Compañeros (2018) : le test complet du Blu-ray

La Noche de 12 años

Réalisé par Álvaro Brechner
Avec Antonio de la Torre, Chino Darín et Alfonso Tort

Édité par Le Pacte

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Le 16/09/2019
Critique

Le compte-rendu oppressant de la longue détention, dans des conditions inhumaines, de trois prisonniers politiques par la dictature en Uruguay.

Compañeros

1973, l’Uruguay bascule en pleine dictature. Trois opposants politiques sont secrètement emprisonnés par le nouveau pouvoir militaire. Jetés dans de petites cellules, on leur interdit de parler, de voir, de manger ou de dormir. Au fur et à mesure que leurs corps et leurs esprits sont poussés aux limites du supportable, les trois otages mènent une lutte existentielle pour échapper à une terrible réalité qui les condamne à la folie. Le film raconte les douze années d’emprisonnement vécues par trois des figures les plus célèbres de l’Uruguay contemporain - dont son ancien président José « Pepe » Mujica.

Compañeros (La Noche de 12 años, pourquoi avoir changé le titre original ?), une coproduction entre l’Uruguay, l’Espagne, l’Argentine, la France et l’Allemagne, est le troisième long métrage du cinéaste uruguayen Álvaro Brechner, également auteur du scénario, après Sale temps pour les pêcheurs (Mal día para pescar, 2009), une comédie pittoresque sortie dans nos salles en mars 2011, et Mr. Kaplan (2014, distribué en France uniquement en VOD).

Compañeros

Compañeros ne donne aucune information sur le contexte historique, sur l’instabilité politique qui paralysait les institutions, sur le début de la dictature avec l’élection en 1971 du président Juan María Bordaberry, sur les lois d’exception permettant l’incarcération sans inculpation, la dissolution des partis d’opposition, la censure de la presse à laquelle il était interdit de mentionner l’existence des Tupamaros, une structure clandestine créée par le parti communiste en 1964, auteur de nombreux attentats et enlèvements.

Compañeros nous fait suivre la longue détention de trois anciens Tupamaros, José Mujica, Eleuterio Fernández Huídobro et Maurício Rosencof, restés 4 323 jours incarcérés dans des conditions inhumaines, affamés, battus, humiliés, transférés secrètement d’une prison à une autre à l’insu de leurs proches, des conditions rapportées par Maurício Rosencof dans son récit Mémoires du cachot (Memorias del calabozo, paru en 1993).

Compañeros peut rappeler, dans un contexte bien différent, la dureté de Hunger, le film de Steve McQueen sur l’incarcération de Bobby Sands et de ses compagnons : les conditions de détention dont la photographie fait ressortir l’aspect indigne, révoltant.

Mais Compañeros est aussi porteur d’un fort message d’espoir : une forte résistance a permis aux trois hommes de survivre aux épreuves infligées qui auraient pu conduire beaucoup d’autres à la mort ou à la folie et de réintégrer dignement leur vie d’hommes libres.

Compañeros

Présentation - 3,5 / 5

Compañeros (122 minutes) et ses suppléments (44 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logés dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur check disc.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres imposés qui auraient pu être placés plus bas sur l’image, au format audio DTS-HD Master Audio 5.1 et dans un doublage en français au même format.

Piste d’audiodescription DTS 2.0 et sous-titres pour malentendants.

Bonus - 3,5 / 5

Entretien avec Álvaro Brechner et Antonio de la Torre (35’). Le réalisateur voyait dans l’histoire de la longue détention des trois hommes une occasion unique de réfléchir sur la condition humaine dans un environnement éprouvant. Il a fait deux ans de recherches avant d’écrire le scénario. Une difficulté était, avec si peu de dialogues, de communiquer les pensées et les émotions des prisonniers et de donner au film une dimension universelle. Il a invité les acteurs à rencontrer les personnages qu’ils allaient incarner et leur a laissé une marge d’improvisation pour plus d’authenticité. Il évoque la photo dans un environnement privé de lumière et la place donnée à l’accompagnement musical et à la bande-son qui doivent se superposer à l’état mental des personnages. Antonio de la Torre, l’interprète de José Mujica, a été vite captivé par le résumé de l’histoire que lui a fait Álvaro Brechner lors de leur rencontre à Madrid. Il a rencontré Pepe Mujica à quatre reprises, dû perdre 16 kilos et s’imprégner de l’accent uruguayen… une préparation d’un an. Une des difficultés était de sortir de sa routine pour simuler les moments de folie dans laquelle Mujica disait avoir parfois sombré. Il a aussi rencontré Eleuterio Fernández Huídobro, dix jours avant sa mort.

Personnages et décors (5’). Le réalisateur, soucieux de réalisme, s’est aperçu que certaines des prisons avaient été détruites mais a trouvé des lieux qui leur ressemblaient en Uruguay et en Espagne, notamment le fort de San Cristóbal où sont morts de faim et de froid de nombreux prisonniers de la guerre civile. Les acteurs évoquent le régime draconien auquel ils ont dû se soumettre pour se rapprocher du vécu des personnages.

José « Pepe » Mujica (3’). Antonio de la Torre parle de Mujica, un leader. « Mélange d’insolence et de sagesse », il apparaît brièvement dans le document. « Il faut savoir se relever et recommencer, encore et encore », dit-il.

Vidéo clip de Tres locuras de Silvia Pérez Cruz (1’30”), la chanson qui accompagne les crédits du film.

Bande-annonce.

Compañeros

Image - 4,5 / 5

L’image (1.85:1, 1080p, AVC), finement résolue, offre des couleurs naturelles, des contrastes fermes avec des noirs bien denses assurant une parfaite lisibilité des nombreux plans pris en basse lumière.

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 de la version originale bénéficie d’une large ouverture de la bande passante et d’une forte dynamique : il associe la finesse, en restituant les faibles bruits de l’extérieur arrivant jusqu’aux prisonniers, à la puissance avec le claquement des lourdes portes métalliques des cellules. Une spatialisation discrète, mais cohérente, génère une convaincante sensation d’immersion dans l’ambiance.

Ce constat vaut pour le doublage en français, plutôt réussi.

Crédits images : © TORNASOL FILMS

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 16 septembre 2019
Le récit poignant de l’incarcération de trois opposants politiques dans les geôles de la junte militaire qui prit les rênes de l’Uruguay en 1973. Douze années d’isolement, de tortures, de malnutrition et d’humiliations... et une grande leçon de résilience.

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