Le Dernier des Mohicans (1992) : le test complet du Blu-ray

The Last of the Mohicans

Édition Définitive

Réalisé par Michael Mann
Avec Daniel Day-Lewis, Madeleine Stowe et Russell Means

Édité par ESC Editions

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Le 20/02/2020
Critique

En pleine guerre entre la France et l’Angleterre pour la possession du Nouveau Monde, trois trappeurs protègent les filles d’un colonel anglais.

Le Dernier des Mohicans

En 1757, dans la province de New York, les Français, soutenus par les Hurons, et les Anglais, soutenus par les Iroquois, combattent pour la possession des territoires du Nouveau Monde. Trois trappeurs, Nathanael Poe, dit Hawkeye, un Européen orphelin recueilli et élevé par les Indiens, Chingachgook, son père adoptif, un chef Mohican, et Uncas, le fils de ce dernier, sont chargés par les Anglais d’escorter deux jeunes femmes, Cora et Alice, jusqu’à leur père, le colonel Munro, commandant le fort William Henry. Le guide Magua conduit traitreusement la petite colonne vers un groupe de Hurons en embuscade. Les trois trappeurs réussissent à conduire les jeunes femmes jusqu’au fort, assiégé par les troupes françaises sous les ordres du général Montcalm…

Le Dernier des Mohicans (The Last of The Mohicans), sorti en France en août 1992, deux mois avant 1492 : Christophe Colomb (1492: Conquest of Paradise) de Ridley Scott, 500 ans après la découverte du Nouveau Monde, est l’adaptation par Michael Mann du roman éponyme de James Fenimore Cooper, publié en 1826, le deuxième d’une suite de cinq volumes, nommée Leatherstocking Tales, parus de 1823 à 1841, avec, pour personnage principal, Natty Bumppo, alias Hawkeye (oeil de faucon).

Le Dernier des Mohicans de Michael Mann est la dernière adaptation faite à ce jour de la suite des romans épiques de James Fenimore Cooper. La première, en 1909, Leather Stocking, due à D.W. Griffith, avec Mack Sennett dans le rôle d’un Indien, sera suivie d’une dizaine d’autres au temps du muet, dont celle coréalisée en 1920 par Maurice Tourneur et Clarence Brown. Le second film parlant, après celui de Ford Beebe et B. Reeves Eason en 1932, sera The Last of the Mohicans, réalisé en 1936 par George B. Seitz, sorti dans les salles françaises en 1938 sous le titre Sagamore le Mohican, inclus dans le présent coffret d’ESC Éditions. Une douzaine d’autres films et téléfilms furent tournés en Amérique et en Europe, ainsi que six séries, dont Hawkeye and the Last of the Mohicans en 1957, avec Lon Chaney Jr. dans le rôle de Chingachgook (disponible au Royaume Uni) et Hawkeye, diffusée sur nos petits écrans sous le titre La Légende d’Hawkeye, éditée sur DVD aux USA, toujours disponible.

L’annonce en est faite au générique, Le Dernier des Mohicans de Michael Mann est inspiré du roman de James Fenimore Cooper et de l’adaptation qu’en avait faite pour le film de 1936 Philip Dunne, un des grands scénaristes américains auquel on doit, parmi une bonne quarantaine de scénarios, ceux de deux chefs-d’oeuvre, Qu’elle était verte ma vallée (How Green Was My Valley, John Ford, 1941) et L’Aventure de Mme Muir (The Ghost and Mrs. Muir, Joseph L. Mankiewicz, 1947).

Le Dernier des Mohicans

Après des débuts à la télévision, Michael Mann s’était fait connaître par Le Solitaire (Thief, 1957) et par Manhunter - Le Sixième sens (1986) qui faisait apparaître pour la première fois sur les écrans l’un des plus célèbres psychopathes, Hannibal Lecter. Le bon accueil de ces deux films lui permit de réaliser Le Dernier des Mohicans, sa première grosse production, dotée d’un budget de 40 millions de dollars. Ce fut aussi son premier grand succès commercial qui sera confirmé par Heat en 1995, par Révélations (The Insider) en 1999 et par Collateral en 2004. En dépit de ses qualités, Public Enemies, en 2009, sur les méfaits de John Dillinger, Baby Face Nelson et Pretty Boy Floyd pendant la prohibition, couvrit à peine ses frais de production.

