L'Aventure du Poseidon (1972) : le test complet du Blu-ray

The Poseidon Adventure

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Ronald Neame
Avec Gene Hackman, Ernest Borgnine et Red Buttons

Édité par BQHL Éditions

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Le 10/10/2019
Critique

Superproduction qui relança le film-catastrophe, servie par une réalisation impressionnante, un scénario inspiré et un casting de stars.

L'Aventure du Poséidon

Atlantique Nord, vers 1970, un soir de fête du Nouvel an : les 1300 passagers d’un luxueux navire de croisière (que son propriétaire a refusé de réparer à temps) faisant route de New York vers la Grèce, sont submergés par une vague géante qui les renverse et tue une partie d’entre eux. Les survivants se disputent et hésitent sur la marche à suivre. Un petit groupe, mené par un prêtre clairvoyant, décide de remonter vers l’hélice en traversant un enfer mortel de feu, d’eau et d’acier.

L’Aventure du Poséidon (USA 1972) de Ronald Neame est un classique du film d’aventures. Le film avait coûté environ 5 millions de US$. Sorti durant les fêtes de fin d’année 1972, il en rapporta presque 100 millions en quelques mois à son distributeur Fox et aux producteurs indépendants qui avaient apporté la moitié du capital.

Plusieurs raisons expliquent ce succès : d’abord l’heureux alliage entre le cinéaste américain Irwin Allen ici producteur (qui avait signé de très beaux films fantastiques dans les années 1960 puis produit d’excellentes séries TV de SF) et le cinéaste anglais Ronald Neame ici réalisateur. Neame était un vétéran d’un tempérament plus mesuré et sobre que Allen qui était un visionnaire : les deux personnalités s’équilibrèrent mais Allen, de facto co-réalisateur, obtint de Neame le respect strict du storyboard des séquences majeures. Ensuite un roman original inspiré par une expérience réelle qui avait presque fait chavirer le navire Queen Mary sur lequel se trouvait son auteur en 1937. L’adaptation (qui fut écrite par plusieurs scénaristes de 1969 à 1972 et à laquelle Allen contribua du début à la fin du tournage) en fut réussie et sa progression dramatique pouvait être interprétée dans un sens autant sociologique que religieux. Le Queen Mary, encore disponible, servit au tournage de plusieurs séquences en extérieurs et fut le modèle des décors et maquettes des intérieurs: le réalisme, respectant l’échelle gigantesque du modèle, fut donc saisissant. Il le fut aussi en raison d’une mise en scène classique, rigoureuse, sobre et impressionnante à la fois. Enfin un casting populaire équilibré et une équipe technique chevronnée complétèrent le spectacle avec lequel les programmes de télévision de l’époque ne pouvaient absolument pas rivaliser. Pendant longtemps, L’Aventure du Poséidon fut surnommé « le film qui a sauvé Hollywood ». C’était certes excessif car ni Hollywood ni même la Fox n’étaient au bord de la faillite au début des années 1970 mais la formule donne une bonne idée de son impact historique.

Sur le plan de la mise en scène, plusieurs prouesses techniques furent réalisées : la plus célèbre était (et demeure) celle du retournement du navire renversé par un tsunami, durant une minute et demie, grâce à un savant alliage entre un gigantesque plateau à moteurs hydrauliques et des caméras dont on modifiait régulièrement et précisément l’angle entre 45° et 90°. Allen et Neame dotèrent en outre cette production d’un bon niveau de violence graphique et d’un suspense terrifiant flirtant parfois avec l’esthétique fantastique (influencée à plusieurs reprises par Mario Bava).

Cette production confirma et accéléra le renouveau hollywoodien du genre « film catastrophe » déjà relancé par le Airport (USA 1970) de Georges Seaton. De telles superproductions mettant en scène une catastrophe réelle ou fictive, Hollywood en avait déjà produit de très belles, par exemple L’Incendie de Chicago (In Old Chicago, USA 1938) d’Henry King. Si Allen n’avait donc évidemment pas inventé le genre, il prouva en revanche qu’on pouvait lui redonner vie esthétique avec un scénario ambitieux tout en prenant un risque financier maîtrisé. La Warner, constatant les recettes colossales engrangées par sa rivale Fox, confia environ trois fois plus d’argent (14 millions) à Irwin Allen afin de produire pour elle dans la foulée l’excellent La Tour infernale (USA 1973) de John Guillermin, sur lequel Allen supervisa de près le tournage des séquences les plus spectaculaires.

