full HD) : présentation par Nicolas Stanzick + entretiens sur le cinéma fantastique français avec Stéphane Bouyer, François Gaillard, Sylvain Perret, Bruno Terrier. Catalogue illustré 2019 des collections Gaumont Classiques et Gaumont Découvertes inclus dans le boîtier.

Bonus - 2,5 / 5

Présentation par Nicolas Stanzick, historien et critique du cinéma fantastique, responsable de la nouvelle édition revue et augmentée de la revue Midi-Minuit Fantastique. (durée environ 30 min.) Excellente : elle couvre en détails et en profondeur les aspects bio-filmographiques, thématiques et esthétiques sans oublier le tournage et la réception critique. Cela dit, je ne suis pas convaincu par cette défense et illustration du titre et de son cinéaste, si sincère et approfondie soit-elle : je n’aime pas du tout, pour ma part, les ruptures de ton introduites par Poligny dans son scénario. Je ne suis d’ailleurs, à ma décharge, pas le seul à ne pas les apprécier : dans les années 1970, au sommet de la vague MMF, les livres français d’histoire du cinéma fantastique, signés par Prédal, Lenne, Sabatier, ne consacraient à Poligny que très peu de lignes. Son retour en grâce 2019 est inattendu !

Existe-t-il un cinéma fantastique français ? Réponses de Stéphane Bouyer (éditeur vidéo Le Chat qui fume), François Gaillard (cinéaste, auteur de Blackaria et Tokyo Grand Guignol), Sylvain Perret (magazine internet 1Kult.com), Bruno Terrier (librairie Metaluna Store). A comparer la teneur des quatre réponses (4 x 10 min. environ) on pourrait les résumer en disant qu’il y a eu d’authentiques films fantastiques français mais pas d’école française du fantastique au sens générique ou économique de l’histoire du cinéma. Ce n’est pas faux. Il n’y a effectivement jamais eu l’équivalent français d’une Hammer Film ou d’une American International Pictures en France. Pourtant le cinéma français fut, dès sa naissance, fantastique (Georges Mélies) et le genre y fut régulièrement illustré des origines muettes à nos jours. Les réponses se cantonnent surtout au cinéma parlant moderne mais on ne dit rien du cinéma muet pourtant riche, sinon même le plus riche, dans ce domaine.

La Fiancée des ténèbres

Concernant le cinéma parlant français moderne et contemporain, j’ajouterais pour ma part, en guise de réponse personnelle, qu’il y a eu trois générations successives de cinéphiles fantastiques en France, repérables par trois revues (sans parler des fanzines) : Midi-Minuit Fantastique (1962-1970), Creepy + Eerie + Vampirella (trois titres rédigés par la même équipe éditoriale en 1970-1976), Starfix (1983-1990). Ce sont ces trois revues qui furent la source critique des essais de cinéastes français dans le genre depuis 1960 à nos jours. Starfix défendait aussi bien Dario Argento que Mario Bava, John McTiernan que James Glickenhaus. Son spectre éditorial (dirigé par Christophe Gans) était large et ouvrait des perspectives sur bien des alliages, sans pour autant négliger l’histoire du cinéma, source féconde de toute actualité créatrice. Lorsque La Proie nue (USA & Af. Sud 1966) de Cornel Wilde passait à la Cinémathèque française au Palais de Chaillot en reprise, on était certain de croiser l’équipe de Starfix à la projection. C’était un signe, parmi d’autres, qui ne trompait pas.

La génération de Starfix disposa, en outre, de deux autres revues spécialisées qui prolongeaient et prolongent encore aujourd’hui la passion générique des années 1960-1975 à savoir : L’Ecran fantastique (née en 1969) et Mad Movies (née en 1972). Sans oublier des incursions ponctuelles, mais demeurées célèbres, de revues généralistes dans le genre : le n° spécial de Positif sur les « H-Pictures », le n° spécial Edgar Poe à l’écran dans la revue Ecran 77, par exemple.

Ensemble honorable sinon collector mais une lacune : pas de galerie affiches et photos d’exploitation de 1945. Dommage !

La Fiancée des ténèbres

Image - 5,0 / 5

Full HD 1080p (y compris les suppléments) au format original 1.37 N&B compatible 16/9. Image argentique très bien restaurée. Définition à tomber par terre de qualité et de précision. On peut compter les sourcils de Jany Holt en gros plan. Excellente gestion des noirs. Dosage parfait entre grain et lissage. Un exemple de ce qu’il faut faire. Dorénavant l’édition de référence sur le plan technique.

Son - 5,0 / 5

VF en DTS HD Master audio 2.0 mono bien restaurée : bon équilibrage dialogues-musique-effets sonores. La version pour sourds et malentendants est en option : son sous-titrage est graphiquement agréable et intelligemment réparti, de manière à être suivi intuitivement, comme toujours chez Gaumont.

Crédits images : © 1945 GAUMONT

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
Avis

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francis moury
Le 4 juin 2019
Un curieux et rare film fantastique français tourné à la fin de la Seconde guerre mondiale, soigneusement réédité par Gaumont avec une excellente présentation de Nicolas Stanzick.

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