La Mort prend des vacances (1934) : le test complet du Blu-ray

Death Takes a Holiday

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Mitchell Leisen
Avec Fredric March, Evelyn Venable et Guy Standing

Édité par Elephant Films

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Le 24/09/2020
Critique

Encore inédit en vidéo, magnifiquement photographié, ce film devrait répondre aux attentes des amateurs de fantastique sensibles à la poésie.

La Mort prend des vacances

La Mort a décidé de s’accorder trois jours de vacances pour se faire une idée de la condition des vivants et pour comprendre pourquoi elle les effraie tant. Elle s’invite chez le duc Lambert qui la fait passer pour une de ses relations, le prince Sirki, qui va se mêler aux nombreux hôtes réunis à l’occasion du carnaval. La Mort a le coup de foudre pour Grazia, la fille du duc, la première à avoir senti sa froide présence avant qu’elle n’apparaisse sous une forme humaine…

La Mort prend des vacances (Death Takes a Holiday, 1934), sorti dans nos salles sous le titre Trois jours chez les vivants, est l’adaptation fidèle, par les scénaristes Maxwell Anderson et Gladys Lehman, de La Morte in vacanza, une pièce écrite par Alberto Casella en 1928, aujourd’hui oubliée, mais qui fut un des grands succès de Broadway en 1929.

Troisième film réalisé par Mitchell Leisen, La Mort prend des vacances fut sélectionné à Venise et salué par une Recommandation du jury, l’année où la Coupe Mussolini du meilleur film étranger alla au documentaire-fiction L’Homme d’Aran (Man of Aran) de Robert J. Flaherty, toujours disponible dans le Coffret Robert Flaherty sorti en 2006 par les Éditions Montparnasse.

La Mort prend des vacances est censé se passer en Italie, dans la luxueuse villa Felicità du duc Lambert. Tous les personnages parlent anglais (avec le faible accent américain coutumier des dix ou vingt premières années du parlant), sauf Fredric March qui emprunte, pour le prince Sirki, un accent exotique, peut-être venu de l’Europe de l’Est.

La Mort prend des vacances, en dépit de la noirceur de son thème, dispense des notes comiques : pendant que la Mort prend des vacances, des personnes échappent miraculeusement à une fin fatale, comme cet homme qui sort indemne d’une chute de la Tour Eiffel ! Le comique est parfois souligné à traits appuyés par un accompagnement musical trop descriptif (mickey-mousy) quand le prince Sirki gravit l’escalier monumental de la villa, à 22’50”.

La Mort prend des vacances

Dans le rôle de la Mort, Fredric March s’impose, tour à tour séduisant et menaçant. Oscarisé trois ans plus tôt pour sa double interprétation du Docteur Jekyll et Mr. Hyde de Rouben Mamoulian (il recevra un deuxième Oscar en 1946, pour Les Plus belles années de notre vie / The Best Years of Our Lives, de William Wyler, toujours dans l’attente d’une réédition), il a inscrit son nom en tête des affiches de pas moins de six films dans la seule année 1934 ! Lui donne la réplique une actrice aux charmes de laquelle on ne résistera pas plus que la Mort, Evelyn Venable, tout au début de sa carrière.

La Mort prend des vacances associe à la finesse et la poésie de ses dialogues, une reprise fidèle de la traduction faite de la pièce originale par Walter Ferris, la maîtrise de la photographie de Charles Lang, un des grands chefs-opérateurs de l’Âge d’or de Hollywood (oscarisé pour L’Adieu aux armes / Farewell to Arms, Frank Borzage, 1932, seize fois nommé aux Oscars). On remarque aussi la beauté des décors et costumes, témoignant de la longue expérience de directeur artistique de Mitchell Leisen, avant qu’il ne se lance dans la réalisation.

Le remake réalisé par Martin Brest en 1998, Rencontre avec Joe Black (Meet Joe Black), en dépit de sa riche distribution et d’un étirement sur près de trois heures, ne parvient jamais à effleurer la délicatesse de la première adaptation.

La Mort prend des vacances, jusque-là introuvable en France, méritait amplement cette édition qui vient enrichir l’impressionnante collection lancée par Elephant Films en décembre 2012, Cinéma MasterClass : La collection des Maîtres. En puisant dans le catalogue Universal, elle aligne aujourd’hui près de 250 classiques du cinéma.

La Mort prend des vacances

Présentation - 3,0 / 5

La Mort prend des vacances (80 minutes, et non 70, comme indiqué sur la jaquette) et son supplément (26 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-25 logé, dans cette édition combo, en compagnie d’un DVD-9, dans un boîtier de 14 mm, glissé dans un fourreau, avec une jaquette réversible reproduisant l’affiche originale du film.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 1.0. Curieusement, les sous-titres sont disposés une ligne plus haut, en alternance, au lieu d’être toujours contenus au bas sur l’image.

Une édition DVD single est sortie simultanément, avec le même contenu.

Bonus - 3,5 / 5

Le film par Mathieu Macheret (26’), critique du quotidien Le Monde. Un peu oublié aujourd’hui, après des études d’architecture et une expérience de directeur artistique, notamment auprès de Cecil B. DeMille, Mitchell Leisen était devenu un des réalisateurs en vogue du Hollywood des années 40-50. La Mort prend des vacances, avec un ton théâtral commun à beaucoup des premiers films parlants, explore un thème « fantasmagorique », alors original, derrière lequel se cache une comédie sociale, dans un mélange des genres assez unique, témoignant d’une liberté qu’allait bientôt encadrer le code Hays. La photographie suggère l’existence d’un autre monde, notamment avec le reflet sur l’eau d’un bassin de la rencontre de la Mort et de Grazia. Une analyse assez intéressante, mais avec quelques redites et beaucoup trop de « voilà » et de « comme ça ».

Galerie de photos : 11 photos du film ou lobby cards et une reproduction de l’affiche.

Bandes-annonces de titres de Cinéma MasterClass : La collection des Maîtres : Le Corbeau (The Raven, Lew Landers, 1935), Double assassinat dans la rue Morgue (Murders in the Rue Morgue, Robert Florey, 1932), Night Monster (Ford Beebe, 1982), L’Homme aux mille visages (Man of a Thousand Faces, Josephe Pevney, 1957), L’Île du docteur Moreau (Island of Lost Souls, Erle C. Kenton, 1932), Le Chat noir (The Black Cat, Edgar G. Ulmer, 1934) et Le Château de la terreur (The Strange Door, Jospeh Pevney, 1951).

La Mort prend des vacances

Image - 4,5 / 5

L’image (1.33:1, 1080p, AVC), assez stable, lumineuse, fermement contrastée, avec des noirs denses mettant en valeur le soin accordé aux éclairages, est très belle, au point qu’on oublie vite les quelques petites taches et fines lignes blanches qui ont échappé à une restauration respectueuse du grain argentique.

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master audio 1.0, non content de remplir sa mission essentielle, assurer une parfaite compréhension des beaux dialogues, donne, grâce à une bonne dynamique et une assez large ouverture de la bande sonore, une réelle présence à l’ambiance et restitue finement l’illustration musicale. Un très léger souffle se fait vite oublier.

Crédits images : © Droits réservés

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 26 septembre 2020
Une magnifique photographie et des dialogues empreints de poésie sont les grands atouts de ce conte fantastique, enfin disponible en vidéo dans l’impressionnante collection Cinéma MasterClass éditée par Elephant Films.

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La Mort prend des vacances
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