Le Mystère von Bülow

Le Mystère von Bülow (1990) : le test complet du Blu-ray

Reversal of Fortune

Édition Collector

Réalisé par Barbet Schroeder
Avec Glenn Close, Jeremy Irons et Ron Silver

Édité par L'Atelier d'Images

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Le 11/05/2020
Critique

La relation fidèle d’une des affaires judiciaires qui défraya la chronique dans les années 80 et une remarquable performance de Jeremy Irons.

Le Mystère von Bülow

Claus von Bülow, le second mari de Martha ‘Sunny’ Sharp Crawford, fut condamné en février 1982 à 30 ans de prison pour la tentative de meurtre de son épouse, tombée le 21 décembre 1980 dans un coma profond provoqué par une surdose d’insuline. Elle restera plongée dans un état végétatif jusqu’à sa mort, en 2008. Claus von Bülow fit appel et confia sa défense devant la Cour suprême de Rhode Island au célèbre avocat Alan Dershowitz, professeur de droit constitutionnel et de droit pénal à l’université de Harvard.

Le Mystère von Bülow (Reversal of Fortune) relate une affaire judiciaire très largement médiatisée aux USA. Le film sortit en 1990, cinq ans seulement après l’acquittement de Claus von Bülow à l’issue d’un second procès, la Cour suprême de Rhode Island ayant cassé en 1984 la décision de 1982. Claus von Bülow est mort il y a peu, en mai 2019, âgé de 93 ans.

Le Mystère von Bülow est le septième long métrage de Barbet Schroeder, cofondateur avec Éric Rohmer, en 1962, de la société de production et de distribution Les Films du Losange qui a participé à l’essor de la Nouvelle vague. Il fit une entrée remarquée en 1969 avec More, l’histoire d’Estelle et Stefan, deux jeunes Allemands, interprétés par Mimsy Farmer et Klaus Grünberg, partis se brûler les ailes sous le soleil d’Ibiza, avec la musique de Pink Floyd, un groupe de rock britannique qui commençait à devenir célèbre. Mais, après La Vallée, sorti en 1972, sur la quête d’une vie « authentique » au sein d’une tribu de Nouvelle Guinée, le film qui assura à Barbet Schroeder une réputation internationale fut le portrait de l’ineffable « président à vie » de l’Ouganda, dessiné deux ans avant qu’il ne dût s’exiler, dans le documentaire Général Idi Amin Dada.

Les portes de Hollywood allaient s’ouvrir en 1987 pour la réalisation de Barfly, sélectionné pour la Palme d’or, avec Mickey Rourke et Faye Dunaway, sur un scénario de Charles Bukowski, auquel Barbet Schroeder avait rendu un hommage appuyé dans la série documentaire The Charles Bukowski Tapes, réalisée en 1985 et éditée par Carlotta Films en 2017.

Le Mystère von Bülow, scénarisé par Nicholas Kazan, le fils d’Elia Kazan, est fidèle à la relation de l’affaire qu’en fit en 1985, dans son livre Reversal of Fortune: Inside the von Bülow Case, Alan Dershowitz, un des ténors du barreau aux USA qui fut un des avocats de la « dream team » réunie par O.J. Simpson pour sa défense, une autre affaire ultramédiatisée, remarquablement reconstituée dans le premier volet de l’anthologie American Crime Story - Saison 1 : L’affaire O.J. Simpson.

Le Mystère von Bülow

« -You are a very strange man. -You have no idea! »

Le Mystère von Bülow est largement valorisé par la brillante prestation de Jeremy Irons. Salué en 1991 par l’Oscar d’interprétation masculine, il réussit à communiquer, avec une remarquable sobriété, l’inquiétante étrangeté et l’ambiguïté du personnage qui avaient dressé l’opinion contre lui.

En face lui, Ron Silver (qui tint notamment le rôle de Bruno Gianelli, directeur de campagne du président Bartlet pour son élection à un deuxième mandat dans la passionnante série À la Maison Blanche / The West Wing) transmet la vivacité d’esprit d’Alan Dershowitz, soulignée par des dialogues aigres-doux dont un échantillon est donné dès la première rencontre des deux hommes à la table d’un restaurant : « You do have one thing in your favor: everybody hates you! -That’s a start. » (« Vous avec au moins un avantage : tout le monde vous hait ! -C’est déjà ça. »).

Mais l’atout majeur du film, au-delà d’une brève reconstitution de scènes de la vie du couple formé par Claus et Sunny von Bülow, interprétée par Glenn Close, est son fidèle compte-rendu du procès, après la découverte d’une faille dans l’enquête menée par un détective privé payé par les enfants de Sunny qui aurait suffi à innocenter Claus von Bülow si la Cour suprême, comme notre Cour de cassation, était tenue de ne juger qu’en droit, sans pouvoir réexaminer les faits. Le film met très clairement en évidence une particularité du droit américain, son caractère prétorien : la seule évocation d’un précédent a permis de sauter l’obstacle et d’établir que le conduit de l’aiguille que Claus était supposé avoir utilisée pour une injection létale d’insuline ne contenait aucune trace de cette molécule. Pourtant, et c’est un de ses points forts, le film laisse, y compris après le dernier plan, planer le doute dans l’esprit du spectateur.

