Shanghaï Express (1932) : le test complet du Blu-ray

Shanghai Express

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Josef von Sternberg
Avec Marlene Dietrich, Clive Brook et Anna May Wong

Édité par Elephant Films

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Le 12/06/2019
Critique

Pékin, 1930. Josef von Sternberg monte avec Marlene Dietrich à bord du Shanghai Express pour un quatrième film… et un voyage mouvementé.

Shanghaï Express

Le Shanghai Express s’apprête à quitter Pékin. Parmi les passagers de la première classe, un industriel allemand, Donald Harvey, un médecin militaire britannique, un commandant français, une vieille dame propriétaire d’une pension de famille avec son petit chien, Harry Chang, un énigmatique Chinois et deux jeunes femmes à la réputation sulfureuse, Hui Fei, une Chinoise, et Shanghai Lily, une Européenne. Le train s’ébranle pour un long trajet dans une Chine secouée par la guerre civile en ce début des années 30…

Shanghai Express, sorti en 1932, est le quatrième des sept films réalisés par Josef von Sternberg avec Marlene Dietrich. Elle était apparue dans une petite vingtaine de films allemands avant que Josef von Sternberg ne la révèle au grand public dans L’Ange bleu (Der blaue Engel, 1930) auprès d’Emil Jannings, un des plus célèbres acteurs allemands. Le couple mythique qu’elle formera, la même année, avec Gary Cooper, dans Coeurs brûlés (Morocco) puis son rôle dans Agent X27 (Dishonored) sorti en 1931, sur un scénario inspiré de l’histoire de Mata-Hari, consolideront sa réputation, faisant d’elle une grande star internationale.

Shanghai Express s’ouvre sur des plans de la gare de Pékin, grouillante de monde, de Chinois, surtout, mais aussi d’une foule cosmopolite à une époque où Pékin et Shanghai abritaient des enclaves concédées à des nations étrangères.

Josef von Sternberg a, pour la quatrième fois, après Coeurs brûlés, Une tragédie américaine (An American Tragedy, 1931) et Agent X27, fait appel au chef opérateur Lee Garmes, récompensé par un Oscar pour la photo de Shanghai Express. Pas étonnant qu’on retrouve le style des films précédents avec les cadres foisonnants et les clairs-obscurs, caractéristiques du cinéma de Sternberg.

Shanghaï Express

Figure au générique, dans le rôle de l’officier français, Émile Chautard, un réalisateur français accoutumé à tenir des petits rôles dans ses propres films. Après une bonne soixantaine de courts métrages tournés en France, il avait rejoint les USA en 1915 et mis le pied de Josef von Sternberg à l’étrier en l’embauchant, en 1919, comme assistant réalisateur de son film The Mystery of the YellowRoom, sa deuxième adaptation du roman Le Mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux (la première fut tournée à Paris en 1913).

À l’égal des autres films réalisés avec sa muse Marlene Dietrich, Shanghai Express démontre l’aisance avec laquelle Josef von Sternberg peut tout exprimer par le seul moyen de l’image, l’acquis de son expérience du cinéma muet : L’Ange bleu, sa dixième réalisation, sera son premier film parlant. S’il a propulsé Marlene Dietrich sous les feux de la rampe, elle a aussi inspiré ses meilleurs films. Avec ceux qui suivront, Vénus blonde (1932), L’Impératrice rouge (The Scarlet Empress, 1934) et La Femme et le pantin (The Devil Is a Woman, 1935), ils restent aujourd’hui des références pour tout cinéphile.

Rarement une femme n’a été aussi bien filmée que Marlene Dietrich par Josef von Sternberg. Un plan d’elle, dans un couloir du train, dans une robe noire, la tête levée vers la lumière, est emblématique de Shanghai Express. Comme le sera la scène de L’Impératrice rouge dans laquelle le vacillement de la flamme d’une bougie trahit son désir. Des images restées gravées de manière indélébile dans la mémoire du spectateur après un premier visionnage !

Shanghaï Express

Présentation - 3,5 / 5

Shanghai Express (82 minutes) et ses suppléments (80 minutes) tiennent, dans cette édition combo, sur un Blu-ray BD-50 et un DVD-9 logés dans un boîtier standard de 14 mm, glissé dans un fourreau, non remis pour le test, effectué sur le seul Blu-ray.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 1.0.

Sont sorties simultanément les éditions combos d’Agent X27, L’Impératrice rouge et La Femme et le pantin.

Bonus - 3,5 / 5

Introduction au film par Jean-Pierre Dionnet (13’). Il souligne l’apport de Travis Banton (orthographié : Travis Benton sur un carton), costumier de Marlene Dietrich. Il nous dit qu’il avait quitté le Texas pour ouvrir boutique à New York, où, repéré par l’actrice Clara Bow, « il fait les costumes des Ziegfeld Folies et, du jour au lendemain, devient le patron des costumes de la Paramount. » Sauf qu’il n’a rien eu à voir avec Les Ziegfeld Follies et que, lorsque ce film est sorti, en 1945, Travis Banton avait déjà conçu les costumes de quelques 230 films sur les 258 auxquels il contribua de 1925 à 1951. Il est cependant exact qu’il a dessiné les costumes que portait Marlene Dietrich dans six des sept films qu’elle a tournés avec Josef von Sternberg. Après quoi Jean-Pierre Dionnet raconte le film, puis fait l’éloge du chef opérateur Lee Garmes, directeur de la photographie d’Autant en emporte le vent et de La Terre des pharaons. Il évoque aussi les acteurs, dont Warner Oland, un Suédois enregistré à l’état-civil sous le nom de Johan Verner Öhlund, qui se spécialisa dans les rôles de Chinois et incarna le personnage de Charlie Chan dans pas moins de 16 films.

