Vij ou le diable (1967) : le test complet du Blu-ray

Viy

Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre

Réalisé par Konstantin Ershov
Avec Leonid Kuravlyov, Natalya Varley et Aleksey Glazyrin

Édité par Artus Films

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Le 09/09/2020
Critique

Cette adaptation pour l’écran d’un conte fantastique de Gogol, encore inédite en France, nous arrive dans un précieux mediabook édité par Artus Films.

Vij ou le Diable

Khoma quitte le monastère pour rejoindre sa famille pendant les vacances d’été, en compagnie de deux autres séminaristes. Égarés dans la nuit, ils demandent refuge à une vieille fermière, en réalité une sorcière. Après avoir vainement tenté de séduire Khoma, elle monte sur ses épaules et l’emmène dans les airs. Une fois posé à terre, Khoma la roue de coups et l’abandonne, effrayé, quand elle se transforme en une jolie jeune femme. Le recteur du monastère, sollicité par le père de la jeune femme, oblige Khoma d’aller prier pendant trois nuits auprès du corps de la défunte, pour répondre au souhait qu’elle a exprimé avant de mourir…

Vij ou le diable(Viy), sorti en 1967, est l’adaptation faite par Konstantin Ershov et Georgiy Kropachyov d’un des volets de Mirgorod (le nom d’une ville d’Ukraine), un recueil de quatre des premières oeuvres de Nikolay Gogol, publié en 1835, dans lequel on trouve la première version de Tarass Boulba. Vij ou Viy, créature monstrueuse, « le gnome aux paupières lourdes », mauvais génie du vent et de la mort, est une figure du folklore ukrainien.

Vij ou le diable fut le premier film réalisé par Konstantin Ershov et Georgiy Kropachyov, choisis, au terme de leurs études de cinéma à Moscou, par Ivan Pyriev, alors directeur de Mosfilm. Il désigna comme coscénariste, directeur artistique et responsable des effets visuels Aleksandr Ptushko, le talentueux réalisateur de Le Tour du monde de Sadko (Sadko, 1953), Lion d’argent à Venise, et de Le Conte du tsar Saltan (Skazka o tsare Saltane, 1967), l’adaptation d’un conte de fées en vers d’Alexandre Pouchkine.

Khoma, un personnage rustre, ribaud et poltron, bien qu’il revendique le titre de philosophe, est interprété par Leonid Kuravlyovc célèbre en Russie avec près de 200 rôles depuis Aujourd’hui nous ne quitterons pas nos postes (Segodnya uvolneniya ne bude), le premier long métrage d’Andreï Tarkovski, sorti en 1959. On a pu le voir, en France, dans Le Début (Nachalo, Gleb Panfilov, 1970), mélodrame et mise en abyme du cinéma. Dans le rôle de Pannochka, la jolie sorcière, Natalya Varley, une équilibriste au début d’une belle carrière d’actrice. Il faut ajouter à la distribution les monstres imaginés par Aleksandr Ptushko, des gnomes contrefaits, bleuâtres, certains avec deux paires d’yeux.

D’autres adaptations du conte ont été faites, énumérées dans les suppléments, la plus proche visuellement de l’original étant La Légende de Viy (Viy), réalisé par Oleg Stepchenko en 2014, avec l’acteur anglais Jason Flemyng en tête d’affiche pour favoriser la distribution internationale du film.

Vij ou le Diable

Présentation - 5,0 / 5

Vij ou le diable (76 minutes) et ses suppléments (26 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 et sur un DVD-9 logés dans un mediabook.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale en russe, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio LPCM 2.0 mono.

C’est le deuxième volume de la collection Chefs-d’oeuvre russes, inaugurée par l’édition en janvier 2020 du film Le Conte du tsar Saltan.

