Demain est un autre jour (1955) : le test complet du Blu-ray

There's Always Tomorrow

Réalisé par Douglas Sirk
Avec Barbara Stanwyck, Fred MacMurray et Joan Bennett

Édité par Elephant Films

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Le 13/05/2019
Critique

Cette édition complète l’intégrale des mélodrames de Douglas Sirk, aujourd’hui unanimement reconnu comme un des maîtres du genre.

Demain est un autre jour

Los Angeles. Clifford Groves, un fabricant de jouets marié depuis vingt ans, père de trois enfants, a acheté deux places de music-hall pour célébrer l’anniversaire de sa femme Marion. Mais elle accompagne Frankie, la plus jeune des enfants, qui danse ce soir-là en public. Ellen, 18 ans, n’est pas libre : elle doit réconforter une amie avec des problèmes de coeur. Vinnie, l’aîné, sort avec sa petite amie. Cliff dîne donc seul dans la cuisine quand on sonne : c’est Norma Vail, une collaboratrice qu’il n’a pas revue depuis une vingtaine d’années…

Demain est un autre jour (There’s Always Tomorrow) est la deuxième adaptation, après celle réalisée en 1934 par Edward Slowman et distribuée en France sous le titre L’Unique Mensonge, d’un roman d’Ursula Parrott, certainement experte en affaires sentimentales après quatre divorces et des poursuites par le FBI pour avoir, à 40 ans, aidé un jeune soldat à déserter !

Bernard C. Schoenfeld s’était fait connaître en cosignant le scénario de Femmes en cage (Caged, John Cromwell, 1950) qui lui valut une nomination aux Oscars. Il livre à Douglas Sirk la matière d’un des brillants mélodrames, jamais mièvres, qu’il a réalisés dans les années 50, de Tempête sur la colline (Thunder on the Hill, 1951) jusqu’à Le Mirage de la vie (Imitation of Life, 1959), son dernier film.

Demain est un autre jour

Demain est un autre jour, un film populaire, à l’image de tout le cinéma de Douglas Sirk, déploie toutes les qualités de son oeuvre, des dialogues bien écrits, des cadres richement composés et des mouvements de caméra fluides, toujours au service du récit. Le réalisateur s’était déjà largement essayé au mélodrame, avant de devoir quitter l’Allemagne en 1937, avec Les Piliers de la société (Stützen der Gesellschaft, 1935), Paramatta, bagne de femmes (Zu neuen Ufern, 1937) et La Habanera (1937), trois films qui furent réunis dans Douglas Sirk - Coffret - Les mélodrames allemands, édité par Carlotta Films en 2009.

Demain est un autre jour est servi par une belle distribution. On y retrouve, dans le rôle de Marion, Joan Bennett, l’actrice de cinq films dirigés par Fritz Lang, de Chasse à l’homme (Man Hunt, 1941), à Le Secret derrière la porte (Secret Beyond the Door, 1947). Fred MacMurray, l’interprète de Cliff, après avoir débuté dès la naissance du cinéma parlant, s’est, dans une centaine de films et séries, frotté à tous les genres, western, comédie, film de guerre… Mais c’est un mélodrame qui l’avait révélé, Désirs secrets (Alice Adams, George Stevens, 1935), au générique duquel son nom apparaissait juste après celui de la titulaire du rôle-titre, Katharine Hepburn.

C’est surtout Barbara Stanwyck qu’on remarque, au faîte de sa gloire depuis Assurance sur la mort (Double Indemnity, Billy Wilder, 1944) où elle partageait l’affiche avec Fred MacMurray et Edward G. Robinson. Douglas Sirk l’avait employée, deux ans plus tôt, dans All I Desire (Désir de femme).

Demain est un autre jour

Présentation - 4,0 / 5

Avec la sortie de Demain est un autre jour, tous les mélodrames américains de Douglas Sirk sont désormais disponibles dans la collection Cinéma MasterClass : La collection des Maîtres : Tempête sur la colline (Thunder on the Hill, 1951), All I Desire (1953), Le Secret magnifique (Magnificent Obsession, 1954), Tout ce que le ciel permet (All That Heaven Allows, 1955), Ecrit sur du vent (Written on the Wind, 1956), Les Amants de Salzbourg (Interlude, 1957), La Ronde de l’aube (The Tarnished Angels, 1958) et Le Mirage de la vie (Imitation of Life, 1959).