Josef von Sternberg par Jean-Pierre Dionnet (12’). Originaire de Vienne, Josef von Sternberg rentre à New York dans l’industrie du cinéma par la petite porte, pour nettoyer des films (et non des affiches !), puis devient monteur, opérateur au service cinématographique des armées en 1917, et assistant du réalisateur français Émile Chautard pour Le Mystère de la chambre jaune (The Mystery of the Yellow Room), sorti en 1919. Il commence à tourner ses premiers films en 1925, surtout des policiers réalistes, et obtient un beau succès en 1928 avec Les Damnés de l’océan (Docks of New York). En 1930, Universal lui propose le tournage en Allemagne de L’Ange bleu. Exigeant envers lui et envers les autres, il est jugé insupportable par beaucoup d’acteurs, au point que les temps devinrent plus difficiles pour lui. Mais il réalisera encore quelques films importants, The Shanghai Gesture, en 1941, avec Gene Tierney et Victor Mature, et, en 1953, Fièvre sur Anatahan (Anatahan), l’histoire de soldats japonais oubliés à la fin de la guerre sur un îlot du Pacifique, un film très personnel qu’il a photographié, produit et dont il a coécrit le scénario. (Bonus commun aux quatre éditions sorties le 30 avril).

Shanghaï Express

Marlene Dietrich par Xavier Leherpeur (13’), critique de cinéma à La 7ème obsession. Marlene Dietrich, « un symbole sexué », une image iconique connue même des non-cinéphiles, incarne l’histoire bouleversée du XXème siècle. Jouer, pour elle, « c’est placer son corps, c’est placer sa voix, c’est placer sa ligne de regard. » C’est peut-être l’éducation rigoriste de son père qui l’a poussée à être provocatrice, à s’épanouir dans le bouillonnement culturel du Berlin des années 20 avant de devenir une vedette internationale et « un modèle d’inspiration pour les femmes ». Marlene Dietrich arrive aux USA avec Josef von Sternberg après le tournage de L’Ange bleu. Paramount les engage tous les deux pour concurrencer MGM qui venait de recruter Greta Garbo. Marlene Dietrich est une actrice à part, avec un visage qui sait trouver la lumière, changer naturellement d’expression. Elle a toujours su rester elle-même et affirmer une présence qui l’a conduite à jouer avec les meilleurs réalisateurs. (Bonus commun aux quatre éditions sorties le 30 avril).

Shanghai Express, un entretien avec Mathieu Macheret (Le Monde) et Théo Esparon (historien et programmateur) (38’). Sternberg reprend l’équipe des films précédents, Jules Furthman au scénario, Lee Garmes à la photo, Richard Kollorsz aux décors, et nous emmène « dans un ailleurs fantasmé » avec une galerie cosmopolite de personnages pittoresques, caricaturés l’un après l’autre. Il attire l’attention sur les mains de Marlene Dietrich et d’Anna May Wong, les deux femmes qui, en dépit de leur mauvaise réputation, incarnent les deux personnages véridiques de l’histoire, tous les autres cachant leur vraie nature sous de fausses apparences. Les nombreux plans de la fin du film sur Marlene Dietrich visent à « filmer la pensée » de Shanghai Lily.

Pour finir, une galerie de 37 photos et la bande-annonce de Shanghai Express et des autres films de Josef von Sternberg et Marlene Dietrich dans la collection Cinéma MasterClass éditée par Elephant Films.

Shanghaï Express

Image - 5,0 / 5

L’image (1.37:1, 1080p, AVC) a bénéficié d’une soigneuse restauration qui l’a été débarrassée de toute marque de détérioration de la pellicule et assure un parfait étalonnage des niveaux de gris allant de blancs lumineux à des noirs d’encre (de Chine !). La stabilité est remarquable, tout comme la gestion du grain, respectueuse de la texture originelle.

Son - 5,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0 est, lui aussi, d’une étonnante qualité : tous les bruits parasites ont été éliminés, jusqu’au souffle, à peine audible. Les dialogues sont très clairement restitués dans un agréable équilibre avec les bruits du train. L’accompagnement musical, limité au générique et aux sept dernières minutes du film, hormis un air de jazz joué sur le phonographe de Shanghai Lily après le départ du train, permet de vérifier la stabilité du défilement.

Crédits images : © Elephant Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 12 juin 2019
Un périlleux voyage dans une Chine fantasmée, c’est le nouveau prétexte inventé par Josef von Sternberg pour filmer sa muse, Marlene Dietrich, fascinante dans de magnifiques clairs-obscurs...

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Shanghaï Express
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