Remakes et variations : L’Aventure du Poséidon (USA 2005) de John Putch, Poséidon (USA 2006) de Wolfgang Petersen.

Suite : Le Dernier secret du Poséidon (Beyond the Poséidon Adventure, USA 1979) d’Irwin Allen.

L'Aventure du Poséidon

Présentation - 5,0 / 5

édition collector BQHL, édité le 02 juillet 2019, contenant 1 DVD + 1 Blu-ray Full HD 50 région B + 1 livret. Durée du film : 117 min. environ. Format 2.35 Panavision respecté, couleurs De Luxe, compatible 16/9. VF d’époque + VOSTF. Suppléments : 2 commentaire audio (du réalisateur Ronald Neame, des actrices Carol Linley, Pamela Sue Martin, Stella Stevens), documentaires divers sur la production, le tournage et la réception financière et critique du film, entretiens avec le cinéaste anglais Ronald Neame, avec divers acteurs, avec un cascadeur, comparaison du story-board et de 3 séquences, featurettes d’époque, films-annonce.

Le livret d’une dizaine de pages couvre précisément la genèse de la production et l’histoire du tournage de 1969 à 1972, ainsi que la réception critique et financière du film. Il résume bien la situation d’Irwin Allen comme cinéaste et comme producteur TV de 1950 à 1970, celle de la Fox et d’Hollywood vers 1970. Il est émaillé d’utiles citations du producteur Irwin Allen, du cinéaste Ronald Neame, des scénaristes Wendell Mayes et Stirling Silliphant, et d’anecdotes savoureuses de tournage. Peu de cinéphiles savent que le cinéaste Gordon Douglas prépara la mise en scène avec Allen avant de se disputer avec lui et de claquer la porte, raison pour laquelle la Fox fit appel à Neame pour le remplacer. Et peu savent que Allen imposa à Neame le respect strict du storyboard des scènes d’action et que Allen fut donc, de facto, co-réalisateur. Bref… livret clair, précis, utile et riche en informations d’histoire du cinéma.

L'Aventure du Poséidon

Bonus - 5,0 / 5

Ensemble remarquable bien qu’il ne comporte pas tous les suppléments du Blu-ray Fox édité en 2012 ni une partie de ceux de l’ancienne édition 2 DVD collector de 2006 ; j’indique en bas de cette section les parties manquantes. En revanche les 2 commentaires audio sont à présent munis de VOST alors qu’ils ne l’étaient pas sur l’ancienne édition française Blu-ray Fox de 2012.

Commentaire audio (VOSTF) du réalisateur Ronald Neame : inégal comme toujours dans ce genre d’exercice mais Neame (qui était âgé d’environ 90 ans au moment de cet enregistrement : il est mort en 2010 à 99 ans) est capable de se remémorer précisément les rudes conditions du tournage, les rapports entre maquettes et décors, ses rapports avec son directeur photo Harold Stine, la manière dont il maintient matériellement le suspens durant tel plan. Neame, cinéaste anglais issu d’un peuple de marins, aurait souhaité que le balancement des arrières-plans, simulant le mouvement de la mer, fusse plus vigoureux mais le producteur américain Allen modéra ses ardeurs. Inversement, il se souvient avoir lâché la bride à l’acteur Gene Hackman lorsque ce dernier pleure la mort de… mais chut… on ne vous le révèle pas afin de maintenir intact le suspense.

Commentaire audio (VOSTF) des actrices Stella Stevens, Carol Lynley et Pamela Sue Martin : complémentaire du précédent car on dispose du point de vue de trois actrices de l’autre côté de la caméra. Leurs témoignages concordent : le tournage fut rude, éprouvant. Un studio glacial alternait avec des décors munis de vapeurs chaudes et de feu occasionnant une chaleur rapidement suffocante. Elles ne tarissent pas d’éloges sur le producteur Irwin Allen et sur le cinéaste Ronald Neame.

Hollywood Backstories : the Poseidon Adventure (4/3, VOSTF, 1995 + 2000, durée 25 min. environ) : tourné en 2000 et utilisant aussi des entretiens un peu plus anciens filmés en 1995 avec Sheila Allen, la veuve d’Irwin Allen et avec le cinéaste anglais Ronald Neame, ce bon documentaire comporte de nombreuses précisions sur la manière dont le producteur Irwin Allen imposa, de justesse, à la Fox la proposition qu’il considérait comme son grand retour au cinéma après sa période télévision. Bien illustré de nombreuses images d’archives.

