Phil Tippett : Des Rêves et des Monstres (2019) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Gilles Penso
Avec Phil Tippett, Joe Dante et Jon Davison

Édité par Carlotta Films

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Le 24/06/2020
Critique

Une heure vingt en compagnie de celui qui réussit à donner forme aux fantasmagories qui lui trottaient dans la tête et devenir le plus doué des créateurs de monstres pour le cinéma.

Phil Tippett : des rêves et des monstres

Les documentaristes Gilles Penso et Alexandre Poncet ont réussi, entre 2015 et 2018, à obtenir un libre accès aux recoins de l’atelier de Phil Tippett, l’inventeur et animateur de créatures qui ont laissé une trace indélébile sur les écrans, tels Jabba the Hutt de la saga Star Wars, ou les redoutables insectes de Starship Troopers ou, encore, les dinosaures de Jurassic Park… Ils nous ouvrent les portes d’un monde fantasmagorique, créé par un esthète à l’imagination débordante, passionné par son métier.

Phil Tippett : des rêves et des monstres (Phil Tippett: Mad Dreams and Monsters), arrivé en France directement en vidéo, a été réalisé en 2019 par Gilles Penso et Alexandre Poncet auxquels on devait déjà Le Complexe de Frankenstein, un remarquable documentaire sur la création de monstres destinés à hanter les salles de cinéma, lui aussi édité sur Blu-ray et DVD par Carlotta Films en 2017, salué par le Prix curiosité décerné par le jury DVD/Blu-ray du Syndicat Français de la Critique de Cinéma et des films de télévision. Gilles Penso avait, en 2011, réalisé Ray Harryhausen, le titan des effets spéciaux (Ray Harryhausen: Special Effects Titan), édité en France par Rimini Éditions sur un DVD, aujourd’hui épuisé.

Phil Tippett : des rêves et des monstres s’ouvre sur un beau travelling latéral faisant défiler une suite de créatures animées pour l’occasion en stop motion conduisant à un plan rapproché de Phil Tippett. Une sorte de Père Noël à la longue barbe blanche, s’affairant à donner vie à deux nouveaux monstres destinés à hanter Mad God, un film en plusieurs parties dont il est le scénariste et le réalisateur.

Phil Tippett : des rêves et des monstres

Je n’ai plus été le même après ça

Son premier souvenir d’images fantasmagoriques remonte à 1955 quand, à l’âge de 5 ans, il a vu à la télévision les monstres que Willis O’Brien avait créés pour King Kong (Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, 1933) et, un peu plus tard, les séquences animées par Ray Harryhausen pour Le 7ème Voyage de Sinbad (The 7th Voyage of Sinbad, Nathan Juran, 1958). Il fut à tel point fasciné par cette découverte d’un monde différent que, pendant toute sa scolarité, il préférait, au sport ou à la compagnie des filles, rester seul avec une feuille de papier et un crayon, ce qui a beaucoup inquiété ses parents.

Je ne me vois pas comme un artiste : je suis quelqu’un qui fabrique des choses

C’est en travaillant avec William R. Stromberg, un réalisateur et créateur d’effets spéciaux vu à la télévision en 1967, qu’il apprend la stop motion en réalisant des spots publicitaires pour Cascade Pictures. Il rejoint en 1977 l’équipe des effets visuels et des effets spéciaux de Star Wars - Episode IV : Un nouvel espoir. George Lucas fera encore appel à lui pour Star Wars - Episode V : L’Empire contre-attaque (Star Wars: Episode V - The Empire Strikes Back, 1980) et Star Wars - Episode VI : Le Retour du Jedi (Star Wars: Episode VI - Return of the Jedi, 1983) qui lui valut son premier Oscar et conforta sa célébrité.

Il fut le co-inventeur, pour la réalisation de Le Dragon du Lac de Feu (Dragonslayer, Matthew Robbins, 1981), de la go motion, consistant à flouter légèrement certaines parties de l’image pour donner plus de réalisme aux mouvements et partagera avec d’autres, dont Dennis Muren, l’Oscar des meilleurs effets visuels… qui sont l’atout essentiel de Jurassic Park (Steven Spielberg, 1993).

Phil Tippett : des rêves et des monstres

J’étais plus intimidé que fasciné par la technologie numérique

L’arrivée des images de synthèse (CGI) affecta d’abord Phil Tippett jusqu’à ce qu’il réalise qu’il n’avait pas d’autre choix que de nager dans le sens du courant. Il met alors au point le Dinosaur input device, un programme qui permettait à un ordinateur de contrôler les mouvements des créatures de Jurassic Park (plus communément appelé motion control) avant de recourir uniquement à des images de synthèse pour les insectes géants de Starship Troopers. Il n’a pas, pour autant, abandonné les procédés plus artisanaux en renouant, pour Mad God, avec la stop motion, un langage probablement condamné à disparaître.

Phil Tippett : des rêves et des monstres contient de longs entretiens avec Phil Tippett, un « homme de peu de mots » que les réalisateurs ont su mettre en confiance pour qu’il leur livre des confidences sur son enfance et ses vues sur l’animation. Ils ont aussi recueilli les propos des plus célèbres spécialistes des effets spéciaux qui ont oeuvré à ses côtés, de Jules Roman, son épouse et présidente de Tippett Studio, et de deux des réalisateurs avec lesquels il a travaillé : Joe Dante pour les poissons voraces de Piranhas (Piranha, 1978) et Paul Verhoeven pour l’ED-209 de RoboCop et les insectes guerriers de Starship Troopers.

