Témoin à charge (1957) : le test complet du Blu-ray

1 Blu-ray 50 région B édités le 05 février 2019 par Rimini. Format image 1.66 N&B (et non pas 2.35 comme mentionné par erreur au verso du surétui et du boîtier), son DTS Master Auddio HD Mono 1.0. VOSTF et VF d’époque. Durée du film : 116 min environ.

Suppléments vidéo : film-annonce original (USA 1957) + Portrait de Billy Wilder, un homme à 60% parfait (Fr. 1980) d’Annie Tresgot + Dialogue des critiques Matthieu Macheret et Frédéric Mercier (Fr. 2019).

Supplément non-vidéo : Témoin à charge : cette sacrée vérité, livret illustré de 28 pages rédigées par Marc Toullec. Il résume très bien, à partir de témoignages de première main et d’études d’histoire du cinéma, la genèse, la production et le tournage. Nombreux détails savoureux (Charles Laughton devenant parfois presque assistant metteur en scène de Wilder), nombreuses déclarations intéressantes (notamment celles de Marlène Dietrich sur Tyrone Power). Une seule contradiction factuelle relevée : la légende sous la photo de Marlène Dietrich p.29, indique que La Soif du mal (Touch of Evil) (USA 1957) met un terme à sa carrière alors que la p.27 mentionne Jugement à Nuremberg (USA 1961) de Stanley Kramer parmi ses trois derniers films. Du coup, je constate (après une recherche de quelques secondes) que Marlène Dietrich jouera encore bien des années plus tard dans le peu connu Gigolo (RFA 1978) de David Hemmings. Les illustrations N&B (photos de plateau, de tournage ou de production) sont petites mais belles. La plus mignonne, à mon avis, est celle de la page 9, sur une pleine page donc pas trop petite. Une coquille purement matérielle p. 16, second paragraphe, ligne 4 : il faut bien évidemment lire, en complétant mentalement la lettre « o » lacunaire : « (…) hom(o)sexuel notoire malgré son mariage avec Elsa Lanchester (…) ».

Portrait de Billy Wilder, un homme parfait à 60% (compatible 16/9, VOSTF, durée 60 min. environ) : une série d’entretiens de Billy Wilder avec Michel Ciment, filmés par Annie Tresgot en 1980 à Los Angeles pour la télévision française. L’ensemble est passionnant d’un bout à l’autre. Non pas tant en raison de la pertinence des questions de Ciment qu’en raison de la richesse des anecdotes et des souvenirs (la rencontre avec Freud, narrée avec une âpre sécheresse) qu’elles permettent de réveiller. Sans oublier, à certains moments, un portrait de l’artiste par lui-même, délivré sous la forme de jugements incisifs.

Entretien de Matthieu Macheret avec Frédéric Mercier (VF, 16/9 couleurs, durée 40 min. environ) : riche en interprétations variées sur la structure du film par rapport au genre du film noir policier, sa place significative dans la filmographie de Wilder, son rapport à l’histoire du cinéma (la séquence où Power et la veuve se rencontrent par hasard dans un cinéma qui projette Le Brigand bien-aimé (Jesse James) (USA 1939) d’Henry King avec… Tyrone Power en vedette), enfin sur la manière dont Wilder joue avec les images-icônes surdéterminées que sont ses stars. Sur Tyrone Power, la conversation est moins dense : le livret apporte là un complément bienvenu grâce aux remarques passionnantes de Marlene Dietrich sur Power et aux précisions de Toullec sur sa mort durant le tournage de son film suivant.

Film annonce original de 1957 (environ 3 min, 16/9) savoureux car on y voit Charles Laughton dans son propre rôle demander à sa fin aux spectateurs de ne pas divulguer la fin du film à leurs amis.

Excellente édition spéciale, riche et soignée. Au fond, pour se hausser au niveau d’une édition collector, il ne lui manque qu’une authentique galerie affiches et photos. On aurait pu reproduire le jeu complet des lobby cards US ou le jeu français d’exploitation d’époque. Voire même les deux, pourquoi pas ? On se consolera en observant les jolies (mais trop petites lorsqu’elles ne sont pas sur une pleine page, étant donné le format) photos qui illustrent le livret.

Format large 1.66 N&B, compatible 16/9 avec une définition vidéo Full HD 1920x1080p. C’est le master vidéo édité en juillet 2014 aux USA par Kino Lorber qui est ici repris. Copie argentique bien restaurée. Quelques rares plans du générique et quelques brefs plans de transition dans les souvenirs du personnage joué par Tyrone Power sont optiquement moins bien conservés mais le reste est excellent. Les mentions du format 2.35 aux versos de l’étui et du boîtier de l’édition Rimini, sont erronées. On trouve parfois mention d’un format 1.85 sur certains sites et sur certains forums américains mais je pense que c’est bien du 1.66 d’origine pour deux raisons. D’abord Wilder, avant de poursuivre le tournage aux studios américains de la MGM, avait déjà tourné des extérieurs à Londres dans ce format et l’ensemble devait évidemment être compatible. Ensuite l’ancien DVD NTSC MGM était, selon l’habitude de ce studio concernant ce format durant toute l’époque du DVD, en 1.66 compatible 4/3 car MGM refusait de rendre compatible 16/9 la section de son catalogue tourné en 1.66. Si le film avait été 1.85 d’origine, MGM l’aurait bien entendu édité 16/9 en DVD sans hésiter. L’édition Blu-ray Kino Lorber puis l’édition Rimini ont heureusement rétabli la balance en rendant compatible ce 1.66 au format 16/9. Numérisation équilibrant bien grain et lissage. Pratiquement plus de poussières non plus sauf une ou deux, visibles une fraction de seconde. Sur la durée totale de 116 minutes, beau travail. Cette édition Rimini devient l’édition francophone numérique de référence.

DTS-HD Master Audio 1.0. VOSTF mono et VF mono : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone étant donné que l’édition américaine Kino Lorber de 2014 en était totalement dépourvue. Piste son américaine nette et dynamique. STF globalement corrects et fidèles aux dialogues originaux. VF d’époque pertinente et soignée mais enregistrée à des niveaux inégaux selon les séquences, nécessitant des changements de réglage occasionnels à la volée pour maintenir un niveau égal.

Crédits images : © Rimini Editions