Les Boucaniers (1958) : le test complet du Blu-ray

The Buccaneer

Réalisé par Anthony Quinn
Avec Yul Brynner, Claire Bloom et Charles Boyer

Édité par Sidonis Calysta

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Le 19/02/2020
Critique

Un pirate français s’allie aux Américains pour empêcher les Anglais de prendre La Nouvelle Orléans. L’unique film réalisé par Anthony Quinn.

Les Boucaniers

En 1812, les troupes britanniques, après avoir pris Washington, marchent sur la Nouvelle Orléans vers laquelle cinglent soixante de leurs navires. Le général américain Andrew Jackson n’a que 1 200 hommes à opposer aux 16 000 du camp adverse. Le pirate français Jean Lafitte, installé sur la petite île de Barataria, une position contrôlant l’accès au delta du Mississippi, offre au gouverneur William Claiborne de s’allier au général Jackson pour défendre la cité…

Les Boucaniers (The Buccaneer) est la deuxième adaptation du roman de l’écrivain de New Orleans Lyle Saxon, Lafitte the Pirate, publié en 1930, inspiré de l’histoire vraie du pirate Jean Lafitte, qui avait déjà inspiré Cecil B. DeMille en 1938 pour son film Les Flibustiers (The Buccaneer, DVD édité aux USA en 2012), avec Fredric March dans le rôle du pirate et Anthony Quinn dans celui, secondaire, de Beluche, un des marins.

Cecil B. DeMille, épuisé par le tournage de Les Dix commandements, sorti en 1956, le remake de son film de 1923, chercha un autre cinéaste pour la réalisation. Il finira par la confier à Anthony Quinn qui avait épousé en 1937 sa fille adoptive, Katherine.

Grisé par la réputation internationale que lui avaient valu Viva Zapata! (Elia Kazan, 1952) et [PROGRAM(strada)] (Federico Fellini, 1954), Anthony Quinn brûlait de devenir réalisateur, un désir que n’avait pas assouvi la réalisation, en 1947, de Pastoral, un téléfilm dans lequel William Phipps, disparu en 2018, tient le premier des 232 rôles de sa longue carrière.

Les Boucaniers fut doté de moyens importants : un budget de 5 millions de dollars (50 millions en 2019) avec la mise à disposition d’une bonne partie des équipes de la superproduction Les Dix commandements pour les décors, les costumes, les maquillages… et la photo avec Loyal Griggs qui recevra en 1965 l’Oscar de la meilleure photo en noir et blanc pour Première victoire (In Harm’s Way, Otto Preminger 1965).

Les Boucaniers, s’il n’est pas inoubliable, ne méritait pas la volée de bois vert lancée par la critique. On peut lui reprocher son style désuet, une caméra un peu figée, un tournage exclusivement en studio ne faisant guère illusion (les décors sont loin de donner une vue réaliste des bayous !), une direction d’acteurs laissant à désirer. C’est, en effet, loin d’être la meilleure performance de Yul Brynner, (il refusait d’adresser la parole à Anthony Quinn !) et on est vite agacé par Inger Stevens dans son interprétation de la fille du gouverneur.

Dans le reste de la distribution, au milieu d’une impressionnante foule de figurants, on remarque, sous l’uniforme d’Andrew Jackson Charlton Heston qui retrouve Yul Brynner deux ans après leur mémorable confrontation dans Les Dix commandements, Charles Boyer, sous les décorations usurpées du général You, et Caire Bloom, dans un rôle secondaire ne lui laissant guère la possibilité d’exprimer son talent dont elle avait si bien donné la mesure avec Les Feux de la rampe (Limelight, Charles Chaplin, 1952), L’Homme de Berlin (The Man Between, Carol Reed, 1953) et Les Frères Karazamov (Richard Brooks, 1958).

Pourtant, Les Boucaniers se laisse encore regarder sans ennui. Et il rappelle une page oubliée de l’indépendance des USA et la contribution qu’y apporta Jean Lafitte.

Une curiosité encore inédite en France.

Présentation - 3,0 / 5

Les Boucaniers (120 minutes) et ses généreux suppléments (114 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur check disc.

Le menu animé et musical propose le choix entre la version originale, avec sous-titres optionnels, et un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 1.0.

Une édition DVD est sortie simultanément avec le même contenu.

Bonus - 4,0 / 5

Présentation du film par Patrick Brion (9’, Sidonis-Calysta, 2019). Patrick Brion, après avoir rappelé la genèse du film, dit le préférer à celui de 1938, notamment pour la qualité de sa distribution, dans laquelle se retrouvent Charlton Heston et Yul Brynner, deux ans après Les Dix commandements.

