Réalisé par Andrea Arnold
Avec
Sasha Lane, Shia LaBeouf et Riley Keough
Édité par Diaphana
Star, 18 ans, étouffe. Quand elle voit passer un minibus transportant une bande remuante de jeunes parcourant le Midwest, frappant à toutes les portes, pour vendre des abonnements à des magazines, elle ne résiste pas à l’envie d’échapper à la morosité de son quotidien… et de suivre Jake, fantasque et séduisant. Prochaine étape : Kansas City. Crystal, chef de la bande, désigne Jake pour assurer la formation de Star à la vente…
American Honey, le quatrième long métrage de la réalisatrice britannique Andrea Arnold, lui valut plusieurs récompenses, dont le Prix du jury au Festival de Cannes en 2016. Après Fish Tank, son deuxième long métrage qui avait, lui aussi, été salué à Cannes par le Prix du jury en 2009 et par le BAFTA award du Meilleur film britannique en 2010, puis Les Hauts de Hurlevent (Wuthering Heights, 2011), une des belles adaptations du roman d’Emily Brontë, elle vient de réaliser les sept épisodes de la saison 2 de Big Little Lies de David E. Kelley, l’intarissable créateur de séries telles que Ally McBeal (1997, 112 épisodes), Boston Justice (Boston Legal, 2004, 101 épisodes). On n’attendait donc guère son regard sur la jeunesse américaine embarquée dans ce road-movie dont elle a aussi écrit le scénario.
There’s a wild, wild whisper
Blowin’ in the wind
Callin’ out my name like a long lost friend
Ce refrain de la chanson American Honey qui a inspiré le titre du film illustre bien l’envie qui saisit soudain Star de se libérer de l’emprise d’un junkie plus âgé qu’elle et de la garde de deux enfants. La caméra suit Star plan après plan, sans relâche. C’est probablement pourquoi la réalisatrice a choisi l’inhabituel format 1.33:1 pour cadrer plus étroitement la jeune femme, pour souligner le regard intimiste qu’elle porte sur la folle équipée dans laquelle elle s’est aventurée.
American Honey est aussi une occasion que saisit Andrea Arnold pour dresser, par touches successives, un tableau impressionniste, ni flatteur, ni caricatural, de l’Amérique profonde, celle du Texas, dans sa diversité, des quartiers résidentiels à un quartier déshérité, montré dans une séquence cauchemardesque.
La réalisatrice a choisi une débutante pour interpréter Star, une expérience qu’elle avait déjà tentée en attribuant le rôle de Mia, le personnage principal de Fish Tank, à Katie Jarvis (embarquée depuis un an dans l’interminable série EastEnders qui sévit sur les écrans du Royaume Uni depuis 1985 et affiche, à ce jour, 7 622 épisodes au compteur !). Star, c’est Sasha Lane. Inconnue jusque-là, elle s’acquitte d’un rôle prenant avec une énergie naturelle, donnant sans peine la réplique à Shia LaBeouf, l’interprète de Jake. Les autres personnages, tous les marginaux, sont très en arrière-plan. Sasha Lane, après divers petits boulots, semble avoir trouvé sa voie : on l’a revue dans des seconds rôles dans trois films, à commencer par Come As You Are (le titre « français » de The Miseducation of Cameron Post, de Desiree Akhavan, 2018, avec Chloë Grace Moretz en tête de distribution).
American Honey pourra sembler long à certains avec ses 163 minutes. Mais, par la vertu d’un montage énergique, par la présence de l’actrice principale et par la qualité de la photo de Robbie Ryan, le chef opérateur attitré d’Andrea Arnold, on se laisse facilement entraîner, sans ennui, sur les routes du Texas.
American Honey (163 minutes), édité par Diaphana, tient sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier de 11 mm.
Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale avec le choix entre deux formats audio : DTS-HD Master Audio 5.1 ou 2.0 stéréo. Les sous-titres imposés auraient pu être placés un peu plus bas sur l’image.
Pas de bonus vidéo, juste la bande-annonce. L’édition américaine sortie en décembre 2017 proposait un court entretien (6’) avec les deux actrices, Sasha Lane et Riley Keough.
L’image (1.33:1, un format plutôt inhabituel, en particulier pour une randonnée dans l’immensité des plaines du Texas, 1080p, AVC) prise, pour partie sur pellicule, pour partie avec caméras numériques, paraît homogène tout au long du métrage. Lumineuse, bien contrastée, avec des noirs denses et des couleurs naturelles, elle combine résolution poussée et texture délicate.
Le son DTS-HD Master Audio 5.1, par une utilisation cohérente des cinq voies, réussit à créer une sensation réaliste d’immersion dans l’ambiance. Les dialogues sont clairement rendus, dans un bon équilibre avec l’illustration musicale, faite d’une suite variée de chansons, souvent reprises en choeur par les passagers du minibus. Le format alternatif DTS-HD MA 2.0 stéréo profite d’une bonne séparation des deux voies.
Crédits images : © Robbie Ryan - Holly Horner