Le livret de 64 pages, intitulé Gogol et la montée du cinéma fantastique, a été rédigé par l’écrivain et essayiste Nicolas Bonnal, connaisseur de la culture russe et auteur de plusieurs ouvrages sur le cinéma, dont Le Paganisme au cinéma (éd. Dualpha, août 2015) et du livret accompagnant Le Conte du tsar Saltan. Il commence par opposer le cinéma d’horreur « mondialiste » et ses effets spéciaux « numériques au coût toujours plus exorbitant » au « meilleur », La Maison du diable (The Haunting, Robert Wise, 1963). « Le triomphe du mal (…) à l’époque de Paradjanov et d’Andrei Roublev (…) où la Russie sent mystérieusement le besoin de renouer avec ses racines chrétiennes » sert d’introduction au sujet. Suit, Freud et cette inquiétante étrangeté qui met en parallèle certaines citations de Freud avec Viy et Shining de Stanley Kubrick. Nicolas Bonnal fait d’intéressants rapprochements entre la nouvelle de Gogol et deux contes de Maupassant, L’Auberge et Le Horla et un poème de Victor Hugo, Les Djinns. Dans Retour au culte des horreurs modernes, il évoque le cinéma d’horreur contemporain, avec « la fin du bien et le triomphe des indifférents (…) la montée de la culture satanique ». Cette analyse fouillée du genre dans la littérature et le cinéma se poursuit avec d’autres chapitres, Horreur et antisémitisme, Symbolique animale, Érotisme et cinéma fantastique, La peur et la folie

Vij ou le Diable

Bonus - 3,0 / 5

De l’écrit aux écrans (18’, 2020, Artus Films). Stéphane Derderian, producteur et distributeur à Liliom Audiovisuel, se lance dans un long et artificiel rapprochement de la nouvelle de Gogol avec deux autres romans russes, Crime et châtiment de Fiodor Dostoïevski et Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov, puis de Vij avec Solaris d’Andreï Tarkovski et Le Masque du démon de Mario Bava. Christian Lucas, animateur à Ciné Radio Forever, rappelle que, trop accaparé par la production de Les Frères Karazamov, Ivan Pyriev confia la réalisation du film à deux étudiants. La tournure érotique qu’ils avaient imaginée lui déplut et il chargea Aleksandr Ptushko d’assurer le respect de la nature folklorique du conte. Il sera l’objet de plusieurs autres adaptations : par Leonid Zarubin en 1996 avec Viy, un court métrage d’animation, par Oleg Fesenko en 2006 avec Vedma, par Oleg Stepchenko avec La Légende de Viy en 2014 et The Mystery of the Dragon Seal (Viy 2) en 2019, et par Egor Baranov avec une trilogie dans laquelle Gogol est devenu un émule de Sherlock Holmes : Les Chroniques de Viy : Les origines du mal (Gogol. Nachalo, 2017), Les Chroniques de Viy : Le chasseur de démons (Gogol. Viy, 2018) et Les Chroniques de Viy : Le Cavalier Noir (Gogol. Strashnaya mest, 2018).

Générique français (2’).

Bande-annonce (2’).

Diaporama de quatre affiches et 15 photos du film (2’).

Bande-annonce du film Le Conte du tsar Saltan.

Vij ou le Diable

Image - 4,0 / 5

L’image (1.37:1, 1080p, AVC), soigneusement restaurée, est très propre, avec des couleurs ravivées, des noirs denses assurant généralement une agréable lisibilité des plans dans toutes les conditions d’éclairage. Certains plans en pleine lumière manquent toutefois légèrement de contraste et les noirs se bouchent occasionnellement dans les scènes nocturnes.

Son - 5,0 / 5

Le son non compressé LPCM 2.0 mono de la version originale restitue clairement les dialogues. Une forte dynamique et une large ouverture du spectre mettent en valeur la composition originale de Karen Khachaturyan, neveu du compositeur Aram Khachaturyan, l’auteur de la fameuse Danse du sabre, dont on perçoit aisément l’influence. L’orchestre symphonique et les choeurs sont dirigés par Emin Khachaturyan, un autre neveu d’Aram.

Les dialogues plus en avant dans le doublage en français qui rebaptise Khoma avec le prénom, sans doute plus catholique, de Thomas.

Crédits images : © Artus Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 10 septembre 2020
L’adaptation d’un conte de Gogol, inspiré du folklore ukrainien, par deux jeunes cinéastes russes, sous la supervision d’Aleksandr Ptushko. Encore inédit en France, ce film nous arrive dans une luxueuse édition, le deuxième volume de la collection Chefs-d’oeuvre russes, lancée par Artus Films en janvier 2020.

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