Featurette regroupe, sous ce titre assez trompeur, quatre petits suppléments :

The Cast Looks Back (16/9, VOSTF, 2005, durée 6 min. environ) : témoignages des actrices Carole Lynley, Stella Stevens, Pamela Sue Martin et des acteurs Red Buttons et Roddy McDowall. Précisions variées sur le tournage dans son ensemble et sur celui de certains plans, par exemple McDowall confirmant que ce n’est pas lui qui tombe dans la cheminée mais un cascadeur qui courait un risque contrôlé mais tout de même mortel en cas d’erreur.

Falling Up with Ernie (16/9, VOSTF, durée 4 min. environ) : l’acteur Ernie Orsatti raconte avec une grande précision la manière dont il fut sélectionné pour effectuer sa célèbre chute à travers la verrière ; sa carrière en fut modifiée à jamais puisqu’il fut ensuite catalogué comme cascadeur et non plus comme acteur.

Les Héros du Poséidon (16/9, VOSTF, durée 10 min. environ) : Christopher Vogler (écrivain), Christopher Heard (historien des religions), David Morrell (scénariste) évoquent les interprétations possibles, allégoriques et religieuses, de l’histoire écrite par Sterling Silliphant et Wendell Mayes d’après un roman homonyme de Paul Gallico. La piste la plus séduisante étant celle de L’Enfer (Inferno) de Dante qui a pu influencer certaines séquences. Notons à ce sujet que l’édition VHS allemande éditée par CBS Fox était d’ailleurs intitulée Poséidon Inferno !

R.M.S. Queen Mary (16/9, VOSTF, durée 6 min. environ) : de nombreux plans sont des maquettes et des décors reproduisant à l’échelle (y compris les sections retournées telles que le salon de coiffure) le bateau Queen Mary, modèle réel du fictif navire Poséidon. On apprend enfin dans cette section la genèse précise de l’argument : l’écrivain Paul Gallico avait vécu en 1937 sur le Queen Mary un incident similaire (mais à moitié similaire seulement) qui lui inspira le roman trente ans plus tard. Deux détails gênants : les STF modifient obstinément le nom de famille de l’écrivain en « Gallica » (peut-être sous l’influence d’anciennes versions latines traduisant le Bellum Gallicum de Jules César ?) et la carte illustrant la traversée de l’Atlantique Nord représente un itinéraire marin… contournant soigneusement l’Atlantique Nord ! Pour le reste, excellent montage et riche commentaire, alternant très précisément plans du film et images du navire réel.

Conversation avec le réalisateur Ronald Neame (16/9, VOSTF, durée environ 9 min., 2005) : Neame lit une lettre d’un fan du film et il avoue en recevoir encore régulièrement quarante ans après sa sortie en exclusivité : ce qui ne m’étonne pas. Il explique d’une manière simple et claire comment il réalisa la scène du renversement du navire au moyen d’une plate-forme munie de moteurs hydrauliques et d’un calcul rigoureux des angles de caméra : c’est l’un des moments les plus passionnants de ces suppléments.

Storyboards dessinés comparés à 3 séquences filmées (4/3, VOSTF, durée environ 7 min.) : la séquence du renversement du bateau, celle de la montée de l’échelle interne à la cheminée géante, celle du sauvetage sous-marin du prêtre, sont montées en alternance, plan par plan, avec les plans dessinés du storyboard original, mentionnant les mouvements de caméra, le numéro de la séquence, du plan, l’expression des acteurs principaux, les divers accessoires requis pour le tournage du plan.

Vintage Promotionnal Material : ensemble à l’état argentique moyen et à l’état vidéo moyen aussi, comportant 3 sections :

Original 1972 Featurette est un petit reportage sur le tournage de 1972 ou « featurette » (1.85 recadré compatible 4/3, VO sans STF, durée 10 min. environ) montrant le tournage de l’inondation de la salle des fêtes, le producteur Irwin Allen, le réalisateur Ronald Neame, comment 4 caméras furent utilisées simultanément.

Teaser est un petit film-annonce ou « teaser » (1.85 recadré compatible 4/3, VO sans STF, durée 1 min. 30 environ) bien monté.

Trailer est le film-annonce lui-même (1.85 recadré compatible 4/3, VO sans STF, durée 3 min. environ) bien monté aussi.

