Le Silence est d'or (1947) : le test complet du Blu-ray

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par René Clair
Avec Maurice Chevalier, François Périer et Marcelle Derrien

Édité par Pathé

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Le 26/11/2019
Critique

Un retour réussi des USA en France pour René Clair avec ce vaudeville. Et aussi un tendre hommage aux débuts du cinéma…

Le silence est d'or

Émile donne des conseils à Jacques en matière de séduction. Jacques comprend si bien qu’il met vite ces leçons à profit en séduisant la jeune Madeleine qu’Émile voyait devenir sa maîtresse.

Le Silence est d’or est le premier film que René Clair réalise après son retour en France qu’il avait quittée, pour l’Angleterre, à la suite de l’échec commercial de Le Dernier milliardaire. Sa réputation internationale lui ouvrit immédiatement la porte des studios et lui permit d’attirer des stars d’alors. Il y tourna Fantôme à vendre (The Ghost Goes West, 1935), avec Robert Donat et Fausses nouvelles (Break the News, 1937), avec Maurice Chevalier. Il s’embarque ensuite en 1940 pour les USA où il réalisa quatre films, La Belle ensorceleuse (The Flame of New Orleans, 1941), avec Marlene Dietrich et Bruce Cabot, Ma femme est une sorcière (I Married a Witch, 1942), avec Fredric March et Veronica Lake, C’est arrivé demain (It Happened Tomorrow, 1944), avec Dick Powell et Linda Darnell et Dix petits indiens (And Then There Were None, 1945), l’adaptation d’un roman d’Agatha Christie.

Le Silence est d’or lui assura une rentrée réussie en France après plus de dix ans d’absence : le film fut bien accueilli par la critique et le public, avec Maurice Chevalier et François Périer en tête d’affiche.

Vous n’avez rien à craindre avec moi : je pourrais être votre père !

Le silence est d'or

Librement inspiré de L’École des femmes de Molière, Le Silence est d’or ajoute au vaudeville un délicat hommage aux débuts du cinéma et au Paris de la Belle époque, révélé par une suite de transparences réussies.

Le scénario met en situation trois personnages, Émile Clément, la soixantaine, patron d’un petit studio cinématographique, Jacques Francet qui fait l’acteur et mille autres choses, et Madeleine Célestin, une jeune provinciale « montée » à Paris pour y trouver un emploi après avoir été abandonnée par son père, un comique cabotin épris d’une jeunesse qui le mène par le bout… du nez. Émile tombe pour Madeleine, dont le timide Jacques s’éprend. Il n’osera déclarer sa flamme que grâce aux encouragements du vieux séducteur à « cueillir dès aujourd’hui les roses de la vie ».

L’évocation des débuts du cinéma est l’autre sujet du film, un thème que reprendront, quarante ans plus tard, avec bonheur et plus de moyens, les frères Taviani dans Good morning Babilonia (Good Morning Babylon, 1987). Dans L’Atelier du Cinématographe Fortuna, le metteur en scène dirige les acteurs à haute voix en plein tournage, les petits artisans, peintres, menuisiers… s’affairent à de bruyantes parties de belote derrière les décors peints en trompe-l’oeil sur des toiles suspendues à des cintres, la manivelle s’arrête de tourner dès qu’un nuage cache le soleil : « Pas la peine de gâcher de la pellicule ! ». Et, tel le fleuriste de Hellzapoppin (que René Clair a sûrement vu pendant son séjour aux USA) à la recherche de Mrs. Jones, un homme avec sa chèvre réapparaît tout au long du film, demandant à être employé ou, à défaut, défrayé, pour s’entendre dire : « On n’a rien à faire d’une chèvre, j’avais demandé un chameau ! »

Le silence est d'or

Le Silence est d’or accorde, comme tous les films de René Clair, une bonne place à la musique, ici surtout à la chanson Pour les amants, c’est tous les jours dimanche, un des succès de Maurice Chevalier, composée par Georges van Parys qui signa l’illustration musicale de cinq autres films de René Clair, dont Le Million, Les Belles de nuit et Les Grandes manoeuvres, et la fameuse Complainte de la Butte du French Cancan de Jean Renoir.

Pathé comble un manque important en sortant Le Silence est d’or pour la première édition sur disque optique, en même temps que trois films de jeunesse de René Clair, Entr’acte et Paris qui dort (1925, sur un seul disque) et Le Dernier milliardaire (1934).