Le Mystère von Bülow offre en prime la musique de Mark Isham, compositeur de près de 200 partitions pour des films tels que Et au milieu coule une rivière (A River Runs Through It, Robert Redford, 1992), Des souris et des hommes (Of Mice and Men, Gary Sinise, 1992), Collision (Crash, Paul Haggis, 2004), Le Dahlia noir (Brian De Palma, 2006), et aussi pour des séries comme Once Upon a Time (Il était une fois).

Le Mystère von Bülow était introuvable en France depuis l’épuisement de l’édition rudimentaire sortie par MGM / United Artists en 2003. Sa réédition par L’Atelier d’Images répond pleinement à une longue attente, dans une version restaurée sur Blu-ray (en exclusivité mondiale), complétée par deux pertinents bonus. Elle attire aussi à nouveau l’attention sur Barbet Schroeder, dédié au septième art en tant que producteur, réalisateur, scénariste et documentariste. Tous ses longs métrages ont été édités sur DVD, et beaucoup sur Blu-ray. Un seul manque à l’appel, pourtant un de ses films majeurs : Barfly dont l’édition Lumière est depuis longtemps introuvable.

Le Mystère von Bülow

Présentation - 3,0 / 5

Le Mystère von Bülow (112 minutes) et ses suppléments (37 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur check disc.

Le menu fixe et musical propose le choix entre version originale et doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Une édition DVD est disponible, avec le même contenu.

Bonus - 4,0 / 5

Entretien avec le réalisateur Barbet Schroeder (2020, L’Atelier d’Images, en français, 20’). Il se souvient, en des temps où l’Internet n’existait pas encore, avoir dû découper des articles de journaux pour rassembler les informations nécessaires à l’élaboration du documentaire Général Idi Amin Dada: Autoportrait (sorti en 1974) et du scénario du Mystère von Bülow qui devait strictement coller aux faits. Il a dû insister auprès de la production pour confier le rôle à Jeremy Irons qui a su rentrer dans la peau du personnage. Le film combine trois éléments, le documentaire, la fiction avec une reconstitution imaginée de scènes de la vie conjugale et un aspect fantastique avec le point de vue de la morte. Les coupes exigées par la production pour réduire la durée du film ont compliqué le montage. La brillante chute, jugée provocatrice par Warner Bros., a cependant été maintenue. Une grande déception : le film n’a pas été retenu dans la sélection du festival de Cannes.

Entretien avec Alan Dershowitz, avocat, et son fils Elon Dershowitz, producteur (2020, L’Atelier d’Images, en anglais, sous-titré, 17’). Assurer la défense de Claus von Bülow était un défi, tant les charges retenues paraissaient accablantes, confirme Alan Dershowitz, d’autant plus qu’il avait contre lui l’opinion publique, ce qui pèse nécessairement sur les décisions des juges. Claus von Bülow, intelligent, cultivé, calculateur, à la fois charismatique et énigmatique, a aimé le film, mais pas l’image qu’il donnait de lui. Elon Dershowitz, juste avant la publication du livre Reversal of Fortune: Inside the von Bülow Case se souvient être parti à Hollywood où, bien que n’ayant aucune introduction, il obtint l’accord de production du film d’Ed Pressman dont il était devenu le chauffeur. Le film, qui resta longtemps à l’affiche, fut sélectionné aux Oscars. Alan Dershowitz est encore excité par le souvenir de la promotion du film dont il n’a raté aucun moment. Il pense avoir sauvé la vie de Claus von Bülow qui n’aurait pas supporté l’idée d’être emprisonné.

Bande-annonce d’époque.

Espace découverte, avec les bandes-annonces de quatre grands films mettant en cause le système judiciaire : Mississippi Burning (Alan Parker, 1988), La Main droite du diable (Betrayed, Costa-Gavras, 1988), La Nuit des juges (The Star Chamber, Peter Hyams, 1983) et Ragtime (Miloš Forman, 1981) dont la magnifique édition a été saluée en janvier 2020 par le Prix du Syndicat Français de la Critique de Cinéma, dans la catégorie Patrimoine.

Le Mystère von Bülow

Image - 5,0 / 5

L’image (1.85:1, 1080p, AVC) bien définie, très stable, lumineuse et agréablement contrastée, a bénéficié d’une restauration qui a effacé toute marque de dégradation de la pellicule, ravivé des couleurs parfaitement étalonnées et contrôlé le grain sans dénaturer la texture argentique. Une réussite !

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono de la version originale, très propre, délivre les dialogues avec une remarquable clarté, dans un bel équilibre avec un accompagnement musical finement restitué.

Le doublage, correctement réalisé, bien nettoyé lui aussi, souffre d’un excès de réverbération et, surtout, d’une répartition instable du signal entre canal droit et canal gauche, assez désagréable. Il n’a pas été pris en compte pour l’attribution de la note.

Crédits images : © L’Atelier d’Images

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 12 mai 2020
Cette relation fidèle d’une affaire judiciaire ultramédiatisée était introuvable en France depuis l’épuisement de l’édition rudimentaire sortie par MGM / United Artists en 2003. Sa réédition par L’Atelier d’Images dans une version restaurée sur Blu-ray (en exclusivité mondiale), complétée par deux pertinents bonus exclusifs, répond pleinement à une longue attente.

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