L'Homme aux Colts d'or (1959) : le test complet du Blu-ray

Warlock

Édition Collection Silver Blu-ray + DVD

Réalisé par Edward Dmytryk
Avec Richard Widmark, Henry Fonda et Anthony Quinn

Édité par Sidonis Calysta

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Le 29/07/2019
Critique

Le meilleur western d’Edward Dmytryk, une fable sur la légitimité du maintien de l’ordre, servie par un casting exceptionnel.

L'Homme aux colts d'or

Une bande de hors-la-loi de San Pablo, dirigée par l’éleveur Abe McQuown, terrorise les habitants du village de Warlock et en chasse le sheriff. Le comité des citoyens se résout à embaucher en tant que marshal Clay Blaisedell, un mercenaire à la réputation sulfureuse. Il arrive accompagné de Tom Morgan, son ami et garde du corps qui ouvre un saloon. Johnny Gannon, le frère d’un des hors-la-loi, quitte la bande et se fait nommer sheriff adjoint…

L’Homme aux colts d’or (Warlock), sorti en 1959, est l’adaptation par Edward Dmytryk du roman Warlock publié par Oakley Hall en 1958 (édité en 2010 en France sous ce même titre). Un autre des vingt-cinq romans qu’il a écrits inspirera le scénario du film La Descente infernale (Downhill Racer, Michael Ritchie, 1969, avec Robert Redford et Gene Hackman).

Le scénario, riche et habilement construit, est dû à Robert Alan Aurthur. Il venait d’écrire celui de L’Homme qui tua la peur (Edge of the City, Martin Ritt, 1957, toujours dans l’attente d’une édition vidéo en France) et signera ceux de Grand Prix (John Frankenheimer, 1957) et de Que le spectacle commence (All That Jazz, Bob Fosse), sorti en 1979, après sa mort à l’âge de 56 ans.

L’Homme aux colts d’or est une réflexion sur le maintien de l’ordre. Peut-il, quand les institutions sont défaillantes, être imposé par tous les moyens ou seulement dans le cadre légal ? Sans discours moralisateur, le film propose au spectateur le choix à faire pour régler l’affrontement entre l’intérêt d’un petit groupe d’individus et l’intérêt public. Le recours au justicier donne des garanties d’efficacité (la réputation de Clay Blaisedell suffit parfois à ramener l’ordre sans qu’il ait à dégainer ses fameux colts .45), alors que l’autorité d’un sheriff élu par les citoyens, limitée par les barrières de la loi, devra être démontrée sur le terrain.

L'Homme aux colts d'or

L’Homme aux colts d’or déploie une galerie de personnages complexes, portant le poids d’un passé, certains taraudés par un sentiment de culpabilité, les autres mus par un désir de vengeance. Subtilement, le scénario ne soulève qu’un coin du voile sans jamais révéler tout ce que cache chacun des protagonistes. En laissant ainsi le reste à l’imagination du spectateur, le scénario rend les personnages assez mystérieux et entretient l’ambiguïté sur leurs relations, notamment sur la nature de la profonde complicité entre Clay Blaisedell et Tom Morgan.

Ces deux personnages sont interprétés par Henry Fonda, au milieu de sa carrière, dans le sillage de trois films remarquables, Le Faux coupable (The Wrong Man, Alfred Hitchcock, 1956), 12 hommes en colère (12 Angry Men, Sidney Lumet, 1957), Du sang dans le désert (The Tin Star, Anthony Mann, 1975) et par Anthony Quinn, dont la sobriété du jeu, très inhabituelle, sert l’image énigmatique de Tom Morgan.

Le troisième personnage essentiel est celui, également équivoque, de Johnny Gannon, membre de du gang d’Abe McQuown, basculant du bon côté en étant le témoin d’une exécution maquillée en combat loyal, interprété par Richard Widmark qui venait d’incarner un autre personnage complexe dans un fameux western, La Dernière caravane (Delmer Daves The Last Wagon, 1956) et qu’Edward Dmytryk avait employé dans La Lance brisée (The Broken Lance, 1954). Il faut aussi signaler Tom Drake (Le Chant du Missouri / Meet Me in St. Louis, Vincente Minnelli, 1944), d’une méchante efficacité, dans le rôle inhabituel d’un vilain, Abe McQuwon.

L’Homme aux colts d’or est un western exceptionnel : sa réédition s’imposait.

L'Homme aux colts d'or

Présentation - 3,5 / 5

L’Homme aux colts d’or (121 minutes) et ses suppléments (29 minutes) tiennent, dans cette édition combo, sur un Blu-ray BD-50 (une réédition du Blu-ray sorti en avril 2012) et un DVD-9 (avec le même contenu), logés dans un boîtier de 14 mm, glissé dans un fourreau.

Le menu animé et musical offre le choix entre version originale, avec sous-titres optionnels, et doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 1.0.

Bonus - 3,5 / 5

Les deux bonus sont repris de l’édition sortie par Sidonis Calysta en avril 2012.

Présentation du film par Bertrand Tavernier (16’).Le choix du scénariste Robert Alan Aurthur, « un écrivain considéré », confirme le niveau d’exigence d’Edward Dmytryk et assure un récit exempt de clichés. La nature insolite de la relation entre Clay Blaisedell et Tom Morgan, le remords et la soif de vengeance animant les personnages, la « violence imbécile » exercée par les malfaiteurs assurent l’originalité de l’oeuvre, plus que la réalisation, assez conventionnelle. Ce « western urbain », sans grands espaces, approche de manière inhabituelle les thèmes de la justice et du maintien de l’ordre. Le sentiment de culpabilité et une noirceur qui collent à la peau des personnages est emblématique des meilleurs films d’Edward Dmytryk, tels Le Bal des maudits (The Young Lions, 1958), peut-être la résultante de ses démêlés avec le House Committee on Un-American Activities qui lui valurent un séjour en prison, puis l’amèneront à dénoncer certains de ses pairs.

Présentation du film par Patrick Brion (13’). Il souligne l’opposition entre les personnages secondaires d’Abe McQuown, le tyran de Warlock, et celui de Tom Morgan, interprétés à contre-emploi par Tom Drake et Anthony Quinn et le fait que le scénario laisse délibérément dans l’ombre les relations passées entre Clay Blaisedell et Tom Morgan, ainsi que celles entre LilyDollar (Dorothy Malone) et Ben Nicholson, le frère d’un des sbires d’Abe McQuwon. L’Homme aux colts d’or est le meilleur western d’Edward Dmytryk, dont la carrière a été contrariée par la chasse aux sorcières du sénateur McCarthy.

L'Homme aux colts d'or

Image - 4,5 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC) a bénéficié d’une restauration soigneuse qui a fait disparaître pratiquement toutes les taches ou griffures, assuré une bonne stabilité et réduit le bruit en flirtant avec la ligne jaune du lissage excessif, sans jamais la dépasser. Elle est un peu douce, avec une définition moyenne dans les plans larges, mais très agréable avec ses couleurs ravivées et bien étalonnées.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master audio 1.0 de la version originale est lui aussi très propre, avec un souffle à peine perceptible et une dynamique suffisante. Les dialogues sont clairement rendus.

Le doublage en français, place un peu trop en avant les dialogues, par ailleurs assez monotones.

Crédits images : © Sidonis Calysta

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 29 juillet 2019
Trois personnages complexes et un casting de poids : Henry Fonda, Richard Widmark et Anthony Quinn pour un western qui nous emmène hors des sentiers battus, le meilleur d’Edward Dmytryk, pour la première fois édité en HD.

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