L’arrivée de ces trois disques qui viennent enrichir la collection Version restaurée par Pathé (dans laquelle figure Les Croix de bois de Raymond Bernard, Prix du meilleur DVD/Blu-ray de patrimoine décerné par le Syndicat Français de la Critique de Cinéma en 2014) est un des événements de l’édition vidéo de l’année 2019.

Le silence est d'or

Présentation - 3,0 / 5

Le Silence est d’or (99 minutes) et ses suppléments (50 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, dans cette édition combo, en compagnie d’un DVD-9, dans un boîtier non fourni pour le test effectué sur un check disc du seul Blu-ray.

Le menu animé et musical propose le film restauré en 2018 avec un remixage du son au format audio DTS-HD Master Audio 1.0.

Piste d’audiodescription au format DTS-HD MA 2.0 et sous-titres pour malentendants.

Sous-titres anglais.

Bonus - 4,0 / 5

En supplément :

Un sacre en trompe-l’oeil (Pathé, 2019, 36’). Noël Herpe, historien du cinéma, et Dimitri Veziroglou, maître de conférences, rappellent que Le Silence est d’or est le premier film de René Clair en France après son retour des USA où s’étaient aussi exilés Julien Duvivier et Jean Renoir. Le scénario et les dialogues furent écrits à New York et le rôle d’Émile aurait été tenu par Raimu s’il n’avait pas été victime d’un accident de la circulation dont il mourra. Maurice Chevalier, qui avait disparu des écrans depuis 1939, accepte le rôle bien qu’il n’ait pas à chanter. L’influence de la screwball comedy hollywoodienne pousse Dimitri Veziroglou à mettre en parallèle Le Silence est d’or et Sérénade à trois d’Ernst Lubitsch (Design for Living, 1933). René Clair, cosignataire avec Julien Duvivier et Jean Renoir d’un manifeste contre le « mensonge du doublage », tint à réaliser une version américaine du film, coproduit par RKO, sous le titre Man About Town, dans laquelle Maurice Chevalier commentait l’action en voice over, une probable raison de son échec commercial. On peut, dans « un film qui regarde le cinéma », voir dans l’effacement d’Émile au profit de Jacques, un signe du cinéaste adressé à la jeunesse pour assurer la relève…

Le silence est d'or

Portrait du metteur en scène René Clair (13’). « René Clair, 50 ans de cinéma, par R. de Dancourt » est un documentaire pour la télévision datant probablement de la fin des années 70. Il s’ouvre sur le discours d’admission de René Clair à l’Académie Française, en 1960. Puis on le voit dans sa villa sur les hauteurs de Saint-Tropez, là où il consigna ses vues sur le cinéma dans deux ouvrages, Réflexions faites et Cinéma d’hier et d’aujourd’hui, mettre du vin en bouteilles et jouer à la pétanque. « La mise en scène cinématographique, c’est une question de bon sens » (…) « Il est très difficile de représenter le rêve au cinéma : le cinéma est déjà le rêve » affirme-t-il. Il dit son amour du théâtre en évoquant sa mise en scène au TNP d’On ne badine pas avec l’amour, à la demande de Gérard Philipe. « Notre cinéma n’est qu’un précurseur des moyens d’expression qu’on ne peut imaginer aujourd’hui » dit-il en conclusion de l’entretien. (Le même document complète l’édition de Le Dernier milliardaire).

Le retour au cinéma de Maurice Chevalier (1’20”) qu’il avait quitté en 1939.

Le silence est d'or

Image - 5,0 / 5

L’image (1.37:1, 1080p, AVC) a été magnifiquement restaurée sous la supervision de Pathé (probablement par L’Immagine Ritrrovata, comme celle des trois autres films de René Clair édités simultanément). Débarrassée de la moindre marque de détérioration de la pellicule, parfaitement stabilisée, lumineuse, elle offre un délicat dégradé de gris avec des noirs bien denses et un contrôle du grain respectueux de la texture argentique.

Un modèle de restauration !

Son - 5,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0, très propre lui aussi, avec une efficace réduction du souffle, délivre les dialogues et l’accompagnement musical avec finesse et clarté.

Crédits images : © Droits réservés

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 26 novembre 2019
Un délicat marivaudage et un hommage au cinéma muet réunis dans ce film de René Clair, le premier qu’il réalise en France au retour d’un long séjour aux USA. Enfin disponible en vidéo, parfaitement restauré, dans une édition complétée d’un utile bonus.

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