Réalisé par Gavin Hood
Avec
Keira Knightley, Matthew Goode et Matt Smith
Édité par Wild Side Video
Le 25 février 2004, Katharine Teresa Gun, employée du GCHQ (Government Communications Headquarters, l’agence de surveillance du Royaume Uni), est accusée de violation de la loi de 1969 sur les secrets d’état (Official Secrets Act) pour avoir, un an plus tôt, divulgué à la presse un message de la NSA demandant au gouvernement du Royaume Uni de surveiller étroitement certains membres non permanents du conseil de sécurité de l’ONU : la découverte d’informations compromettantes permettrait de les obliger à voter l’intervention armée souhaitée par les USA et le Royaume Uni contre l’Irak, soupçonné de détenir des armes chimiques, biologiques et nucléaires de destruction massive.
Official Secrets, sorti au début de l’automne 2019, mais pas distribué dans nos salles, une adaptation du livre The Spy Who Tried to Stop a War: Katharine Gun and the Secret Plot to Sanction the Iraq Invasion, publié en 2008 par Marcia et Thomas Mitchell, est le huitième long métrage du cinéaste sud-africain Gavin Hood. Entré dans l’univers du cinéma comme acteur, son talent de réalisateur fut révélé en 2005 par Mon nom est Tsotsi (Tsotsi), salué par l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2006. Après deux incursions peu convaincantes dans la science-fiction, X-Men Origins : Wolverine en 2009 et La Stratégie Ender (Ender’s Game) en 2013, il attira à nouveau l’attention en 2015 avec Eye in the Sky.
Official Secrets, avec une réalisation soigneuse mais aussi très conventionnelle, s’appuie sur un scénario suffisamment bien construit pour soutenir la tension dramatique et bénéficie d’une solide distribution, en tête de laquelle Keira Knightley apparaît à l’aise dans son interprétation de Katharine Gun, en dépit de dialogues un peu trop écrits. Elle est accompagnée de Ralph Fiennes, Matt Smith, Matthew Goode et Rhys Ifans.
Revealed: US dirty tricks to win vote on Iraq war!
Le 2 mars, 2003, ce titre en gros caractères à la une du quotidien The Observer, « Révélation de manigances des USA pour le vote de la guerre en Irak », souleva un vent de contestation en Grande Bretagne. Ce mensonge d’État s’ajoutera au scandale du Cash for Honours qui força Tony Blair à démissionner en 2007, au cours de son troisième mandat au 10 Downing Street, et contribuera à la ruine probablement définitive de ses ambitions politiques.
Official Secrets tire son meilleur atout d’une relation précise des événements lui donnant un aspect documentaire renforcé par l’insertion d’archives filmées montrant, bien qu’ils soient fondés sur des mensonges, les vibrants appels à la guerre de George W. Bush, de son secrétaire d’État (l’équivalent de notre ministre des affaires étrangères) Colin Powell et de Tony Blair.
Le scénario et les dialogues exposent crûment la précarité de la situation de Katharine Gun, pratiquement livrée pieds et poings liés à l’institution judiciaire, la loi de 1969 lui interdisant de révéler à qui que ce soit, y compris à l’avocat assurant sa défense, la moindre information sur son activité au sein du GCHQ ou sur le contenu du document divulgué, sauf à s’exposer à de nouveaux chefs d’accusation et risquer une peine de prison plus longue. Une situation qui entretient le suspense tout au long du film jusqu’à ce que, pour éviter de donner plus de publicité à l’affaire, la couronne abandonne définitivement les poursuites, prétextant, en dépit des aveux de l’accusée… qu’elle ne détenait aucune preuve de l’infraction !
Official Secrets (112 minutes) et son suppléments (16 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50, logé dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur check disc.
Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres imposés, mais idéalement placés à cheval sur la bande noire, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.
Sous-titres pour malentendants.
À propos du film (document exclusif Samsaraprod, 2020, 16’). Gavin Hood, le réalisateur, admiratif du courage de Katharine Gun, a souhaité raconter son extraordinaire histoire qui avait été éclipsée par l’entrée au Royaume Uni dans la guerre en Irak. Il a tenu à soumettre régulièrement le scénario au contrôle de Katharine Gun qui put se rendre compte que Keira Knightley s’était soigneusement documentée sur son cas. Martin Bright, un des deux journalistes qui a publié l’information, atteste que le film relate fidèlement les faits.
Bande-annonce.
L’image (2.39:1, 1080p, AVC), lumineuse, propose une palette de couleurs discrètement saturées, étalonnées avec soin, et des contrastes fermes avec des noirs denses, assurant un agréable confort visuel des gros plans et des plans larges, des intérieurs comme des extérieurs.
Le son DTS-HD Master Audio5.1 de la version originale garantit une parfaite intelligibilité des dialogues, dans un bon équilibre avec un accompagnement musical qui sait rester assez discret, bien qu’il laisse trop peu de répit, et avec une ambiance spatialisée de manière cohérente.
Ces observations valent aussi pour le doublage en français plutôt réussi, au même format.
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