Une vie cachée (2019) : le test complet du Blu-ray

A Hidden Life

FNAC Édition Spéciale

Réalisé par Terrence Malick
Avec August Diehl, Valerie Pachner et Maria Simon

Édité par UGC

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Le 22/07/2020
Critique

Tout le talent de Terrence Malick pour sortir de l’oubli Franz Jägerstätter, ce petit paysan autrichien qui défia le nazisme.

Une vie cachée

Appelé en mars 1943 à rejoindre les rangs de l’armée allemande, Franz Jägerstätter, un paysan du village catholique de St. Radegund, en Autriche, père de trois enfants, bien qu’il sache que ça ne changera pas le cours de l’histoire et l’expose à la mort, refuse de prêter serment de loyauté à Hitler. Sa béatification, en 2007, le sortira d’un total oubli.

Une vie cachée (A Hidden Life), filmé en 2016 et sorti en 2019, le dixième long métrage de Terrence Malick, succède à la rupture provoquée dans son oeuvre par trois films expérimentaux, ne racontant pas d’histoire et laissant une large liberté d’improvisation aux acteurs, The Tree of Life (L’arbre de vie) (2011), A la merveille (To the Wonder, 2012) et Knight of Cups (2015). Ce choix qu’avait fait le réalisateur de donner à la forme la préséance sur le fond avait partagé la critique et dérouté une partie de son public.

Une vie cachée

La conscience fait-elle de nous des lâches ?

Une vie cachée, sur un scénario de Terrence Malick inspiré par les lettres échangées par Franz et Fani Jägerstätter, dont de nombreux passages sont cités en voice over, conjugue l’esthétique des derniers films et la force narrative des premiers, La Balade sauvage (Badlands, 1973), Les Moissons du ciel (Days of Heaven, 1978) et La Ligne Rouge (The Thin Red Line, 1998).

Avec beaucoup de naturel, August Diehl, dans le rôle de Franz, et Valerie Pachner, dans celui de Fani, son épouse, forment un couple très touchant. La distribution permet aussi de revoir avec émotion, dans une scène courte, mais importante, Bruno Ganz dans son dernier rôle.

Mieux vaut souffrir de l’injustice que la commettre

Une vie cachée

Outre l’intérêt du sujet, la résistance désespérée d’un pauvre paysan, seul contre tous, refusant catégoriquement de soutenir le mal, fût-ce en faisant semblant (on lui avait proposé de servir dans un hôpital, mais à condition qu’il prête serment), Une vie cachée fascine par la beauté de ses plans, par l’intelligence du montage, une phase de la création à laquelle Terrence Malick a attaché une importance considérable au cours d’une postproduction étalée sur près de trois ans.

Une vie cachée envoute par la beauté de la photographie de Jörg Widner, opérateur steadycam réputé que Terrence Malick emploie depuis Le Nouveau monde (The New World, 2005) et par la fluidité de l’écriture filmique, facilitée par l’utilisation systématique de focales courtes. En élargissant le cadre et en augmentant la profondeur de champ, elles donnent aux acteurs une grande liberté d’évolution devant la caméra… au prix d’étranges déformations dans quelques plans rapprochés.

Une vie cachée est un film à ne pas manquer. Et à revoir : il révélera, à chaque nouveau visionnage, d’autres marques de la subtilité de sa réalisation.

Une vie cachée

Présentation - 4,0 / 5

Une vie cachée (174 minutes) et son supplément (40 minutes) tiennent sur deux Blu-ray (BD-50 et BD-25) logés dans un boîtier bleu standard.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres imposés, mais idéalement placés à cheval sur la bande noire (les dialogues en allemand, proférés par les nazis ou leurs suppôts, ne sont pas sous-titrés), et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.

Piste d’audiodescription DTS-HD MA 2.0 et sous-titres pour malentendants.

UGC a simultanément sorti deux éditions simples, une sur Blu-ray, l’autre sur DVD.

L’édition Spéciale FNAC s’impose : à un prix un peu plus léger, elle propose une passionnante (et passionnée) analyse du film par Philippe Rouyer.

Bonus - 5,0 / 5

Analyse du film par Philippe Rouyer (40’). Une vie cachée est une synthèse du cinéma de Terrence Malick, des drames humains des premiers films, ancrés dans une réalité historique, avec une « vision panthéiste de la nature », et de la trilogie composée par The Tree of Life, À la merveille et Knight of Cups. Il revient, avec Une vie cachée, à un récit linéaire, chronologique, avec des textes simples. L’utilisation de grands angulaires donne une rare liberté aux acteurs, préalablement soumis à une sérieuse préparation : ils ont appris à faucher, à traire les vaches… Les prises très longues, parfois jusqu’à 42 minutes, sont découpées et assemblées par un patient montage qui, pour ce film, a duré trois ans. Philippe Rouyer souligne l’originalité formelle de l’oeuvre en analysant le cadrage, les mouvements de caméra, les brusques ruptures de plans-séquence, l’éclairage… de plusieurs scènes, dont celle des retrouvailles de Fani et de Franz et celle des adieux sur un quai de gare quand il est rappelé vers une mort certaine, symbolisée par le cours inexorable de la rivière. Le style d’écriture change, avec une caméra moins mobile, quand la vie reprend, sans Franz. Sorte de passion du Christ (sujet de son prochain film, The Last Planet), Une vie cachée est « une cathédrale esthétique et émotionnelle ».

Une analyse inspirée, bien préparée, un précieux complément au film pour en découvrir toute l’originale beauté.

Une vie cachée

Image - 5,0 / 5

L’image numérique (2.35:1, 1080p, AVC) associant une agréable texture à une remarquable définition, sur toute la profondeur de champ dans les plans larges, affiche des couleurs naturelles, soigneusement étalonnées et de fermes contrastes mettant en valeur de beaux contre-jours.

Son - 5,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 de la version originale assure la netteté de tous les dialogues, donne de l’ampleur à la belle composition originale de James Newton Howard et restitue avec finesse les bruits de la nature dans laquelle une répartition optimale sur les cinq canaux immerge le spectateur.

Ces observations valent pour le doublage en français, acceptable.

Crédits images : © Iris Productions Inc.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 22 juillet 2020
Outre l’intérêt de son scénario, inspiré de faits réels, Une vie cachée fascine par la beauté de ses plans, par l’intelligence de son montage. Un chef-d’œuvre qui révélera, à chaque nouveau visionnage, d’autres aspects de la subtilité de sa réalisation.

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Une vie cachée
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