Les suppléments absents ici mais autrefois visibles sur les anciens Blu-rays américains et français édités par la Fox et sur l’ancienne édition collector 2 DVD, sont ceux consacrés au scénariste Stirling Silliphant, aux souvenirs de l’un des deux compositeurs de la chanson chantée par Carol Lynley, à la troisième section de la conversation avec Ronald Neame où il raconte comment le négatif faillit être noyé, enfin la galerie affiches et photos qui comportait trois sections : affiches, photos d’exploitation et photos de tournage. C’est surtout, inutile de le préciser à mes lecteurs, ce dernier supplément dont je regrette vraiment l’absence. Cela dit, il faut être bon prince et accorder néanmoins la note maximale à l’ensemble en raison des nombreuses informations d’histoire du cinéma disséminées dans cette édition 2019 et en raison du bel effort de sous-titrage des deux commentaires audio, enfin accessibles à tous les francophones.

L'Aventure du Poséidon

Image - 5,0 / 5

Format original 2.35 Panavision couleurs DeLuxe, compatible 16/9 Full HD. Copie argentique admirablement restaurée : parfait étalonnage, excellente colorimétrie de la photo signée Harold Stine. Émulsion constamment stable sauf une fraction de seconde (durant la montée de l’échelle à l’intérieur de la cheminée géante). Le lissage de l’image a été privilégié par rapport à la restitution du grain mais la densité et la texture argentique n’ont jamais été aussi belles en vidéo numérique. Cerise sur le gâteau : un générique francophone d’époque parfaitement préservé et traduisant bien le générique américain, et cela sur les deux versions sonores.

Son - 4,0 / 5

VF d’époque et VOSTF, toutes deux en Dolby Digital mono 2.0 : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. A noter qu’il existait sur le Blu-ray Fox de 2012 une piste 4.0 ici absente. Son absence fait baisser la note d’un cran. Excellent doublage d’époque. Première grande partition signée John Williams qu’on peut considérer comme la matrice de celles qu’il signera pour La Tour infernale et Les Dents de la mer (Jaws, USA 1975) de Steven Spielberg. Pistes claires et dynamiques, en bon état général, effets sonores (la vague géante, les explosions sous-marines) bien conservés. Comme d’habitude, la piste américaine offre un relief supérieur alors qu’il faut augmenter le niveau sonore de la VF d’époque pour obtenir le même rapport entre dialogues d’une part, effets sonores et musique d’autre part.

Crédits images : collection Francis Moury - © BQHL éditions

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
Avis

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CritiKs Moviz
Le 20 octobre 2022
« The Poseidon Adventure » est un très bon film catastrophe disposant d’une histoire originale, d’une intrigue rondement menée et d’un développement impressionnant. Le rythme est plutôt soutenu, le récit est fluide et la narration est linéaire. La photographie signée Harold E. Stine est spectaculaire pour l’époque avec des décors inversés, la bande musicale orchestrée par John Williams est proche de la perfection, créant une ambiance singulière au métrage, et le montage réalisé par Harold F. Kress débouche sur un film d’une durée de 117 minutes. La distribution, impressionnante pour l’époque, offre de très bonnes prestations. Le film aura vu une suite, deux remakes et fait aujourd’hui figure de classique et est devenu un film culte, même si certains aspects peuvent apparaître comme légèrement kitchs.

Lire ma critique complète : https://wp.me/p5woqV-b4i
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francis moury
Le 10 octobre 2019
Superproduction qui relança le film-catastrophe, servie par une réalisation impressionnante, un scénario inspiré et un casting de stars.
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P.
Le 16 novembre 2007
Contrairement à ce qu'écrit le critique de dvdfr.com à propos du film, "L'aventure du Poséidon" est un classique et constitue avec "La tour infernale" (1974) et "Airport" (1970) le trio de tête des films-catastrophes des années 1970 ; ce film mérite donc pleinement sa sortie en édition collector 2 dvds en 2006. Il faut se souvenir que ce film avait remporté un succès considérable à l'époque (7 nominations aux Oscars dont 2 obtenus), ce qui avait permis au producteur, Irwin Allen, de produire et réaliser "La tour infernale" deux ans plus tard. Pour ce qui est du dvd lui-même, je conseille vivement l'édition collector supérieure en tous points à la version "standard" : le design du coffret est superbe, l'image du film de meilleure qualité (clarté des couleurs et excellente définition) et certains bonus valent le détour (notamment le livre virtuel dont on peut zoomer les photos ou bien encore le bonus permettant de suivre la progression des personnages à l'intérieur du paquebot au moyen d'images de synthèse).

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