Comme l’avait fait Delmer Daves avant le tournage de La Flèche brisée (Broken Arrow, 1950), un des premiers films de Hollywood à ne pas montrer les Indiens comme l’ennemi à éradiquer, Michael Mann, toujours soucieux d’authenticité, s’est longuement documenté sur la culture et le mode de vie des Iroquois. Il a choisi de tourner les scènes d’extérieur dans des paysages inhabités du nord de l’Alabama, « inchangés depuis 1757 », nous affirme-t-il dans l’entretien en supplément du film, magnifiquement mis en valeur par la photo de Dante Spinotti, le chef opérateur de cinq de ses films. Les nombreux Hurons et Iroquois figurant dans le film sont tous des Amérindiens, tout comme les deux compagnons d’Hawkeye, Chingachgook et Uncas. Et le titulaire du rôle de Magua, est Wes Studi, un Cherokee qu’avait révélé, deux ans plus tôt, Danse avec les loups (Dances with Wolves, Kevin Costner, 1990).

Hawkeye est interprété avec intensité par Daniel Day Lewis que Michael Mann avait remarqué pour sa performance dans My Left Foot (My Left Foot: The Story of Christy Brown, Jim Sheridan, 1989) qui lui valut le premier de trois Oscars. Madeleine Stowe lui donne la réplique dans le rôle de Cora. Sous le tricorne du marquis de Montcalm, Patrice Chéreau.

Sagamore le Mohican (The Last Mohican) de George B. Seitz, inédit en vidéo en France jusqu’à sa récente sortie par ESC Éditions en avril 2019, donne une représentation plus conventionnelle des Indiens et Randolph Scott une image plus « blanche » de Hawkeye. Il reste cependant une des bonnes adaptations du roman, pour la qualité de son scénario, de ses dialogues et de sa photo. On comprend que Michael Mann ait été marqué par ce film dont il reprend presque exactement certains des cadres.

On saluera l’initiative d’ESC Éditions, la précédente édition Warner Bros. de 2012 (aussi avec les deux versions, cinéma et director’s cut) étant épuisée.

Le Dernier des Mohicans

Présentation - 3,0 / 5

Le Dernier des Mohicans nous est proposé dans un coffret de trois Blu-ray. L’un avec la version projetée en salles, d’une durée de 112 minutes (complétée par 60 minutes de suppléments), l’autre, dite director’s cut, de 116 minutes (avec 54 minutes de suppléments). Le troisième avec Le Dernier des Mohicans (Sagamore le Mohican) réalisé en 1936 par George B. Seitz, d’une durée de 92 minutes (avec 25 minutes de suppléments).

Les trois disques sont logés dans un coffret non fourni pour le test, contenant un facsimilé de l’affiche du film.

Un menu animé et musical de chaque disque propose :
- le montage projeté en salles dans sa version originale au format DTS-HD Master Audio 5.1 (ou 2.0 stéréo, au choix), avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français DTS-HD MA 5.1.
- le director’s cut dans sa seule version originale, avec sous-titres optionnels et le choix entre les formats DTS-HD MA 5.1 ou 2.0 stéréo.
- le film de 1936, d’une durée de 92 minutes (avec des suppléments de 35 minutes) dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, au format LPCL 2.0 mono. Il s’agit d’une reprise « upscalée » sur Blu-ray du DVD sorti en avril 2019 dans la collection Hollywood Western éditée par ESC Éditions.

Une édition DVD de la version cinéma est sortie simultanément avec les deux suppléments qui lui sont attachés.