Demain est un autre jour (84 minutes) et ses suppléments (13 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-25. Une édition sur DVD sort simultanément avec le même contenu.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 1.0.

Le disque est logé dans un boîtier, non remis pour le test, contenant un livret de 20 pages, illustré de nombreuses affiches, et une jaquette réversible avec l’affiche originale.

Le livret intitulé Deux ou trois choses que je sais de Douglas Sirk, écrit par Louis Skorecki, réalisateur, romancier, critique de cinéma aux Cahiers du Cinéma puis à Libération, rappelle que, dans les années 50 et 60, le cinéma populaire américain restait à découvrir, les rares critiques s’intéressant surtout à « Bergman et Fellini, à la rigueur Buster Keaton, et c’est tout ». « Renoir, Minnelli, McCarey, Hawks, Ford… puisque nous avions décidé qu’il en était ainsi, et que de tels artistes existaient sans que personne n’en sache rien. Personne sauf nous évidemment, aristocrates d’un art nouveau en train de naître dans le noir. » Louis Skorecki reproduit une partie de l’article qu’il signa dans les Cahiers du Cinéma en 1964, à une époque où Douglas Sirk était inconnu en France : « Si Preston Sturges et Frank Borzage nous donnent deux images du mélodrame tel qu’il n’existe plus, Douglas Sirk, au contraire, restitue de ce genre toute l’actualité, toutes les résonances. » Il affirme, plus loin : « C’est bien la musicalité exceptionnelle de ses mélodrames qui les met à part de tous les autres (…) Il n’y a que Leo McCarey qui ait réussi, avec Elle et lui (An Affair to Remember, 1957) le seul mélodrame à rivaliser en intensité avec ceux de Sirk. »

Ce livret est commun à tous les mélodrames de Douglas Sirk édités dans la collection Cinéma MasterClass : La collection des Maîtres.

Demain est un autre jour

Bonus - 2,5 / 5

Douglas Sirk par Jean-Pierre Dionnet (9’). Douglas Sirk, un homme cultivé, aimait la tragédie grecque, ce qui peut expliquer son penchant pour l’adaptation au cinéma de mélodrames qui connurent un grand succès populaire. L’accueil de la critique, d’abord réservé, changea à partir des années 70 quand des cinéastes comme Pedro Almodóvar et Rainer Werner Fassbinder, puis Jean-Luc Godard commencèrent à se référer à lui. Douglas Sirk prônait un accord parfait entre l’image et la musique et voyait le cinéma comme « l’art total du XXe siècle ».

Ce complément est commun à toutes les éditions des films de Douglas Sirk dans la collection Cinema MasterClass.

Le film par Jean-Pierre Dionnet (4’). Il nous dit que Demain est un autre jour précède Écrit sur du vent, que Fred MacMurray, d’abord chanteur, tournera avec les actrices les plus célèbres avant de devenir « l’acteur numéro 1 de Disney, la première Disney legend », qu’il avait déjà joué avec Barbara Stanwyck dans Assurance sur la mort, que la carrière de Joan Bennett déclina après que son mari, l’agent de stars Walter Wanger, fût assassiné en 1968 sur un parking par un voleur de portefeuilles, que les bijoux portés par Barbara Stanwyck ont été créés par Johann Joseph… Une présentation ultralégère !

Bande-annonce.

Galerie de photos : 17 photos du film et une de l’affiche.

Demain est un autre jour

Image - 3,5 / 5

L’image (1.85:1, 1080p, AVC), très propre, lumineuse, solidement contrastée, avec des noirs denses, conserve ce qu’il faut du grain originel. L’étalonnage tend toutefois à rendre le dégradé de gris assez agressif et trop sombre dans de nombreux plans.

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0, débarrassé des bruits parasites par une soigneuse restauration, laisse subsister un souffle assez léger pour se faire facilement oublier. Les dialogues sont idéalement priorisés sur l’accompagnement musical dans lequel revient comme un leitmotiv la célèbre ballade de Richard Rodgers et Lorenz Hart, Blue Moon.

Crédits images : © Elephant Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 13 mai 2019
Cette sortie complète l’édition, entreprise par Elephant Films, de l’intégrale des mélodrames de Douglas Sirk, l’orfèvre américain du genre. La qualité de la mise en scène et des dialogues et la forte présence de Barbara Stanwyck faisaient attendre cette réédition, la première en haute définition.

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