Présentation du film par Bertrand Tavernier (37’, Sidonis-Calysta, 2019). Bertrand Tavernier dit avoir trouvé une riche source d’informations sur le film dans Empire of Dreams, un livre de Scott Eyman qui a dépouillé toutes les archives soigneusement accumulées par Cecil B. DeMille. Il rappelle les réalisateurs envisagés, dont Yul Brynner et Budd Boetticher, le tournage chaotique, perturbé par l’histoire d’amour entre Brynner et Claire Bloom, la liaison d’Anthony Quinn avec Inger Stevens et les rapports conflictuels entre Yul Brynner et Anthony Quinn qui agaçait les acteurs en mimant les scènes avant chaque prise… Le scénario fantaisiste masque le passé d’esclavagistes d’Andrew Jackson et de Jean Lafitte. Le film, accueilli tièdement aux USA, connut un certain succès en Europe.

Yul Brynner, l’homme qui devint roi (58’, 1.33 :1, 1995, avec traduction simultanée en voice over… et une prononciation de noms passablement écorchée !). « Aussi méchant qu’il soit dans le rôle de Ramsès II des Dix commandements, on l’aime quand même », dit la décoratrice Katherine Orrison. Né en 1920 à Vladivostok, il s’est inventé des origines fantaisistes. Réfugié à Paris, il a joué de la guitare et chanté dans des clubs tsiganes, été trapéziste et clown au Cirque d’hiver, avant de suivre aux USA le metteur en scène Mikhail Tchekhov qui lui confia des petits rôles. Pendant la guerre, il servit au Bureau de l’information où il enregistrait des bulletins en français. À partir de 1946, il réalise des programmes de télévision puis monte sur les planches dans Le Roi et moi, la comédie musicale avec une chorégraphie de Jerome Robbins (West Side Story), après avoir joué dans un premier film, La Brigade des stupéfiants (Port of New York, Laslo Benedek 1949). En 1956, les films Le Roi et moi (The King and I, Walter Lang), où il partage la vedette avec Deborah Kerr, et Les Dix commandements font soudainement de lui une star internationale, un statut que confirmeront Les Frères Karamazov, en 1958, et Les Sept mercenaires (The Maginificent Seven, 1960) dont il avait racheté les droits à Akira Kurosawa. Il reprendra dans les années 80 Le Roi et moi à Broadway, un rôle qu’il tiendra, doublé par son fils dans la fosse pendant sa lutte contre le cancer du poumon qui l’emportera à l’âge de 65 ans. « Don’t smoke! » disait-il pour sa dernière apparition sur les écrans dans un spot télévisé de l’American Cancer Society. Un document fait de témoignages de personnes qui l’ont bien connu, John Frankenheimer, Rock et Victoria Brynner, son fils et sa fille, Rita Moreno, Eli Wallach, Doris Brynner, sa seconde épouse, Jack Lee Thompson, Constance Towers…

Bande-annonce : introduction au film par Cecil B. DeMille (10’) avec une carte montrant l’étendue de la Louisiane, cédée aux USA en 1803 par Napoléon, un immense territoire allant du Golfe du Mexique jusqu’au-delà de la frontière actuelle avec le Canada, recouvrant aujourd’hui quinze états de l’Union.

Celles et ceux qui s’intéressent à Anthony Quinn pourront regarder Anthony Quinn, un original (Gene Feldman, 1990, 58’), en complément du film Le Secret de Santa Vittoria (The Secret of Santa Vittoria, Stanley Kramer, 1969), édité par Sidonis-Calysta en octobre 2018.

Image - 3,5 / 5

L’image (1080p, AVC), prise en VistaVision, légèrement recadrée de 1.85:1 à 1.78:1, a été soigneusement nettoyée par une restauration qui a ravivé les rouges et bleus du Technicolor (un peu moins les autres couleurs) et réduit le bruit en mordant parfois sur la ligne blanche du lissage excessif et en laissant subsister une légère vibration décelable sur les fonds de ciels des scènes en pleine lumière (par exemple au retour au port, à 42’).

Son - 4,0 / 5

Le son mono d’origine, encodé au format DTS-HD Master Audio 1.0, très propre lui aussi, restitue clairement les dialogues. Une assez large ouverture de la bande passante, avec des graves toutefois un peu chétifs, et une bonne dynamique donnent quelques effets spectaculaires dans la bataille et une belle ampleur à l’accompagnement musical emphatique d’Elmer Bernstein.

Le doublage en français, souvent d’une affligeante platitude, place les dialogues trop en avant.

Crédits images : © Sidonis / Calysta

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 19 février 2020
Le seul film réalisé par Anthony Quinn, au style un peu désuet mais à la distribution royale, se laisse encore regarder sans ennui, en rappelant une page oubliée de l’indépendance des USA et la contribution qu’y apporta Jean Lafitte, un pirate français. Artus Films a enrichi cette première édition vidéo de généreux bonus.

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