Le Dernier des Mohicans

Bonus - 5,0 / 5

Les bonus exclusifs, produits en 2019 par ESC Éditions, sont répartis sur les trois disques.

Sur le disque de la version cinéma :

La méthode Mann (36’, en anglais sous-titré). L’idée de réaliser Le Dernier des Mohicans est venue au réalisateur du souvenir du film de George B. Seitz à Chicago qu’il avait vu à 4 ou 5 ans, celui d’une collaboration des Amérindiens et des soldats anglais et français, différente de l’imagerie traditionnelle des westerns. Le film souligne la coexistence de trois systèmes judiciaires, celui de la loi britannique, de la coutume amérindienne et de la révolution contre la tyrannie, ainsi que les différences culturelles entre Européens et Iroquois. Les figurants sont tous des Iroquois, Mohawks pour la plupart avec quelques Onondagas. Le thème musical du film a été inspiré par un chant folklorique irlandais contemporain appelé The Gael. Randy Edelman a créé la musique additionnelle de certaines scènes.

La vision de Michael Mann par Christophe Gans (24’, en français). Christophe Gans passe rapidement en revue la filmographie de Michael Mann, dans laquelle Le Dernier des Mohicans, le plus classique de ses films, fut son premier grand succès commercial. Dans sa comparaison entre les adaptations de 1936 et de 1992, Christophe Gans souligne que celle de Michael Mann accentue le propos antiraciste que la version de 1936 avait estompé. Alors qu’on aurait pu le croire mort avec les échecs de La Porte du paradis (Heaven’s Gate, Michael Cimino, 1980) et Révolutions (Hugh Hudson, 1985), le film de Michael Mann, une aventure romantique « chargée de rage (…) réinvestit le genre épique ».

Sur le disque du director’s cut :

Trevor Jones : la science des émotions (37’, en anglais sous-titré). Pour le compositeur, si les émotions humaines restent les mêmes, la musique qui les exprime doit changer, génération après génération. Moins apte à susciter l’émotion que les instruments de musique, les synthétiseurs ne peuvent servir qu’à étendre la palette sonore. Une simple mélodie, comme celle de la chanson irlandaise, est « une des briques » avec lesquelles se construit une partition et aussi son fil conducteur. Et l’accompagnement musical, un simple élément du film, doit laisser assez d’espace à l’imagination du public.

Le Dernier des Mohicans

Entretien avec François Guérif (17’, en français). Beaucoup voient dans l’oeuvre épique de James Fenimore Cooper (qu’admiraient George Sand et Honoré de Balzac) « la naissance de la littérature américaine ». Longtemps considérée comme un récit d’aventures pour la jeunesse, souvent publiée dans des éditons tronquées, la trilogie formée par Les Pionniers, Le Dernier des Mohicans et La Prairie est maintenant disponible en France dans une nouvelle traduction éditée par Gallmesiter. Il a fallu du temps pour découvrir que, derrière l’aventure, se cachait une représentation réaliste de la civilisation des Amérindiens et la défense d’une nature sauvage. François Guérif cite ensuite les adaptations du roman au cinéma et à la télévision, et sous la forme d’un opéra, d’un feuilleton radiophonique et de nombreuses bandes dessinées.

Sur le disque du film de 1936 :

Les Indiens de la Côte Atlantique, par IAC, « romancier et peintre en art western » (11’, en français). Les Iroquois, divisés en cinq « nations », furent alliés aux Anglais, les tribus algonquiennes aux Français. Aujourd’hui, les 15 à 20 000 survivants des Mohicans vivent principalement dans le Connecticut.

