Sunday in the Country (1974) : le test complet du Blu-ray

Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre

Réalisé par John Trent
Avec Ernest Borgnine, Michael J. Pollard et Hollis McLaren

Édité par Artus Films

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Le 17/02/2020
Critique

L’air de la campagne, ça détend, c’est bon pour la santé. Sauf si vous venez de cambrioler une banque ! Voilà la morale de ce film inédit.

Sunday in the Country

Locust Hill, Ontario. Après l’office dominical, Adam Smith rentre à sa ferme avec Lucy, sa petite-fille, dont il assume la garde depuis la mort de sa fille. La radio annonce que la police recherche les trois auteurs d’un hold-up sanglant : ils doivent encore rôder dans les parages, toutes les routes étant bloquées. Adam ne tarde pas à les neutraliser. Mais, avant de les livrer à la police, comme le lui demande Lucy, il souhaite leur donner une leçon…

Sunday in the Country, sorti en 1974, est le troisième des sept films que John Trent a réalisés, avec autant de téléfilms et quelques épisodes de séries. Une carrière discrète qui ne lui valut qu’un seul prix, le redouté Razzie Award du pire réalisateur en 1980 pour Middle Age Crazy, l’histoire d’un quadragénaire poussé à quelques extravagances par le démon de midi.

Sunday in the Country est-il son chef-d’oeuvre ? Je ne puis répondre, faute d’éléments de comparaison. Mais ce film vaut d’être vu. Construit comme un drame classique, respectant les trois unités. De lieu : la campagne près de Markham dans l’Ontario. De temps : comme le titre le laisse supposer, tout se déroule de jour, un dimanche. D’action : la leçon de « savoir-vivre » qu’Adam Smith veut donner aux malfrats.

Sunday in the Country n’a eu qu’une distribution très limitée dans quelques-unes de nos salles, mais aussi sur VHS, sous le titre « français » Self Defense, une forme de tromperie sur le thème du film. Ce fut un de ses avatars : il a été « recyclé » aux USA sous le nouveau titre de Blood for Blood et, sur VHS, sous celui de Vengeance Is Mine.

En tête de distribution, Ernest Borgnine dans le rôle central d’Adam Smith, un personnage qui a dû lui rappeler celui qu’il avait interprété, un an avant, dans L’Empereur du Nord (Emperor of the North Pole, Robert Aldrich, 1973), celui de Shack, le chef du convoi N° 19 de la compagnie Oregon Pacific & Eastern, tout aussi sadique, au moins aussi teigneux.

Le vilain qui l’occupe plus que les deux autres, c’est Leroy, incarné par Michael J. Pollard, disparu en mai 2019, une figure familière du cinéma et de la télévision, le C.W. Moss de la bande de Bonnie & Clyde (Arthur Penn, 1967). Souvent employé dans les rôles de méchants dérangés, il avait été formé à l’Actor’s Studio en même temps qu’une certaine Marilyn Monroe.

Sunday in the Country est le troisième titre de la Collection Rednecks lancée en 2018 par Artus Films, avec Les Marais de la haine (Gator Bait, 1974) et Vengeance de la femme au serpent, La (Gatorbait II: Cajun Justice, 1988), deux des onze films réalisés par le couple Beverly et Ferd Sebastian.

Une curiosité à découvrir, dans une remarquable édition.

Sunday in the Country

Présentation - 4,0 / 5

Sunday in the Country (92 minutes) et ses suppléments (14 minutes) tiennent, dans cette édition combo, sur un Blu-ray BD-25 et un DVD- 9 logés dans la couverture d’un mediabook.

Le menu fixe et musical propose la version originale, avec sous-titres optionnels, et un doublage en français, les deux au format audio LPCM 2.0 mono. Cinq à six scènes, absentes des copies distribuées en France, sont en anglais avec sous-titrage automatique.

Dans un livret de 24 pages, intitulé Ces braves gens de la campagne, Maxime Lachaud, essayiste et journaliste, auteur de Redneck Movies : Ruralité et dégénérescence dans le cinéma américain (Rouge Profond, 2014), nous indique que le film est un des premiers de la vague des tax shelter films tournés au Canada après l’instauration d’avantages fiscaux visant à relancer l’industrie cinématographique, à un moment où culminait le genre hicksploitation ou redneck movies (hick, redneck = plouc, péquenaud), avec Délivrance (Deliverance, John Boorman, 1972), Massacre à la tronçonneuse (The Texas Chainsaw Massacre, Tobe Hooper, 1974)… Maxime Lachaud passe en revue nombre de ces films empruntant à différents genres, l’horreur, la comédie, le western…, situés dans un environnement bucolique ou des marais inhospitaliers, avec des personnages « à l’agressivité primale ». Le chapitre suivant, Rednecks en terre canadienne, dirige les projecteurs vers Sunday in the Country et son producteur David M. Perlemuter, un des promoteurs du genre, cofondateur avec John Trent de la société de production Quadrant Films, et évoque des films comme Trapped (William Fruet, 1982), Massacre à la tronçonneuse, etc. Puis, Self défense - Entre bêtes humaines se centre sur les deux personnages principaux du film, Adam Smith et Leroy. Le chapitre final, La Romance du fusil d’un Sade en salopette, analyse l’étrangeté d’Adam Smith, sa croyance en un « Dieu vengeur », son attitude trouble envers Lucy, sa petite-fille, ses zones d’ombre… Sunday in the Country « se révèle bien plus complexe qu’une série B d’exploitation. » Le livret se referme sur les fiches technique et artistique du film et sur la liste des films cités, mais sans numéro de page.

Sunday in the Country

Bonus - 2,5 / 5

Diaporama (2’) de 19 photos du film, d’affiches et de lobby cards.

Présentation du film par Maxime Lachaud, (12’). Il rappelle que la version sortie en VHS en France était amputée de 16 minutes qui aidaient pourtant « à mieux cerner la psychologie trouble des personnages » Sunday in the Country donne une représentation « presqu’allégorique » du contraste entre citadins et ruraux. Il y sent l’inspiration de films comme Chiens de paille (Straw Dogs Sam Peckinpah, 1971) et La Dernière maison sur la gauche (Last House on the Left, Wes Craven, 1972). Sunday in the Country est un « condensé de plusieurs thématiques » exploitées par les genres auto-défense, vigilantes, home invasion… Un film ambigu, perturbant.

Image - 4,0 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC), bien définie, a bénéficié d’une soigneuse restauration qui a effacé toutes les taches et rayures, contrôlé le bruit en respectant la texture argentique et ravivé les couleurs. Leur étalonnage laisse toutefois à désirer : les tons de peaux tendent à virer au cramoisi dans les séquences en basse lumière.

Son - 4,5 / 5

Le son LPCM 2.0 mono de la version originale, très propre lui aussi, avec un spectre assez large, une bonne dynamique et une finesse permettant d’entendre les petits bruits de la nature, ne fait pas son âge. Les dialogues sont clairs et à un bon niveau d’équilibre avec l’ambiance.

Le doublage, monotone, cantonné dans bande passante très étroite, pauvre en graves, est aigrelet. De plus, trop en avant, il couvre presqu’entièrement certains bruits d’ambiance.

Seule la version originale a été prise en compte pour l’attribution de la note.

Crédits images : © Artus Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 18 février 2020
Sunday in the Country, un des sept films du méconnu John Trent, vaut largement d’être vu, notamment pour la rigueur de son scénario et la présence d’Ernest Borgnine et de Michael J. Pollard en tête de la distribution. Une remarquable édition de la nouvelle Collection Rednecks, lancée en 2018 par Artus Films.

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