S’ajoutent aux entretiens et à l’exploration des réserves de Tippet Studio, pour compléter le portrait de l’homme et de son oeuvre, des archives filmées avec, en contrepoint, l’accompagnement musical composé par Alexandre Poncet.

Phil Tippett : des rêves et des monstres

Présentation - 3,5 / 5

Phil Tippett : des rêves et des monstres (80 minutes) et ses suppléments (121 minutes, sans compter le commentaire audio) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier de 11 mm, glissé dans un fourreau.

L’élégant menu, une réduction de l’affiche créée par Paul Wee dans le style des dessins de Léonard de Vinci, avec des créatures de Phil Tippett, propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.

Est également disponible, une version dite « piste musicale isolée », entièrement muette, avec le seul accompagnement musical au format Dolby Digital 2.0 stéréo, pour de surréalistes entretiens uniquement déchiffrables par celles et ceux capables de lire sur les lèvres.

Une troisième version audio est disponible avec le commentaire de Gilles Penso et Alexandre Poncet, en français, au format Dobby Digital 2.0 stéréo.

Bonus - 4,5 / 5

Commentaire audio des réalisateurs Giolles Penso et Alexandre Poncet. Après avoir rappelé les options de départ, faire court et sans explications trop techniques pour toucher un large public, les réalisateurs justifient le choix des archives, le montage, la musique d’accompagnement, livrent des anecdotes de tournage et nous révèlent les secrets de fabrication et d’animation des créatures fantastiques qui peuplent l’antre de Phil Tippett et « son cerveau ». Gilles Penso et Alexandre Poncet ont saisi l’occasion de cet utile commentaire pour nous annoncer qu’ils préparaient un film sur l’art de l’animation.

Meeting the monsters: les coulisses du documentaire (100’, Frenetic Arts, 2020). Les deux réalisateurs disent avoir voulu réaliser un journal de bord, sur toute la durée d’élaboration du documentaire, année par année. Il s’ouvre en février 2015, dans l’atelier de Phil Tippett à Berkeley, pendant l’animation des créatures de Star Wars: Episode VII - Le réveil de la Force, en compagnie de Dennis Muren, de Jon Berg et d’autres. En avril 2016, l’équipe est concentrée sur un nouvel épisode de la saga stellaire, Star Wars: Episode VIII - Les derniers Jedi. Phil Tippett évoque l’éprouvant tournage de Starship Troopers… La Haye, novembre 2017 : rencontre avec Paul Verhoeven. Orly, janvier 2018 : Phil Tippett visite le musée Georges Méliès. Octobre 2018 : création l’affiche par Paul Wee à Paris. Puis, en 2019 vient le temps du montage, du mixage et de l’étalonnage. En septembre 2019 débute la tournée des festivals à Strasbourg, Austin, et, en présence de Phil Tippett, à Trieste.

Dans le capharnaüm du Tippett Studio, sans commentaires, Gilles Perso et Alexandre Poncet, qu’on voit tourner avec deux réflex Nikon, nous immergent dans l’univers de Phil Tippett et de ses collègues et amis. Cet intéressant documentaire, consacré pour la moitié de sa durée au tournage et à la postproduction du film, contient des séquences qui complètent utilement la découverte de Phil Tippett et de son univers.

Scènes coupées ou alternatives (12’, Frenetic Arts, 2020). Ces huit scènes peuvent être vues avec les commentaires d’Alexandre Poncet : l’une a été écartée parce qu’elle était dans le montage final du précédent documentaire, Le Complexe de Frankenstein, d’autres pour leur nature trop anecdotique.

Galerie de photos (9’).

Bande-annonce.

Phil Tippett : des rêves et des monstres

Image - 4,5 / 5

L’image numérique (1.78:1, 1080p, AVC), saisie par une caméra toujours bien contrôlée, agréablement contrastée, soigneusement étalonnée est d’une précision révélant tous les détails de l’impressionnant bric-à-brac du Tippet Studio. Les inserts d’archives filmées sont d’une qualité technique variable, mais, dans l’ensemble, assez propres.

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 assure la clarté les dialogues. Une généreuse ouverture de la bande passante et une bonne dynamique donnent de l’ampleur à l’accompagnement musical, restitué avec finesse. C’est à lui seul que profitent les voies latérales, les intervenants se succédant l’un après l’autre devant la caméra.

Crédits images : © 2019 FRENETIC ARTS. Tous droits réservés.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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lamko
Le 17 octobre 2021
Un travail splendide et énorme avec deux concepteurs passionnés qui savent transmettre ce qu'ils partagent en commun avec les artistes qu'ils interrogent : leur regard d'enfants. Et les suppléments sont au moins aussi passionnants que le documentaire lui-même. Un sans-faute.
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Philippe Gautreau
Le 25 juin 2020
Gilles Penso et Alexandre Poncet vous invitent à découvrir l’insolite univers de Phil Tippet, créateur inspiré de monstres au cinéma, digne héritier de Willis O’Brien et Ray Harryhausen.

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Phil Tippett : Des Rêves et des Monstres
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