Mouchette (1967) : le test complet du Blu-ray

Version Restaurée

Réalisé par Robert Bresson
Avec Nadine Nortier, Jean-Claude Guilbert et Jean Vimenet

Édité par Potemkine Films

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Le 24/03/2020
Critique

Robert Bresson donne, avec cette adaptation d’un roman de Georges Bernanos, une brillante démonstration de sa vision du « cinématographe ».

Mouchette

Mouchette, 14 ans, régulièrement battue par son père, trafiquant d’alcool clandestin, doit s’occuper de sa mère gravement malade et de son petit frère, un nourrisson. Ses misérables conditions de vie lui valent le mépris des autres écoliers, ce qui attise sa révolte et la rapproche d’un autre marginal, Arsène, un braconnier alcoolique qui l’invite à se réfugier dans sa cabane quand elle se perd dans la forêt par une nuit de tempête…

Robert Bresson réalise en 1966 Mouchette, juste après la sortie d’Au hasard Balthazar, l’adaptation assez fidèle du roman Nouvelle histoire de Mouchette publié par Georges Bernanos en 1937 que le réalisateur transpose de la Picardie au Vaucluse et de 1937 à 1966. Ce sera l’une des deux adaptations que Bresson fera d’un roman de Bernanos, après Journal d’un curé de campagne en 1951.

Mouchette

Dès après son deuxième long métrage, Les Dames du Bois de Boulogne, Robert Bresson, porte-drapeau du « cinématographe », un art autonome qu’il distingue du « cinéma » qui n’est pour lui que du « théâtre filmé », n’emploie plus que des acteurs non professionnels, ses « modèles ». Il fera toutefois une très légère entorse à cette règle confiant le rôle d’Arsène de Mouchette à l’interprète d’Arnold d’Au hasard Balthazar, Jean-Claude Guilbert qui disparaîtra des écrans après trois furtives apparitions, dont une dans Week-end de Jean-Luc Godard en 1967.

Le strict encadrement réglementaire de l’emploi d’un enfant l’a conduit à attribuer le rôle-titre à Nadine Nortier, alors âgée de 18 ans mais paraissant n’avoir que l’âge de Mouchette. Un choix heureux : la vérité qu’elle donne à son personnage contribue grandement à l’envoûtement du film. Ce sera l’unique rôle de Nadine Nortier.

Mouchette

Présentation - 4,0 / 5

Mouchette (81 minutes) et ses généreux bonus (76 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 (dont toute la capacité a été utilisée) logé dans un digipack non fourni pour le test.

Le menu animé et musical, avec la même charte graphique que celui de l’édition d’Au hasard Balthazar, sortie simultanément, propose le film au format audio DTS-HD Master Audio 1.0.

Piste d’audiodescription DTS-HD MA 1.0 et sous-titres pour malentendants.

Une édition DVD est disponible, avec le même contenu.

Bonus - 5,0 / 5

Au hasard Bresson (Zum Beispiel Bresson, Theodor Kopula, 1967, 30’). Pendant le tournage d’une scène, Robert Bresson confie : « J’aime voir et entendre le film avant de tourner (…), trouver des choses qui sortent de ma mémoire ou de mon imagination. » N’ayant pas le temps d’écrire, il a choisi d’adapter un roman de Bernanos, l’histoire d’une jeune fille confrontée au malheur et à l’horreur. On voit l’importance qu’il attache au placement des acteurs et des objets, à la composition « des plans qui doivent avoir la valeur d’une idée ». Il ajoute : « Image et son, y compris paroles, bruits, musique, sont des éléments qui doivent travailler les uns sur les autres » pour entraîner une « transformation ».

Mouchette

Entretien avec Jacques Kébadian (2019, 22’, conduit par Natacha Missoffe et Clara Trottet). Il fut l’assistant réalisateur d’Au hasard Balthazar et de Mouchette et son premier travail, au sortir de l’IDHEC, fut le montage de la série Bonne nuit les petits produite par Claude Laydu, le prêtre de Journal d’un curé de campagne. Ayant participé à la préparation, au tournage et à la postproduction des deux films, Jacques Kébadian se souvient du rôle de « chef d’orchestre » de Robert Bresson, de l’attention qu’il portait au son, direct ou ajouté. Il s’élève contre l’étiquette de catholique de droite que certains ont voulu coller à Robert Bresson qui a toujours été contre l’ordre établi. (Un bon aperçu de l’oeuvre de Jacques Kébadian est donné par le coffret Arménie : Mémoire arménienne sorti en 2018 par les Éditions Montparnasse).

Entretien avec Michel Estève (2019, 22’, conduit par Clara Trottet), auteur de Bernanos au cinéma (Éditions L’Harmattan) et de Études bernanosiennes (Lettres modernes Minard). La Nouvelle histoire de Mouchette, pour son exploration de l’âme partagée entre le bien et le mal, peut faire penser à Dostoïevski. « Il faut regarder l’oeuvre littéraire avec les yeux d’un cinéaste (… mais) éviter à tout prix de retrouver la matière littéraire dans un film » pour affirmer la suprématie de l’image « à la manière des peintres portraitistes », disait Robert Bresson qui a été peintre, ce que l’on ressent à la composition des plans.

Bande-annonce, réalisée en 1967 par Jean-Luc Godard, restaurée en 2016.

Mouchette

Image - 4,5 / 5

Un avis signale que la version ici présentée a été restaurée en 2014, par Éclair Group pour l’image, par L.E. Diapason pour le son.

L’image (1.66:1, 1080p, AVC), très propre, respectueuse de la texture originelle, ne révèle pourtant pas d’amélioration sensible après comparaison avec celle restaurée pour l’édition DVD sortie par Arte Vidéo en 2005, très légèrement plus lumineuse et plus contrastée.

Elle reste cependant agréable, avec un fin dégradé de gris, soigneusement étalonné.

Son - 5,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0 mono, très propre, pratiquement sans souffle, assure une parfaite intelligibilité des dialogues. On constate, cette fois, un indiscutable gain de limpidité et de dynamique, non seulement pour l’accompagnement musical du Magnificat et des Vêpres de la Vierge de Monteverdi, mais aussi pour l’ambiance.

Un plus qui compte quand on sait l’importance qu’assignait Robert Bresson au rapport qu’elle devait entretenir avec l’image.

Crédits images : © Potemkine Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 24 mars 2020
Un an après Au hasard Balthazar, Robert Bresson continue d’être guidé par les règles qu’il dit devoir gouverner le "cinématographe" en réalisant cette touchante adaptation d’un roman de Georges Bernanos que beaucoup voient comme son chef-d’œuvre.

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