Le Dernier des Mohicans selon Edward Small : un entretien avec Christophe Champclaux (24’, en français). Le film de George B. Seitz est une production d’Edward Small, comme Témoin à charge (Witness for the Prosecution, Billy Wilder, 1957) et Jack, le tueur de géants (Jack the Giant Killer, Nathan Juran, 1963). Avant cela, il avait produit une quarantaine de films, dont une quinzaine de chefs-d’oeuvre, tels La Brigade du suicide (T-Men, Anthony Mann, 1947) et Le Comte de Monte Cristo (Rowland V. Lee, 1934) qui marquera la renaissance du genre cape et épée avec six autres adaptations d’Alexandre Dumas. Il s’est spécialisé dans l’adaptation de grands romans, mêlant aventure et romance, pour attirer le public masculin et féminin. Pour Le Dernier des Mohicans, il retint le scénariste Philip Dunne que le succès du film fera embaucher par 20th Century Fox où il déroulera une belle carrière. Christophe Champclaux relève les modifications du roman apportées par les scénarios de 1936 et de 1992 et passe en revue les acteurs du premier film dont le tournage dura six semaines, dans les studios de la RKO et, pour les extérieurs, près de Los Angeles.

Pour finir, les visuels de cinq éditions de la collection Hollywood Western  : Les Détrousseurs (The Ride to Hangman’s Tree, Alan Rafkin, 1967), Le Traître du Far West (The Virginian, Stuart Gilmore, 1946), California, terre promise (California, John Farrow, 1947), La Montagne jaune (The Yellow Mountain, Jesse Hibbs, 1954) et Les Rebelles (Border River, George Sherman, 1954).

L’édition Blu-ray de Warner, sortie en 2012, avec version cinéma et director’s cut, est à conserver pour le commentaire audio (sous-titré) de Michal Mann et un documentaire sur le tournage de 40 minutes.

Le Dernier des Mohicans

Image - 4,0 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC) du film de 1992 est propre, lumineuse, dans une chaude palette de couleurs ravivées (éclatantes sur les uniformes rouges aux passementeries de fils d’or). Elle est agréablement contrastée dans les séquences en pleine lumière, mais les scènes peu éclairées sont souvent affectées par des noirs poreux qui ont tendance à se boucher. C’est probablement ce que veut signaler l’avertissement assez vague évoquant des « défauts inhérents au master d’origine ».

L’image du film de 1936 (1.33:1, 1080p, AVC), bien contrastée, avec des noirs assez denses et des blancs lumineux (très occasionnellement légèrement brûlés), est souvent affectée par des taches et rayures et par une instabilité lumineuse.

Le film de 1936 pouvant être vu comme un complément du film de 1992, la note qui lui revient (3,0/5) n’aura pas d’incidence sur celle attribuée au film principal.

Le Dernier des Mohicans

Son - 4,5 / 5

Film de 1992 :

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 de la version originale, propre, avec une large ouverture de la bande passante et des basses fermes, fait revivre, par une bonne répartition sur les cinq canaux, l’effet immersif du son d’origine sur six pistes, fin dans sa restitution des bruits de la forêt, spectaculaire dans les scènes du siège du fort.

Ces observations valent pour le doublage en français, desservi par un débit monotone des dialogues.

Film de 1936 :

Le son LPCM 2.0 mono, nettement plus propre que l’image, a été soigneusement débarrassé des bruits parasites dus aux dégradations de la pellicule. Ne subsiste qu’un léger souffle, vite oublié. Les dialogues sont clairs, dans un bon équilibre avec l’ambiance.

Crédits images : © ESC Éditions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 20 février 2020
Grâce à ESC Éditions, ce grand film de Michael Mann est à nouveau disponible, avec sa sincère adaptation du roman de James Fenimore Cooper sur la difficile cohabitation entre les nations indiennes et les troupes d’occupation venues de France et d’Angleterre. En supplément, une précédente adaptation de l’œuvre, réalisée en 1936 par George B. Seitz, et une belle collection de bonus !
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nic
Le 16 novembre 2019
une image beaucoup plus belle que sur le dvd,plus clair,dommage que la version longue n'a pas de version française partiel.La version de 1936 est bien en blu-ray.
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ouioui
Le 15 février 2015
Pas de commentaire.

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