Réalisé par Assaf Bernstein
Avec
Andrew Koji, Olivia Cheng et Jason Tobin
Édité par Warner Bros. Entertainment France
À la fin du XIXème siècle, des affrontements violents éclatent entre différents clans chinois dans le quartier de Chinatown à San Francisco marquant le début de la guerre des Tongs. Ah Sahm, un jeune prodige des arts martiaux récemment arrivé de Chine, va se retrouver au coeur du conflit alors qu’il devient l’homme de main d’une des familles les plus puissantes de la ville.
Warrior diffusée par le réseau Cinemax, une filiale de HBO, inspirée par des notes de Bruce Lee, le pitch d’un projet qu’écarta Warner Bros., est la deuxième série créée par Jonathan Tropper après la remarquée Banshee (2013-2016, 38 épisodes) dont l’originalité avait suscité une attente, légèrement déçue.
On retrouve dans Warrior la violence graphique et l’érotisme de la série précédente, mais moins bien intégrés au récit. Les scènes de combat entre les hommes de main (hatchet men) des tongs reviennent à un rythme quasi-métronomique dans chacun des épisodes, comme un rite obligé. Avec les inévitables ralentis, leur répétition finira par lasser les amateurs inconditionnels du kungfu à l’écran. Il en est de même pour les scènes de sexe à l’intérieur du bordel tenu par le redoutable Ah Toy, de simples parenthèses dans l’intrigue.
The new guy can scrap!
Le nouveau venu qui sait se bagarrer, c’est Ah Sahm, interprété par Andrew Koji. Il n’a pas la présence d’Antony Starr, le sheriff autoproclamé de Banshee, dont deux acteurs réapparaissent dans Warrior : Hoon Lee, dans le rôle d’un profiteur faisant feu de tout bois pour s’enrichir, et Langley Kirkwood, dans celui de Walter Buckley, un personnage très noir. L’épisode 6 met en évidence un panneau publicitaire pour le tabac Banshee, un clin d’oeil appuyé à l’autre création.
Warrior, en dépit de ces réserves, offre un éventail de personnages largement ouvert et une armée de figurants, impressionnante dans la célébration du nouvel an chinois à l’épisode 7. On a également apprécié l’épisode 6, un western avec tous les ingrédients du genre, diligence, outlaws, bagarre dans le saloon… Et la reconstitution de Chinatown est ambitieuse, à défaut d’être très authentique, la série ayant été tournée… en Afrique du Sud, dans les studios de Cape Town !
Chinks go home!
Warrior contient aussi quelques références historiques, à l’exploitation abusive d’une main-d’oeuvre pour la construction des voies ferrées, à la xénophobie nourrie par l’immigration massive de Chinois (elle conduira au vote, en 1882, de l’Exclusion act), à la construction des cable cars, emblématiques de San Francisco (au prix d’un anachronisme : la série, censée se dérouler en 1880, nous annonce le lancement du projet, alors que la première ligne avait été mise en service dès 1873).
Comme semble l’annoncer la fin ouverte du dernier épisode, les aventures de Ah Sahm ne s’arrêtent pas là : une saison 2 de Warrior est attendue en 2020.
Warrior, saison 1 (10 épisodes d’une durée cumulée de 466 minutes) et ses suppléments (45 minutes) tiennent sur trois DVD-9 logés dans un boîtier standard de 17 mm, glissé dans un étui.
Le menu fixe et muet propose les épisodes dans leur version originale, en anglais, cantonais et mandarin, au format audio Dolby Digital 5.1, et dans trois doublages, en français, allemand et castillan au même format DD 5.1, ainsi que dans une traduction simultanée des dialogues en polonais par la même voix d’homme (!), au format DD 2.0.
Sous-titres en dix langues, dont le français, et en anglais pour malentendants.
Une édition Blu-ray est sortie simultanément avec les mêmes bonus vidéo.
Dans les coulisses de Warrior (45’). Créateur, producteur et acteurs rappellent le contexte : l’afflux de Chinois à San Francisco, exploités comme des esclaves, l’organisation de bandes (tongs) imposant leur loi sur leur « territoire »… Le reste peut se résumer à des commentaires sur les personnages, à un rappel des enjeux de chaque épisode, rien qui ajoute au visionnement de la série.
Ces suppléments restent muets sur la réalisation du film. On aurait pourtant aimé savoir, entre autres choses, comment a été reconstitué le Chinatown de la fin du XIXème siècle, en savoir un peu plus sur les costumes…
L’image (1.78:1), lumineuse et bien définie, offre une délicate palette de couleurs agréablement contrastées, sauf dans quelques-unes des séquences les moins éclairées où les noirs ont tendance à se boucher.
Le son Dolby Digital 5.1, avec un spectre ouvert et une bonne dynamique, restitue clairement les dialogues, bien priorisés sur l’ambiance. Immersif dans certaines scènes de rues, il aurait pu l’être plus dans la plupart des scènes d’intérieur où il est souvent cantonné dans le plan frontal.
Les dialogues doublés en français, au même format DD 5.1, au timbre trop mat, sont monotones et systématiquement plus vulgaires que les dialogues originaux.
Crédits images : © Bruce Lee Entertainment, Cinemax, Perfect Storm Entertainment, Tropper Ink Productions